Alors que des négociations sont en cours pour désigner les prochains dirigeants de l’aéroport de Beauvais-Tillé, la Chambre de commerce et d’industrie de l’Oise, candidate à sa propre succession, a décidé de se retirer des discussions. Il ne reste qu’un seul projet, porté par l’une des plus grandes entreprises françaises.
C’est un coup de tonnerre dans le ciel picard. La gestion de l’aéroport Beauvais Tillié pour les 30 prochaines années pourrait échapper au candidat sortant, la Chambre de commerce et d’industrie de l’Oise.
A la tête d’un consortium formé avec l’entreprise Transdev et le géant du BTP NGE, la CCI de l’Oise a décidé de se retirer des négociations en cours avec le syndicat paritaire chargé de choisir le nouveau dirigeant. Le 19 mars, elle a annoncé qu’elle ne présenterait pas d’offre pour le troisième cycle de discussions. Un retrait qui pourrait lui coûter un marché de 4 milliards d’euros. “Le contexte lié à l’avancement de la procédure, au secteur aérien et au contexte local n’a pas permis de rendre notre offre impossible.», explique son président, Philippe Bernard.
Le syndicat paritaire, présidé par Caroline Cayeux, n’a pas souhaité faire de commentaire.
Le consortium mené par le français Bouygues pour les infrastructures et la société d’exploitation Egis, disposant d’un réseau d’une vingtaine d’aéroports dans le monde, reste donc le seul candidat en lice.
Son projet d’aménagement de l’aéroport Paris Beauvais prévoit la construction d’une piste alternative pour fluidifier le trafic, d’un troisième terminal, de nouveaux parkings et d’une nouvelle structure reliant les deux terminaux existants. L’objectif affiché est de porter le trafic à 8 millions de passagers par an d’ici 2030. Pour une enveloppe d’investissement estimée à plus de 300 millions d’euros à Beauvais.
Résultat : plus d’avions et de décibels en perspective. Pas de quoi réjouir les associations de riverains.
“En termes de chiffres, nous étions à une croissance de 2 par an avec 50 000 mouvements d’avions en 2050. Du fait que ce soit Bouygues qui a peut-être plus de moyens pour se déployer rapidement, on va voir le trafic augmenter très très vite.“, s’inquiète Phillipe Brébion, président de l’association contre les nuisances à l’aéroport de Beauvais Tillé.
A l’inverse, le développement de l’aéroport est aussi une opportunité pour de nombreux Beauvaisiens.
“Un plus pour la ville car il y aura beaucoup plus de destinations, peut-être les Etats-Unis. je pense que c’est bien», se réjouit un Beauvais interrogé. Bonne nouvelle également pour les entreprises. Arnaud Zydek est chocolatier. Il ne voit pas d’un mauvais oeil l’agrandissement de l’aéroport : «il y a beaucoup plus de trafic et cela donne de l’attractivité à la ville de Beauvais. Pour nous, commerçants, cela ne peut être qu’un avantage.»
Lors des négociations pour la reprise de la gestion de l’aéroport de Nantes, le Conseil d’État a annulé l’appel d’offres en septembre, avec un seul candidat en lice. A Beauvais, ils étaient quatre au départ. Le nouveau directeur de la première plateforme aérienne low-cost de France sera officiellement annoncé fin avril.
Avec Haron Tanzit / FTV
