Le Prix Médicis 2024 pour Julia Deck et « Ann of England »

Le Prix Médicis 2024 pour Julia Deck et « Ann of England »
Le Prix Médicis 2024 pour Julia Deck et « Ann of England »

Son nouveau livre, Ann d’Angleterre, publié au Seuil a beau être qualifié de roman, il en est tout autre chose. C’est une histoire émouvante et magnifique autour de sa mère hospitalisée à l’âge de 84 ans suite à un accident vasculaire cérébral, et sur l’urgence qu’elle, l’écrivaine née à Paris en 1974, a de raconter cette épreuve et la vie qu’a eue cette femme.

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Ann d’Angleterre n’est pas une princesse comme le titre pourrait le laisser penser, mais une Anglaise née en 1937 à Billingham, à 400 km de Londres, dans un milieu simple et qui n’a eu qu’une seule enfant : Julia Deck. Le père travaillait auIndustrie Chimique Impériale. Bien qu’Eleanor Ann n’ait pas le sang bleu, elle est la reine de sa fille.

Le choc survient en avril 2022 lorsque Julia Deck rend visite à sa mère dans son appartement parisien et la découvre sans vie dans sa salle de bain, victime d’une hémorragie cérébrale qui lui laisse peu d’espoir de survie.

« Vous y pensez ou vous n’y pensez pas. J’y pense depuis trente ans. »» écrit Julia Deck, commençant son histoire et évoquant son besoin de raconter la vie de sa mère. Et soudain, il est temps de le faire et d’affronter les mystères qui entourent sa vie.

Hôpital Arcanes

L’ensemble du livre est une alternance de chapitres où Julia Deck raconte au présent le chemin de croix d’une femme trimballée d’hôpitaux en maisons de retraite, et de chapitres dans le passé relatant la vie de sa mère.

L’auteur rend bien compte de l’état de délabrement que connaissent souvent les services gériatriques. Un dédale d’établissements de soins où les médecins sont contraints de gérer au mieux ces situations de fin de vie, tout en “retourner les lits.” Julia Deck découvre les mystères brutaux de l’hôpital, la dégradation et même parfois l’inhumanité de ses services.

mouette

C’est grâce aux livres que ma mère et moi avons vraiment fait connaissance.

Triste fin pour cette femme qui a laissé un journal intime, preuve que pour elle comme pour sa famille, l’écriture est essentielle. « C’est grâce aux livres que ma mère et moi avons vraiment fait connaissance. »

Julia a vécu avec sa mère jusqu’à l’âge de 22 ans. « La plupart du temps, nous étions seuls tous les deux. » Grâce à la littérature, Ann avait appris à « façonner une histoire, planter le décor, caractériser les personnages, nouer l’intrigue, enchaîner les rebondissements jusqu’à une fin dramatique ou heureuse. »

Ann aime la mode, adore les films avec Gregory Peck et la littérature, de Doris Lessing à Stevenson en passant par la littérature française. Des passions cultivées à l’université de Manchester et qu’elle a transmises à sa fille.

Le secret

Elle quitte bientôt l’Angleterre pour Paris et épouse François. Julia est née le 18 mai 1974. C’était une enfant rebelle mais “Ann sait que l’enfance est une jungle et que l’apprentissage consiste à repousser les branches avec la force de ses poings écorchés.”

Dans ce journal intime rédigé par sa mère, se cache un mystère, un secret. Son journal ne parle pas de sa vie lorsqu’elle avait 16-17 ans. Alors que s’est-il passé avec Ann ? Et pourquoi à l’hôpital, dans les quelques mots qu’elle peut encore dire, Ann affirme avoir eu « deux filles ».

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Ce secret a des allures de thriller que Julia Deck manie avec une infinie tendresse jusqu’au bout.

Tout son livre est une ode à sa mère, une histoire d’amour prenante avec finesse et éclat entre une fille et sa mère, et à travers cette histoire un hommage à toutes ces femmes combattantes, à toutes ces mères.

Anne d’Angleterre | Novel | Julia Deck | Le Seuil, 256 pp., €20, digital €15

EXTRAIT :

« Elle éprouve au fil des pages ce qu’elle n’a pas la possibilité d’éprouver par elle-même, peut-être même pas le désir tant la réalité lui inflige fatigue et gêne, quand la lecture offre un plaisir expurgé du désagréable, dans le confort d’un fauteuil fleuri et d’un chat. ronronner sur vos genoux En fin de journée, réapparaissent les hommes et les enfants qui ont mené dehors une vie pleine de rebondissements. Ils ramènent des impressions du monde. dehors, mais ceux-ci n’égalent jamais l’excitation procurée par les livres.

 
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