Un territoire, imaginaire ou réel, à capturer ?
Même si je ne souhaite pas la « capturer », c’est la Martinique que je souhaite documenter, archiver, questionner. J’ai déjà commencé cela il y a plus d’un an, et je suis de retour pour avoir le temps de poser mes questions… et d’écouter pleinement les réponses.
Une thématique que vous aimez particulièrement aborder et voir abordée ?
J’aime montrer et voir ce qui est mis de côté, les choses cachées, ce qu’il y a derrière les portes. Des histoires en marge. Par exemple le travail de Marvin Bonheur qui va à la rencontre de ceux qui, comme lui, ont grandi en ville. Ou encore celui de Cédrine Scheidig, allée photographier les jeunes motards de Fort-de-France (capitale de la Martinique, ndlr). Mon travail sur la série Connexionsc’était aussi cela : collecter des histoires de la communauté queer de Martinique pour constituer une archive de son imaginaire.
Un événement photographique que vous n’oublierez jamais ?
J’en ai vécu plusieurs au cours de la dernière année. Ma série Connexions m’enerve; photographier celui que j’aime et en faire mes plus belles images pour les perdre à jamais quelques jours plus tard ; le conteur sur la statue antique qui est serrée dans ses bras par un passant (série Vie et mort, « Monument au conteur (Alin Légarès) », ndlr) ; l’artiste qui a fait preuve d’une gentillesse soulageante lorsque je doutais de mes capacités… J’ai hâte d’accumuler davantage de ces moments !
Une œuvre d’art qui vous inspire particulièrement ?
Je ne parviens jamais à me limiter à une seule inspiration, généralement parce que j’ai tendance à oublier les noms ou les références lorsqu’on me le demande. Cependant, la plupart vivent dans mon imagination et réapparaissent lorsque j’en ai besoin. Récemment, c’est la rétrospective de Sophie Calle au musée Picasso qui m’a inspiré. Faire de l’intime une histoire directe, mais aussi cette manière particulière d’associer les mots, les pensées, les plaisanteries, de rechercher le point de vue des autres, d’obliger le spectateur à lire et à se mettre à la place de l’autre…
#Français
