Déclarations « facultatives » de conflits d’intérêts à l’Ordre des Agronomes

Déclarations « facultatives » de conflits d’intérêts à l’Ordre des Agronomes
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Après être devenue obligatoire en 2021, la déclaration d’un conflit d’intérêts par les agronomes à leur ordre professionnel est à nouveau facultative, a appris Radio-Canada. L’Ordre des agronomes, qui vient de nommer directeur un lobbyiste de l’industrie agrochimique, dit vouloir que les choses changent, mais dit attendre un geste du gouvernement Legault en ce sens.

Au Québec, la majorité des agronomes qui conseillent les agriculteurs sur l’utilisation des pesticides sont des employés d’entreprises qui commercialisent des pesticides. Certains reçoivent même des incitations financières pour vendre davantage.

Dans la foulée des dénonciations du lanceur d’alerte Louis Robert, l’Ordre se vantait, en avril 2021, d’avoir obligé tous les agronomes à déclarer leurs intérêts lors du renouvellement de leur adhésion. On pouvait lire, à l’époque, dans un communiqué, que cette nouvelle exigence permet à l’Ordre des agronomes du Québec d’être cohérent avec son Code de déontologie, notamment en ce qui concerne le mode de rémunération sous forme de rabais et de commissions liés aux ventes.

Le Code de déontologie des agronomes les oblige en théorie à éviter toute situation où [ils seraient] en conflit d’intérêt et même dans apparence de conflit d’intérêts.

Ce que le public ne savait pas, c’est que l’obligation de déclarer les intérêts imposée en 2021 par l’Ordre a disparu l’année suivante. Selon nos sources, des avis juridiques ont convaincu l’Ordre de revenir sur sa décision.

C’est toujours demandé, mais ce n’est pas obligatoire, confirme le directeur des affaires publiques de l’Ordre des Agronomes, par mail. Ceci n’est qu’une recommandation.

Aujourd’hui, lors de leur renouvellement, les agronomes remplissent un formulaire où il est indiqué que les réponses aux questions de la manifestation d’intérêt sont facultatives.

Pour utiliser les informations personnelles recueillies auprès des membres dans le but de reprocher à un agronome, par exemple, le respect de son code de déontologie, il faudrait qu’une disposition légale l’autorise.

C’est pourquoi l’Ordre souhaite moderniser son droit professionnel et son code de déontologie afin d’ajouter des dispositions à cet effet.ajoute la directrice des affaires publiques de l’Ordre, Naömie Goyette.

Ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, André Lamontagne (Photo d’archive)

Photo : Radio-Canada / Bianca Sickini-Joly

Un projet de loi qui tarde à être resoumis

Le projet de loi qui clarifierait les choses est déjà écrit. Il a même été déposé en juin 2022 par le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne. Il a proposé d’interdire à un agronome de vendre à la fois des pesticides et de fournir des services de conseil aux agriculteurs.

Le problème, c’est que le projet de loi 41 a été présenté quelques jours avant la fin de la session parlementaire et qu’il est mort au Feuilleton.

Le cabinet du ministre ne sait pas quand la somme sera redéposée et n’est pas non plus en mesure de dire si elle sera redéposée. Les analyses des propositions faites par l’Ordre des Agronomes sont en cours, nous dit-on.

Polémique au sein de l’Ordre

Lundi, la nouvelle de la nomination de Benoît Pharand au poste de directeur général a suscité une vive réaction parmi les 3 300 membres de l’Ordre des Agronomes, car il occupait auparavant le poste de PDG du Réseau Végétal Québécois, une association d’une cinquantaine d’entreprises, dont Bayer, Corteva, Syngenta et Sollio, importants fabricants et vendeurs de pesticides au Québec.

À ce titre, il a agi en tant que lobbyiste dans le but d’influencer le ministère de l’Agriculture et l’Office des professions concernant la révision de la loi sur les agronomes.

On y retourneréagit Thomas Bastien, membre du conseil d’administration de l’Ordre des Agronomes de 2021 à 2023. Selon lui, cette nomination est contrairement à toutes les conversations que nous avons eues ces dernières années avec l’Ordre.

C’est comme si le président de la Formule 1 devenait directeur général de Vélo Québec.

M. Bastien, qui dirige l’Association pour la santé publique du Québec, prévoit ne pas renouveler son inscription à l’Ordre l’an prochain, pour cette raison.

La présidente de l’Ordre des agronomes, Martine Giguère, a expliqué lundi que le nouveau directeur général aura l’obligation de suivre les directives du conseil d’administration, quels que soient ses postes passés.

Suite à l’article de Radio-Canada, l’Ordre a annoncé à ses membres que M. Pharand répondra à leurs questions lors d’une rencontre virtuelle mercredi midi. Il prendra officiellement ses fonctions le 15 avril.

Le conseil d’administration a également tenu une séance extraordinaire lundi, alors que l’Ordre faisait l’objet de critiques publiques.

De vives réactions

Les Victimes des groupes québécois de pesticides et de vigilance OGM se sont dit indigné. Quelle est la prochaine étape? De déposer un projet de loi pour assainir la profession d’agronome ou que [le ministre] Lamontagne sera-t-il remplacé par un autre lobbyiste de l’industrie des pesticides ?» demande Pascal Priori, co-fondateur de Victimes des Pesticides du Québec.

Il est urgent que le gouvernement modernise la Loi sur les agronomes, près de deux ans après le projet de loi 41.

Lorsque les conseils d’administration et les directions sont composés de vendeurs de pesticides, il n’est pas étonnant que notre modèle agricole devienne dépendant de ces produits et que leurs ventes augmentent.a déclaré pour sa part Thibault Rehn, de Vigilance OGM.

Selon Équiterre, cette nomination est d’autant plus « inquiétante » qu’un important projet de loi sur la séparation de la vente de pesticides et des conseils fournis aux agriculteurs est attendu prochainement. L’ensemble place le nouveau DG conflit d’intérêts apparent.

 
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