rencontre avec la diversité du polar québécois – Libération

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Au Festival du livre de Paris, dont le Québec était l’invité d’honneur, nous avons rencontré trois auteurs aux styles radicalement différents.

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Les festivals ont souvent le mérite de faire découvrir des auteurs rendus invisibles par l’immense production littéraire de ces dernières années, notamment dans le domaine du polar. Du Québec, invité d’honneur cette année du Festival du livre de Paris, on a surtout connu la grande Andrée A. Michaud dont les romans sombres nous entraînent souvent au grand air, en forêt, suscitant une inquiétude qui se transforme vite en peur. Mais elle n’est pas la seule représentante du genre. Au Festival du livre de Paris, nous avons eu la chance de débattre avec trois autres auteurs de thrillers québécois et ce fut un moment de grâce comme peu d’autres. Roxanne Bouchard, Chrystine Brouillet et Patrick Sénécal, qui se connaissent bien, ont chacun une manière très différente d’écrire du noir mais ils ont le même appétit pour le genre et la même façon d’en parler avec beaucoup d’humour, ce qui est rare. .

Roxanne Bouchard nous était familière puisque nous avions révisé son dernier livre en 2023, la mariée de corail, deuxième tome d’une trilogie commencée avec Nous étions le sel de la mer, qui se déroule en Gaspésie dans le milieu très masculin des pêcheurs de homard. Ce qu’on ne savait pas, c’est qu’après une rupture, elle a passé de nombreux mois en mer sur des bateaux de pêche, apprenant à soulever des cages à homards, et que cette expérience a alimenté sa série policière incarnée par un héros d’origine mexicaine plein de défauts et de nostalgie. , l’enquêteur Joaquin Moralès, basé au commissariat de Bonaventure. Cette expérience in vivo lui a aussi beaucoup appris sur la difficulté des femmes à se faire une place dans le monde très masculin des pêcheurs. Le troisième volet des aventures de Moralès est attendu avant la fin de l’année en France.

“C’est ce qu’on appelle créer du suspense.”

Chrystine Brouillet est une star au Québec, dans les thrillers mais aussi dans les romans gastronomiques (Salle 1002). Sa série mettant en vedette la détective Maud Graham s’est vendue à près d’un million d’exemplaires. Elle dit connaître par cœur cette héroïne avec qui elle vit depuis plus de vingt ans, gourmande comme elle, et inlassablement accompagnée de sa chatte Eglantine. Elle peut ainsi se concentrer sur ses intrigues qui entremêlent souvent divers sujets de société, notamment les violences faites aux femmes. Le dernier tome, le mois des morts, parle des ravages de la pauvreté, de l’intolérance et du rejet des homosexuels puisqu’il met en scène un riche entrepreneur québécois qui devient fou de colère le jour où il apprend que son fils est homosexuel, allant jusqu’à vouloir le tuer. Il envisage en effet de se lancer en politique et craint que cela nuise à sa réputation. L’histoire se déroule peu après la pandémie, la peur n’est pas encore apaisée. Maud Graham “n’aimait pas ce que le Covid avait changé en elle et se demandait si ce nouveau détachement était permanent, écrit Chrystine Brouillet. Elle avait pris une certaine distance depuis le début de la pandémie pour éviter la panique et elle s’était tellement efforcée de rester calme, logique, cartésienne qu’elle n’arrivait pas à retrouver la personne qu’elle était. il y a deux ans. Ou peut-être qu’elle vieillissait simplement.

Patrick Senécal écrit dans un registre radicalement différent. Civilisé est un thriller d’humour noir. Ce n’est pas notre genre, a priori, et pourtant on ne pouvait pas lâcher ce livre de 631 pages. Le pitch est un grand classique mais ici, ça marche comme un diable, on voit que l’auteur est aussi scénariste. Douze personnes se portent volontaires pour participer à une expérience scientifique destinée à “étudier et analyser le comportement des humains lorsqu’ils se trouvent dans un groupe spécifique dans un contexte particulier.” En gros, il s’agit de passer dix jours isolés du reste du monde, sans téléphone portable ni accès au monde extérieur au sein d’un groupe dont les membres sont censés être représentatifs de la société. On imagine dès le départ que ça va mal se passer, l’idée est de pousser chacun à être jaloux de l’autre, à se mesurer et bien pire. Malgré l’horreur, c’est très drôle et Patrick Senécal a une façon de s’adresser au lecteur qui fonctionne, on est bluffé. « …et cette femme, s’ils savaient ce qu’elle a fait… il écrit. Frédéric-Alexandre se tourne vers lui, curieux. – De qui parles-tu ? Joseph nomme la femme en question et, sans vergogne, explique à Frederick Alexander ce qu’il a appris. Mais pour le moment vous n’en saurez rien. C’est ce qu’on appelle créer du suspense. Un processus que vous pouvez qualifier d’habile ou de facile, selon votre école de pensée, votre vision de la littérature ou simplement votre niveau de snobisme.

Le mois des morts, Chrystine Brouillet, Druide, 317 pages, 28,95 $
Civilisé, Patrick Senécal, Alire, 631 pages, 36,95 $
La Mariée Corail, Roxanne Bouchard, Aube noire, 456 pp, 22 euros
 
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