Par
Florent Lemaire
Publié le
20 décembre 2024 à 11h30
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C’est un lieu qui fait partie d’Évreux – au point d’en être le principal employeur, avec 2 300 militaires et civils – mais qui entretient un certain mystère, derrière les longues clôtures, les murs et les talus qui le bordent.
La base aérienne 105 lève le voile dans l’ouvrage richement documenté et illustré qui vient de paraître dans la collection Aérodromes sous la plume de the editorial team of the Anciens aérodromes association.
Passion précoce
Christophe Libercé en fait partie. Agent du Département de l’Eure, cet habitant de Gauciel est aussi – en tant que voisin – un grand passionné du BA 105. Presque évident quand on a vu les avions qui y atterrissent ou y décollent.
La passion est née très tôt. Des avions survolaient l’école. Nous avons vu cette base au quotidien, mais derrière ces remblais, que se passe-t-il ? J’ai cherché à en savoir plus.
S’il avoue une passion particulière pour la période américaine (L’OTAN y a établi une base américaine de 1952 à 1967), Christophe Libercé a patiemment rassemblé de nombreux documents, aux Archives départementales, aux archives municipales, dans les archives du musée de la base aérienne, et recueilli les témoignages des « anciens » du lieu. .
« J’y travaille depuis une quinzaine d’années. J’avais rassemblé quelques archives, la question était de savoir quoi en faire. J’ai ensuite rencontré Daniel Flahaut, membre de l’association Anciens aérodromes, qui m’a proposé d’en faire un livre. Quatre ans plus tard, il est parti », se souvient Eurois.
Un travail de mémoire
Et visiblement, le travail collectif était attendu. Il attise en tout cas la curiosité : sans autre promotion, 400 exemplaires ont déjà été vendus depuis sa parution, début septembre 2024. Le co-auteur y voit une explication : « La base aérienne, c’est une histoire collective à Évreux. Cela fait partie de son patrimoine, de son histoire. C’est aussi un travail de mémoire. Les communes de Huest et Gauciel ont commandé plusieurs dizaines d’exemplaires pour les distribuer à leurs élèves », raconte celui qui est également membre de l’association du musée BA105.
CE 11e Le numéro de la collection Aérodromes est le premier consacré à une base aérienne active (il est d’ailleurs préfacé par Sébastien Lecornu, tout récemment ministre des Armées). Mais son histoire est bien plus ancienne et dépasse le cadre de son utilisation militaire.
Il faut remonter au tournant des années 1910 pour voir le début de l’histoire de l’aviation à Évreux, avec l’installation de l’arrêt Bellenger (inauguré en 1913) sur un terrain de manœuvre de l’armée de terre, faisant d’Évreux le 9e station aérienne sur les 53 construites alors pour permettre aux aviateurs civils de se ravitailler.
Présence de la Luftwaffe
L’activité civile se poursuit avec la création de l’aéroclub de l’Eure en 1929 puis l’aérodrome d’Évreux-Le Coudray en 1934. Avant la Seconde Guerre mondiale, la société Amiot y installa une usine d’assemblage d’avions.
Durant le conflit, une école de pilotage fut créée en 1940, rapidement remplacée par Unités de la Luftwaffe. « Petit à petit, la base occupée par la Luftwaffe va évoluer considérablement. De 700 ha avant la guerre, il s’étendra sur les villages de Huest, Gauciel et Fauville ainsi que sur le canton de Nétreville, englobant des champs et des habitations sur 1 500 ha », précise le livre. Le site était visiblement désert à la libération d’Évreux en août 1944.
style américain
Après une courte période « française », l’US Air Force s’y sont installés dans le cadre de l’OTAN, de 1952 à 1967. Les Ébroïciens ont vu voler les premiers C130 Hercules, déployés depuis les États-Unis. Salle des fêtes, monnaie, logement, école, hôpital, supermarché, loisirs : les militaires vivent en parfaite autosuffisance et à l’américaine sur la base d’Évreux.
En 1967, les derniers Américains quittent Évreux ; l’armée de l’air française retrouve la base aérienne ébroicienne. Le BA 105, baptisé Commandant Viot, était né. Elle devient « l’une des principales bases de transport aérien militaire de France ». Les unités Béarn, Maine, Anjou, Bigorre, Aubrac se succèdent, le groupe scolaire se crée…
On y retrouve aujourd’hui les CASA des escadrilles Ventoux et Vercors, sans oublier les C130J Super Hercules de l’escadrille franco-allemande créée en 2021. L’ancien aérodrome est devenu base militaire avancée n’a pas fini son histoire à Évreux.
Le livre est en vente au prix de 14 € au Comptoir des Loisirs, chez BD Lib et chez Gibert Joseph.
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