“Il recule d’un à trois mètres par an.” La Nouvelle-Aquitaine est la région la plus touchée par l’érosion côtière

“Il recule d’un à trois mètres par an.” La Nouvelle-Aquitaine est la région la plus touchée par l’érosion côtière
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Une conférence sur l’érosion côtière et la submersion marine s’est déroulée à Lacanau en Gironde ce mercredi 27 mars. Comment préparer les côtes de Nouvelle-Aquitaine à s’adapter au changement climatique ? Elus et experts ont travaillé sur ce phénomène qui aura des conséquences environnementales et financières très importantes dans les années à venir.

Chaque année, l’océan avance sur terre. Et chaque nouvelle tempête aggrave un peu le phénomène. Le constat est alarmant et incontournable. Certaines communes, comme Lacanau dans le Médoc, sont parmi les plus touchées. Plusieurs projets sont en cours pour limiter le retrait du littoral.

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Plusieurs chantiers sont en cours à Lacanau en Gironde pour lutter contre l’érosion côtière, le 27 mars 2024.

© France 3 Aquitaine

« Alors oui, il y a le bruit des tractopelles, ce n’est pas agréable, mais c’est important de protéger cet endroit. Je suis à la retraite, mais je pense aux vacanciers en congés payés qui viennent ici l’été en vacances »réagit un résident des travaux de consolidation, qui habite un immeuble proche de la mer.

La ville de Lacanau travaille depuis une dizaine d’années sur le phénomène d’érosion et d’importants travaux sont en cours sur plusieurs types de chantiers.« Il va falloir déplacer le poste de secours, les parkings du bord de mer et la Maison de la glisse. Et en parallèle, nous aménageons le centre-ville pour de nouvelles mobilités et des espaces « renaturés » en désimperméabilisant les sols, pour rendre à la nature ce qu’elle n’aurait jamais dû laisser », explique le maire Laurent Peyrondet.

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Enrochement pour renforcer le cordon dunaire sur une partie de la plage de Lacanau (33).

© France 3 Aquitaine

Pour Henri Sabarot, président du GIP (Groupement d’Intérêt Public Littoral), “le combat n’est pas vain”. « Une partie du front de mer de Lacanau sera « renaturée », et plus au nord, elle sera défendue. Ce combat doit être mené », insiste-t-il.

Nous savons que la mer va monter et que le littoral va encore reculer, il est important de protéger ce qui se trouve derrière.

Henri Sabarot

Président du GIP

De Bidard au Pays Basque, aux marais charentais, de l’île d’Oléron à Lacanau, les 900 km de littoral de Nouvelle-Aquitaine sont couverts par ces stratégies de lutte contre l’érosion.

« Il faut définir un stratégie régionale pour que cela ne se produise pas ». Le président de la région Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset a un ton sérieux lorsqu’il s’adresse à l’assemblée réunie ce mercredi à Lacanau. “La montée du niveau de la mer et les tempêtes vont, quoi qu’il arrive, amplifier l’érosion côtière, l’intrusion saline et le niveau de submersion et d’inondation, notamment en cas d’événements extrêmes comme la tempête Xynthia”, a-t-il déclaré. Lors de la tempête Xynthia, en février 2020, le recul était de quinze mètres.

Le front de mer de Lacanau risque d’être sous les eaux dans 30 ans. L’érosion côtière en cours pourrait affecter 7 000 bâtiments en Nouvelle-Aquitaine.

Alain Rousset,

président de la Région Nouvelle-Aquitaine

Ces phénomènes menaceront particulièrement l’activité touristique côtière, secteur majeur de l’activité économique, avec 49 000 emplois directs.

>A Bidart, dans les Pyrénées-Atlantiques, l'érosion marine menace la corniche.
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A Bidart, dans les Pyrénées-Atlantiques, l’érosion marine menace la corniche.

© France 3 Nouvelle-Aquitaine




durée de la vidéo : 00h02mn48s

Henri Sabarot, président du Groupement d’intérêt public (GIP) Littoral est interrogé par la journaliste Marie-Pierre d’Abrigeon sur les conséquences de l’érosion du littoral aquitain, qui recule d’un à trois mètres par an. Cette baisse a atteint une quinzaine de mètres lors de la tempête Xynthia en 2010. Quelles sont les stratégies et les moyens pour lutter contre ce phénomène inéluctable ? Réponses dans cet entretien enregistré à Lacanau en Gironde le 27 mars 2024. Images Vincent Piffeteau


©France 3 Aquitaine

« Près de 60 millions d’euros ont été alloués par la région à ce budget, dont treize millions de crédits européens, précise Alain Rousset. Cela fait dix ans qu’une prise de conscience collective s’est développée dans la région.

« La Chambre régionale des comptes de Nouvelle-Aquitaine a quantifié le coût total de l’inaction face au déclin du littoral. : entre 8 et 17 milliards d’euros d’ici 2050. Anticipons donc !” il continue. En clair, l’État doit mettre la main à la poche. Trouver des financements pour accélérer la réalisation des projets

Les habitations privées sont menacées, mais aussi de nombreux campings, qui font complet chaque été dans la région. « Aujourd’hui, tous les Français bénéficient de ce littoral, que ce soit pour leurs loisirs et leurs vacances, ou à travers les produits de la pêche, de l’ostréiculture, ou encore des activités forestières. La Nouvelle-Aquitaine appelle donc à la solidarité nationale », a lancé le président régional. Alain Rousset a également rappelé au ministre de la Transition écologique Christophe Béchu qu’il avait promis l’inscription de crédits dédiés dans le projet de loi de finances 2025, lors de la destruction du bâtiment du Signal (NDLR : le Signal est ce bâtiment construit face à l’océan à Soulac- sur-mer et qui a dû être évacuée puis détruite à cause de l’érosion).

Le préfet de Gironde, également présent à la conférence, a rappelé que l’Etat a participé à hauteur de 50% aux travaux d’opération du littoral à Lacanau. “Il y a alors une réflexion qui est en cours et l’Etat a saisi le comité national du littoral dirigé par une députée girondine, Sophie Panonacle, chargée de faire des propositions”, a déclaré le préfet Étienne Guyot.

La députée Sophie Panonacle a publié ses propositions sur son compte Facebook.

Qui va payer et combien ? Le rapport du Comité National du Littoral servira de base à l’établissement de la future politique de lutte contre l’érosion. Les problèmes de financement seront alors résolus sachant que la facture s’annonce déjà très élevée et ne peut être couverte par les seules autorités locales.

 
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