En librairie, les livres culinaires sont depuis longtemps légion. Daniel Pinard, avec son Pinardisesa sans aucun doute contribué à leur croissance. Hommage à ce géant discret et libre de parole décédé cette semaine.
Discret, Daniel Pinard ne l’était pas à l’époque où il était déployé à la télévision et à la radio, n’ayant pas peur de bousculer les idées reçues en cuisine ni de bouleverser l’actualité avec son regard lucide et sans compromis. Sa présence généreuse se manifestait notamment dans sa noblesse d’esprit, dans cette manière de partager la lumière avec ceux dont les voix étaient rarement entendues, surtout à cette époque, les années 1990 et 2000. Sociologue de formation, Daniel Pinard n’hésitait pas à entremêler ses propos culinaires avec des digressions sociales ou politiques. Il était indigné, mais tout aussi capable de s’extasier et d’apprécier la simplicité. De plus, sa cuisine se voulait rassembleuse, démocratique et ouverte, en fonction du contenu de nos placards.
Sensible, curieux, intelligent, Daniel Pinard était un grand communicateur. Il savait manier les mots autant que les ingrédients, et prenait soin de les mettre en valeur. Edité par Boréal, ses livres Pinardisesen 1994, et Plus de pinardisesen 2000, largement vendu. Daniel Pinard a su remplir les assiettes de nombreuses familles et surtout, il a insufflé un nouveau souffle à la cuisine québécoise. Il lui a donné corps, l’a émancipé et l’a rendu accessible à tous. Il fut aussi sans doute le premier à avoir souligné l’importance de manger local, et ainsi ouvert la voie à l’abondance gastronomique d’aujourd’hui.
Daniel Pinard est décédé le 2 octobre à l’âge de 82 ans. Vivant dans l’ombre depuis plusieurs années, il ne se lasse pas de relire Proust ou d’alimenter sa curiosité. Long voyage pour cet épicurien sympathique, à la verve généreuse et inspirante ! On savourera longtemps son souvenir comme ses recettes.
Bien que celle-ci remonte à plusieurs années, voici une entrevue avec Daniel Pinard, qui fut notre libraire d’une journée entre nos pages.
Photo: © Éric Myre
