Thriller – Les Pyrénées, théâtre de l’angoisse

Thriller – Les Pyrénées, théâtre de l’angoisse
Thriller – Les Pyrénées, théâtre de l’angoisse

Une forêt primaire dans les Pyrénées. Disparitions. Un village isolé et des rumeurs. Jérôme Camut et Nathalie Hug plongent leurs héros dans un univers angoissant, même s’il est « loin de la fureur du monde ».

La Machecombe. Un plateau, une forêt, des montagnes dans les Pyrénées entre Ariège et Aude. « Par temps clair, la vue s’étendait de la plaine des Pyrénées jusqu’aux remparts de la cité de Carcassonne. » Le cadre est rapidement posé par Jérôme Camut et Nathalie Hug, auteurs de nombreux thrillers. C’est dans ce village et cette forêt protégée de Mâchecombe que se déroule l’action du roman. Un monde à part où tout le monde se connaît, où rumeurs et légendes tiennent une grande place dans le quotidien des quelques habitants.

Le 15 août, Alix Ravaillé se consacre à son traditionnel pèlerinage. La jeune femme, récemment intégrée à la police municipale de la commune dirigée par son père, Robert, vient déposer des fleurs là où sa mère aimait prier. Ce dernier est mort dans la montagne il y a 8 ans. Un accident de VTT. Elle n’est pas la première à mourir dans cette forêt. Mâchecombe a mauvaise réputation. Un massif maudit. D’autant plus que la majeure partie du territoire boisé a été préservée pour un retour à son état primaire. C’est l’essentiel de la mission de Robert, de son adjoint Christophe et Alix. Mais outre les ours, les loups et autres prédateurs, un monstre se cacherait dans les bois. Dandelombe selon Noa, le petit frère d’Alix. Mi-homme, mi-bête, géant et furtif, il effraie les locaux, mais n’empêche pas les chercheurs d’or de détruire la nature pour récupérer quelques grammes d’or. Au cœur de l’été, alors que les tempêtes coupent les routes, des cadavres sont retrouvés dans un campement de fortune. Et Christophe disparaît. Alix, qui l’aime secrètement, va tenter de le retrouver. Seul dans cette forêt primaire : « De la civilisation, il ne restait plus qu’une route forestière semée de nids de poule et envahie d’herbes et de fougères qu’Alix emprunta pour atteindre son objectif, situé au cœur de l’espace protégé. » Mais elle n’est pas si seule et vient, sans s’en douter, de pénétrer sur le territoire de chasse de John, le véritable maître des lieux.

D’un simple thriller en milieu clos, le roman prend des connotations fantastiques. Car on s’est longtemps demandé ce qu’était réellement ce John, qui se prétend « Dieu des ombres » que Noa a transformé en Dandelombe. Alix disparaît à son tour et son père mène l’enquête. Mais il se sent impuissant, impuissant : « Autour de lui, les gens n’étaient ni pires ni meilleurs qu’ailleurs. La différence était que, dans ces campagnes reculées, tout le monde en savait un peu trop sur les autres. C’était pratique dans certains cas, étouffant dans d’autres. » Et malgré cette promiscuité, certains secrets restent bien gardés.

Ce roman, très angoissant quand on côtoie Alix, prisonnière dans l’antre de Jean, être primitif aux réactions bestiales, est aussi l’occasion pour les auteurs de développer un message écologiste. Même si on veut préserver une forêt, on dérange la nature. L’homme, du fait même de son existence, détruit son environnement. Une évidence dont on prend un peu conscience en clôturant ce thriller finalement plus optimiste qu’il n’y paraît.
« Loin de la fureur du monde », Jérôme Camut et Nathalie Hug, Fleuve Noir, 496 pages, 21,90 €

 
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