« En Belgique, le médecin qui pratique l’intervention assume l’impuissance de la médecine à apporter un soulagement »

« En Belgique, le médecin qui pratique l’intervention assume l’impuissance de la médecine à apporter un soulagement »
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En 2002, la Belgique a adopté une loi dépénalisant l’euthanasie, avec des conditions très strictes. Exerçant la profession de médecin en soins palliatifs depuis trente-cinq ans, j’ai accepté, avec les équipes soignantes, d’accompagner les personnes qui expriment cette demande, à domicile ou à l’hôpital. En 2023, 101 Français ont été euthanasiés en Belgique. Recevant moi-même des demandes de la France, j’ai lu attentivement le projet du président Macron.

Ce « aide à mourir » proposé me semble répondre au souhait de nos contemporains des pays « riches » : pouvoir gérer, avec leur équipe médicale, leur fin de vie. Depuis leurs débuts, les soins palliatifs œuvrent pour que la mort ne soit plus niée, cachée dans nos parcours de soins. Mais face à la fin de la vie, les personnes ont besoin d’être respectées dans leurs angoisses, dans les limites qui leur paraissent acceptables. Les équipes de soins palliatifs écoutent et peuvent souvent contribuer à créer les conditions d’une mort paisible. Mais comme le dit le président Macron, cela n’est pas toujours possible.

Ainsi, l’aide à mourir devient nécessaire pour que la personne et ses proches se sentent en sécurité. Mais quelle aide ? Les conditions proposées pour l’obtenir semblent proches de celles de la Belgique. Cependant, je voudrais souligner deux différences. D’une part, nous n’avons pas exclu les patients dont le décès n’était pas attendu à court terme, compte tenu de la difficulté rencontrée par les patients atteints de certaines pathologies neurologiques ou psychiatriques et de l’impuissance des médecins à apporter un soulagement. En revanche, la place et le rôle des médecins me semblent très différents.

L’importance de la « communauté de soins »

Dans les deux cas, ce sont bien les médecins qui décident d’accepter de fournir l’assistance demandée, si les conditions sont remplies. Mais en Belgique, contrairement à ce qui est prévu en France, le médecin concerné – le plus souvent un médecin prenant en charge le patient, généraliste ou spécialiste – accompagne son patient jusqu’au bout. Il le fait non seulement en suivant les conseils de ses collègues, de l’équipe soignante et de ses proches, mais surtout en poursuivant le dialogue ainsi que les soins, et en préparant le moment de l’acte avec toute l’attention et la vigilance. requis.

Même si je sais qu’il s’agit d’un acte particulièrement difficile – comme l’expriment nos confrères réanimateurs ou d’autres confrontés à des situations extrêmes de la vie – comment imaginer une rupture de soins, un abandon du patient, qui aurait reçu votre prescription. avec ses produits mortels à avaler ? Cela me semble contraire à notre éthique. En Belgique, nous attendons le dernier moment pour récupérer nous-mêmes les produits à la pharmacie du patient. Souvent d’ailleurs, le patient mourait avant : avec des soins palliatifs, il tolérait sa situation, mais il était rassuré : si la vie devenait un enfer, on pourrait l’aider à mourir un peu plus tôt.

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