Certains postes, comme la troisième ligne, sont « frappés » par une abondance de marchandises et une hiérarchie quelque peu bouleversée en novembre. D’autres, comme l’ouverture ou les piliers, naviguent au gré des blessures et des retours. Tour d’horizon des grands enjeux…
PILIERS
Quel état de forme pour Jean-Baptiste Gros, Cyril bâille et Tevita Tatafu ?
A gauche de la mêlée française, la dernière tournée de novembre a été l’occasion pour Jean-Baptiste Gros pour confirmer les espoirs que le monde du rugby avait placés en lui au début de sa carrière. Titulaire contre le Japon, la Nouvelle-Zélande et l’Argentine, le Toulonnais avait parfaitement rempli sa mission en mêlée fermée mais s’était également montré très actif en défense. Dès lors, lui est-il automatiquement promis une note similaire pour le Tournoi des 6 Nations ? Pas forcément, si l’on prend en compte qu’il n’a pas joué depuis le dernier test contre l’Argentine (déchirement aux ischio-jambiers), et n’a repris l’entraînement que cette semaine avec le RCT… D’autant qu’il faut ajouter à l’inconnue de sa santé celle de la concurrence. On pense d’abord à Cyrille Bâillementqui a repris la compétition ce samedi à La Rochelle. Opéré d’une fracture du péroné l’an dernier et indisponible depuis six mois, le pilier toulousain est intrinsèquement leader du poste en France depuis cinq ans mais il semble difficile de penser qu’il sera, après une telle blessure, prêt dès que possible. le 31 janvier pour l’ouverture de la compétition contre le Pays de Galles. En tout cas, les Rochelais Réda Roses et les Varois Dany prisonnierde retour à son meilleur niveau, sont également en réserve pour la république.
A droite, l’équation mérite également attention : si Vin Antoine reste titulaire du poste, le staff français croit beaucoup aux Bayonnais Éviter Gros planabattu par une blessure aux ligaments de la cheville lors du dernier France-All Blacks. Celui qui, comme Baille ou Gros, n’a toujours pas joué un seul match depuis novembre mais reprendra la compétition fin janvier avec Bayonne, intégrera-t-il au passage le groupe France ? La question demeure. Toujours est-il qu’à ce poste, le futur Toulousain Georges-Henri Colombetrès bon face aux All Blacks à l’automne, a toujours répondu (avec ses qualités mais aussi ses défauts en conquête directe) aux attentes placées en lui par William Servat et Laurent Sempéré, les entraîneurs en charge des attaquants français.
DEMI-OUVERTURE
Ntamack – Ramos – Jalibert, des destins croisés
Depuis plusieurs années, Fabien Galthié semblait s’être affranchi de cet éternel débat qui tourmentait depuis longtemps le rugby français : “Qui est l’ouvreur du XV de France ?” Jusqu’à la fin de son premier mandat, la hiérarchie était claire : le titulaire était Romain Ntamack ; son remplaçant (de luxe) a été appelé Mathieu Jalibert ; le troisième, dans la hiérarchie, était le Rochelais Antoine Je suis fatigué. Pendant le match, les options toulousaines Thomas Ramos et Antoine Dupont pourraient également être explorées. Alors qu’est-ce qui a changé depuis ? Pas mal de choses, en fait. Déjà, Romain Ntamack n’est plus apparu en bleu depuis dix-huit mois, en raison de ses blessures. En son absence, d’autres ont eu leur chance. Matthieu Jalibert, d’abord, dans la suite logique de la hiérarchie. Décevant lors du Tournoi des 6 Nations 2024, puis blessé, il a laissé la main à Thomas Ramos pour terminer la compétition avec le numéro 10 sur le dos.
Ce qui a franchement convaincu, et plus encore en novembre dernier, lorsqu’il a été cette fois intronisé « titulaire en chef ». Alors où en sommes-nous maintenant ? Entre la grande forme de Thomas Ramos et celle plus timide de Romain Ntamack, depuis son retour sur les terrains, le débat est revenu. « Thomas Ramos s’impose dès l’ouverture et je me demande comment Fabien Galthié va se comporter pour l’ouverture du Tournoi. Thomas Ramos me semble indispensable désormais en ouverture”, jugeait par exemple Denis Charvet à l’issue des épreuves d’automne. Ci-dessous, Olivier Magne développe un autre argument. « Que Romain Ntamack revienne à l’ouverture, c’est une évidence pour moi. […] Le grand jour, Romain fera la bonne prestation, je n’en doute pas. C’est à cette question, entre autres, que Fabien Galthié devra bientôt répondre. Celui également du sort désormais réservé à Matthieu Jalibert, après les polémiques nées de son départ précipité du groupe en novembre. A ce stade, l’option Ntamack reste la plus envisagée en interne, dans une configuration qui laisse Thomas Ramos sur le terrain et dans son poste privilégié, l’arrière. Il vaut toujours mieux combiner les talents que les opposer…
CENTRE
Qui pour remplacer Fickou en 13 ?
Victime d’une fracture du pouce gauche lors du match entre son Racing 92 et Lyon, Gaël A obtenu manquera (au minimum) les deux premiers matches du Tournoi programmé contre le Pays de Galles et l’Angleterre. Un véritable coup dur pour le XV de France qui perd un de ses cadres, et surtout son joueur le plus capé (93 sélections). Avant le retour en force de Fickou pour la Nouvelle-Zélande et l’Argentine, Fabien Galthié avait fait confiance aux Palois Emilien Gaillet contre le Japon et lors de la tournée estivale en Argentine. Mais d’autres hommes frappent à la porte, comme le Girondin Nicolas Depoortère (2 capes) qui, comme sa massue, affiche une forme brillante. Difficile aussi de ne pas évoquer le Toulousain Pierre-Louis Barassi (3 sélections), auteur de superbes performances ces dernières semaines. Pour conclure avec le poste de centre, il faut aussi évoquer la blessure du Rochelais Jonathan Danty. Comme Fickou, il ne pourra pas postuler pour les deux premiers matches du XV de France. Doublé par Yoram Moefana ces derniers mois, sa dernière sélection remonte au 25 février 2024, contre l’Italie.
TROISIÈME LIGNE
L’ère des dilemmes
Jamais, visiblement, le XV de France n’a abordé une année civile et un Tournoi avec autant de candidats solides et crédibles en troisième ligne. Entre l’étonnante constance de François Cros, Alexandre Tapis de deuil et Charles Ollivonle retour sous forme deAntoine Jelonchla nouvelle dimension de Paul Boudehentl’émergence de Gazzotti, Matthieu et Jégou ou la montée en puissance de Grégory Connerie (pour ne citer qu’elles), le staff comptait sur le papier l’équivalent de trois associations des plus prometteuses et complètes, aux profils riches et variés. Cette première journée de la phase retour, également la première de l’année, a cependant rappelé qu’au cœur de la saison, le facteur blessure rebat inévitablement les cartes.
Samedi, Charles Ollivon est tombé et les Toulonnais ne devraient pas, sauf miracle, se relever avant plusieurs semaines. Lui qui avait terminé le tour en 8 et dans la lumière n’a pas pu faire partie des 6 Nations (voir ci-dessous). S’il passera une IRM ce lundi pour déterminer la nature exacte de sa blessure, le staff toulonnais comme ceux du XV de France craignent même une indisponibilité longue et éventuellement une rupture d’un ligament croisé. Un coup dur personnel mais aussi collectif comme son double gage de puissance – le jeu aérien est précieux. Compte tenu de son excellente forme, il était difficile d’imaginer ne pas le voir parmi les 23 du Pays de Galles…
Que devrions-nous viser à terme ? L’une des grandes questions concerne le gardien du numéro 8. Si Grégory Alldritt, précieux au scratch samedi et globalement bon depuis un mois, trouve grâce aux yeux des entraîneurs, l’ancien capitaine par intérim pourrait être associé à Alexandre Roumat et Paul. Boudehent, comme ce fut le cas face à la Nouvelle-Zélande, à moins que le « touche-à-tout » François Cros ne trouve sa place. D’ici le 31 janvier et le lever de rideau sur le Tournoi, toutes les projections ne seront que provisoires : parce que le risque de blessure plane mais aussi parce que la Champions Cup, à travers les performances de chacun (celle de Grégory Alldritt face au Leinster sera notamment l’occasion pour que les Gersois brillent), il faudrait plus ou moins rebattre les cartes. Avec tous les as et jokers qu’il a en main, Fabien Galthié a tout un jeu à sa disposition. Reste à optimiser les actifs…