fan de Saint-Étienne, il aimait le football autant que les livres

fan de Saint-Étienne, il aimait le football autant que les livres
fan de Saint-Étienne, il aimait le football autant que les livres

« Si je vis cent ans, ma mémoire restera verte. » Bernard Pivot s’est arrêté plus tôt mais il n’a pas réfuté cette phrase tirée de son livre « Le football en vert » publié en 1980. Celui qui aimait tant les livres et les auteurs aimait aussi les matchs et les dribbleurs. Surtout lorsqu’ils faisaient rouler le ballon sur la pelouse du stade Geoffroy-Guichard de Saint-Étienne.

« Je suis supporter déclaré et à vie », nous confiait-il un jour alors que nous l’interrogions pour un article sur un joueur. La réponse du journal a pris une minute mais la conversation a duré près d’une heure. Pivot adorait parler de football. Comme une pause entre deux livres. Une récréation d’enfance qui le ramène dans son internat à Lyon dans le quartier de la Croix-Rousse où il découvre le plaisir de taper dans un ballon de cuir entre deux cours.

VIDÉO. Décès de Bernard Pivot à l’âge de 89 ans

“Nous sommes tous nés footballeurs mais la différence entre Kopa, Cruyff, Pelé, Platini et moi, c’est que la vie leur a donné de bons ballons et j’en ai de très laids”, a-t-il ri. Mais un ballon de football s’était glissé dans ma chemise. Il a rebondi au rythme de mon cœur et ne me quittera jamais.

Il a longtemps hésité entre l’OL et l’ASSE

Lyonnais, Bernard Pivot a longtemps hésité, « comme entre deux femmes », entre soutenir le club de sa ville et le rival régional. “Mais comme ces hommes déchirés depuis longtemps, j’ai décidé de basculer, corps et âme, comme la France entière, du côté des Verts.”

Bernard Pivot aimait ce plaisir de se démarquer dans le monde littéraire en avouant cette passion du football. Car pendant longtemps, peut-être jusqu’à la Coupe du monde 1998, le football n’était pas forcément populaire auprès des écrivains. “La tête et les jambes”, ce n’était décidément pas digne d’« Apostrophes » pour certains. Pivot assumé et aimait romantiser la vie du club stéphanois. «Ma tête est un stade où courent des dizaines et des dizaines de maillots verts», écrit-il joliment.

Bernard Pivot, fan des Verts, a notamment commenté la Coupe du monde 1986 avec Michel Drucker. LP/Frédéric Dugit

Plus les années passaient, plus il se rendait au stade Geoffroy-Guichard pour rester jeune. Sans le vouloir, Pivot a aussi contribué à desserrer les carcans des a priori sur le football et a prouvé, par ses paroles et sa passion, que les pieds des footballeurs écrivaient parfois des phrases aussi fortes que certaines envolées littéraires.

Il a expliqué que Michel Platini “a donné de l’entrain au bal”. Et voyait en Dominique Rocheteau un « personnage de Pasolini, un ange complexe dont l’aura sombre fascine les ploucs qui n’ont d’autre rapport à la lumière que celui d’être abonné au 110 volts ». Comment ne pas être fier d’aimer le football après avoir lu ceci ?

Il a envoyé les livres aux joueurs de l’équipe de France

La passion de Pivot pour le football l’envoie au Mexique en 1986 pour commenter la Coupe du monde pour Antenne 2 aux côtés de Michel Drucker. Mais on sait moins qu’il fut longtemps le fournisseur anonyme de livres pour les joueurs de l’équipe de France. Avant la Coupe du monde 1978, il a l’idée de proposer aux Bleus des ouvrages, envoyés par les maisons d’édition avant « Apostrophes » puis « Bouillon de Culture ». Et jusqu’en 1998, la tradition s’est poursuivie.

Trois mois avant les grands rendez-vous internationaux, le commissaire de l’équipe de France envoie un coursier à Pivot qui lui a sélectionné près de 200 livres. Pour nourrir un peu leur jeu de tête entre deux matches. Pivot était donc l’entraîneur de la bibliothèque de l’équipe de France. L’enfant de la Croix-Rousse au cœur vert s’en était réjoui.

 
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