Le Monde n’est peut-être pas ce que nous pensons Le passeur de Prospera, une dystopie captivante entre rêve et réalité.
Les lecteurs chevronnés de littérature fantastique orientée vers l’horreur connaissent probablement la trilogie. Le passage par Justin Cronin. L’Américain mélange habilement les tons et les genres dans un grand récit d’aventures où les derniers survivants d’une tragique pandémie, ayant transformé les infectés en créatures vampires, tentent de survivre dans un monde post-apocalyptique. Le quinquagénaire avait créé tout un monde fou, qui s’est également transposé sur le petit écran dans la série Le passage.
Huit ans après avoir conclu l’histoire, Justin Cronin revient enfin avec un nouvel univers grâce à Le passeur de Prospera. Votre best-seller New York Times en 2023, le livre a été largement salué par une myriade d’écrivains célèbres dont Peter Weir (Seul sur Mars) le décrivant comme « un roman puissant qui donne des frissons » ou l’éminent Stephen King parlant sans détour d’un livre « impossible de lâcher prise ».
Désormais, Le passeur de Prospera est disponible en France chez Robert Laffont, et on vous explique pourquoi c’est un incontournable si vous êtes fans de science-fiction dystopique (et plus).
VIE DE RÊVE
C’est d’abord ce qui surprend quand on se penche sur Le passeur de Prospera : le ton est totalement différent de la trilogie de Passage. Justin Cronin abandonne l’horreur post-apocalyptique pour nous plonger dans un univers paradisiaque avec son archipel composé de trois îles différentes, dont Prospera. Les personnages vivent dans une sorte d’utopie où personne ne se soucie de rien, chacun peut faire ce qu’il veut et chacun est plus ou moins immortel (sous certaines conditions).
Du moins, sur le papier, puisque évidemment Prospera n’est peut-être pas aussi idyllique que les personnages le pensent (et aussi les lecteurs), comme le présente le synopsis :
« Proctor mène une existence ordinaire et agréable sur l’île de Prospera. Il vit paisiblement marié à Élise et travaille comme contrebandier. Son rôle est d’accompagner les retraités jusqu’au ferry qui les emmène à l’Île Crèche, où ils seront régénérés et leurs souvenirs effacés. Cependant, le jour vient où il doit escorter son propre père. La situation ne se passe pas comme prévu : sur l’embarcadère, son père s’enfuit. Proctor parvient à le rattraper et entend son père murmurer : « Le monde n’est pas le monde. Vous n’êtes pas vous. »
La scène a été captée par de nombreuses caméras disséminées à travers l’île. Les autorités de Prospera et un groupe de résistants de l’Annexe (l’île où vit le personnel de soutien) craignent que Proctor ait compris le sens des propos de son père. Les événements se précipitent et Proctor se retrouve contraint de fuir pour éviter d’être emmené de force à la Crèche. Il devient clair que la vie à Prospera n’est pas aussi idyllique que son apparente tranquillité le suggère. »
Ainsi, après seulement une soixantaine de pages, la vie de notre héros Proctor change et notre lecture avec elle. C’est l’un des points forts de Le passeur de Prospera : il est il est difficile de ne pas vouloir percer tous les mystères de l’intrigue à partir de ce rebondissement. Que signifie « Ouranos » ? De quoi son père a-t-il essayé de le mettre en garde ? Pourquoi les autorités veulent-elles absolument l’empêcher de s’en souvenir ? Cela a-t-il quelque chose à voir avec ses rêves désormais perdus ? Mystère.
-Alors bien sûr, il y a quelque chose d’assez classique dans le fait de suivre la quête d’un personnage cherchant à comprendre ce qui se cache derrière la fausse utopie qui l’entoure. Cependant, Justin Cronin parvient régulièrement à déjouer certains clichés du genre pour mieux nous surprendre.
ÉVASION DU PARADIS
Le but n’est pas de gâcher ici, mais Le passeur de Prospera s’inspire clairement de certains chefs-d’œuvre de science-fiction, comme Matrice, Création, Coureur de lame, Monde occidental, même Silo. Il s’agit de réalité, de rêves, d’illusion, de lourds secrets, mais aussi de technologie, de complot, de destruction, de lutte des classes, de survie… bref, c’est une sacrée histoire dans laquelle Proctor avancera comme dans des niveaux.
D’une certaine manière, chaque étape lui permet de résoudre certaines énigmes majeures, tout en compliquant sa recherche existentielle. Chaque découverte cache d’autres éléments, de plus en plus complexes, révélant l’étendue de l’univers. et surtout l’ambition narrative de Justin Cronin. A ce petit jeu d’ailleurs, l’écrivain change parfois de point de vue, jonglant entre celui de Proctor (pour l’immense majorité) et celui de Théa, dont nous ne dévoilerons rien ici pour conserver quelques surprises.
Une chose est sûre, au fil des chapitres, la réalité est totalement déformée. et il est difficile de savoir exactement si la vérité est bien celle présentée aux protagonistes ou s’il s’agit d’une énième ruse manipulatrice. D’où une belle réussite narrative, puisque finalement, Le passeur de Prospera est à la fois un grand voyage spectaculaire (beaucoup de suspense, lieux différents, etc.) et psychologique (réflexion sur l’humanité, les sentiments, la liberté, etc.).
Alors certes, le livre aurait sûrement gagné à être un peu plus court (il compte environ 600 pages). Reste que Justin Cronin sait nous tenir en haleine malgré tout, relançant son intrigue là où on ne l’attendait pas forcément. Le résultat est un roman passionnant, parfois étrange, souvent palpitant et profondément attaché à ses personnages et à leurs relations. C’est probablement cet aspect qui en fait un incontournable, Le passeur de Prospera densifier les enjeux universels du récit à travers les voyages intimes de ses héros.
Le livre est disponible dans toutes les bonnes librairies de France depuis le 23 janvier 2025. merci à Robert Laffont.
Il s’agit d’un article publié dans le cadre d’un partenariat. Mais qu’est-ce qu’un partenariat Grand Écran ?