Le journaliste et spécialiste de littérature Nicolas Julliard propose ses romans coups de cœur 2024. Entre découvertes et confirmations, venues de France, de Suisse, de Belgique et du Québec, voici dix voix qui ont compté.
Gabriella Zalapì, « Ilaria ou la conquête de la désobéissance », éd. Zoé
Le troisième roman de Gabriella Zalapì, « Ilaria », est une révélation. Présente sur de nombreux palmarès, l’auteur italo-suisse a remporté, entre autres, le Prix - des Lycéens et le Prix Blù Jean-Marc Roberts.
Avec cette histoire inspirée de sa propre enfance, Gabriella Zalapì compose, à la hauteur d’un enfant, un road trip italien tendre et cruel, un hommage sensible à l’Italie des années 1980.
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Lorrain Voisard, « Au cœur de la bête », éd. d’en bas
Une couverture cramoisie pour un livre trempé de sang. Le sang des animaux de « production » qu’Arthur Jolissaint, narrateur et double de l’auteur, emmène à l’abattoir. Intellectuel enraciné comme pourrait l’être « l’establishment » de l’après Mai 68, le jeune homme décrit avec précision les odeurs, les fluides, les carcasses et les actes que cette petite société, majoritairement masculine, accomplit pour nourrir l’industrie de la viande. .
Une justesse reconnue par le Prix du Public RTS 2024.
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Julia Deck, « Ann d’Angleterre », éd. du seuil
Auteure de fiction insolite, Julia Deck témoigne avec « Ann d’Anglais » de la prise en charge hospitalière de sa mère, victime d’un accident vasculaire cérébral. Le roman a reçu le Prix Médicis.
Entremêlant le récit quotidien des soucis médicaux et la biographie de son père, l’auteur construit une enquête intime et subtile, sur la trace d’un mystérieux secret de famille.
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Miguel Bonnefoy, « Le Rêve du Jaguar », éd. Rives
Couronné par le - et le Grand Prix de l’Académie française, « Le Rêve du Jaguar » récompense la plume baroque du romancier franco-vénézuélien.
En retraçant la vie incroyable de son grand-père maternel, Miguel Bonnefoy crée un conte merveilleux qui traverse le Venezuela du XXe siècle, en proie à de violentes mutations.
Perrine Tripier, « Conque », éd. Gallimard
Deuxième roman de Perrine Tripier, « Conque » nous invite dans un empire imaginaire, sur les traces d’un historien appelé à documenter l’exhumation d’une civilisation mythique.
Un conte splendide et terrifiant sur le pouvoir et ses petits arrangements avec l’Histoire, servi par une plume d’une rare virtuosité.
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Célestin de Meeûs, « Mythologie du .12 », éd. du sous-sol
Une des meilleures surprises de la saison automnale. Dans l’esprit des comédies noires du cinéma belge, Célestin de Meeûs raconte la rencontre explosive, lors d’une soirée torride, de deux jeunes ratés avec un médecin dont la virilité a été abusée.
Un premier roman tendu comme un arc, un micro-thriller implacable ponctué de descriptions d’une intelligence poétique remarquable.
Louise Bentkowski, « Constellucination », éd. Valeurs
Prix Les Inrockuptibles du premier roman 2024, « Constellucination » explore, dans une série de dix-huit chansons en forme de rhizomes, les origines du nom de famille de l’auteur, originaire d’un lieu appelé l’Empire autrichien. Hongrois.
Scénographe, performeuse et désormais romancière, Louise Bentkowski déploie un brillant art de la digression, offrant une expérience de lecture unique et ludique, traversée par mille autres vies, mille autres voix.
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Sébastien Dulude, « Asmiante », éd. Le peuple
Poète, interprète et éditeur, Sébastien Dulude séduit bien au-delà de son Québec natal avec ce premier roman magistral. Brodée à partir de ses souvenirs d’enfance, l’histoire raconte deux étés de l’enfance et de l’adolescence de Steve, un garçon sensible et timide confronté aux brutalités d’une campagne minière où l’ennui s’envenime.
Une histoire drôle et émouvante, un portrait de l’époque porté par un langage à l’oralité ludique.
Catherine Safonoff, « La Fortune », éd. Zoé
Dans «La Fortune», la romancière genevoise Catherine Safonoff raconte comment, contrainte de quitter sa demeure historique, elle s’est plongée dans l’écriture pour trouver sa place dans un monde dépourvu de repères.
Tissé de souvenirs, hanté par la figure de Monsieur B, son ex-mari, le récit voyage en zigzags entre les petites misères de la vieillesse et les grandes émotions d’une vie dans laquelle chance et littérature avancent de pair. main.
Christian Kracht, “Eurotrash”, trad. Corinna Gepner, éd. Denoël
Star au-delà de Sarine depuis son premier roman « Faserland » (1995), Christian Kracht reste peu connu du public francophone. Malicieusement autobiographique, ce récit picaresque suit l’errance suisse du narrateur et de sa mère, une fantasque octogénaire alcoolique, susceptible et instruite.
Du Goldküste de Zurich au Glacier 3000, emprunté par un taxi payé avec des milliers de factures, le duo séduit par son humour tendre et le regard toujours brillamment caustique que Kracht porte sur son pays natal.
Nicolas Julliard/sf
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