« Le racisme d’État s’aggrave sous l’ère macroniste »

« Le racisme d’État s’aggrave sous l’ère macroniste »
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l’essentiel
En dédicace à la librairie Calligramme de Cahors, ce jeudi 18 avril à 19 heures, Olivier Le Cour Grandmaison, professeur de sciences politiques et de philosophie politique à l’Université Paris-Saclay-Évry-Val d’Essonne, présentera son ouvrage « Racismes d’État, États racistes : une brève histoire. Entretien.

Dans votre travail, vous évoquez la notion de « racisme d’État ». Pouvez-vous le définir ?

C’est un concept créé par Michel Foucault en 1976 dans un cours au Collège de France pour tenter de rendre compte de l’avènement, au début du XXe siècle, de l’État hygiéniste. C’est-à-dire un État dont la fonction est de défendre la société tout en assurant une sécurité sanitaire optimale à ses membres. Et dans ce contexte, les populations racisées se verront attribuer un certain nombre de caractéristiques négatives en termes de santé publique.

Avez-vous un exemple en tête ?

Il y a notamment la romanophobie d’État qui débute le 16 juillet 1912 avec des dispositions discriminatoires à l’encontre des voyageurs et nomades français. Ces dispositions ont porté atteinte aux droits fondamentaux tels que la liberté de circulation, la liberté d’installation, et ont conduit à la mise en place de systèmes d’identification discriminatoires puisqu’ils ne concernent que les Gens du voyage. Il faudra attendre 2017 pour qu’ils disparaissent.

Mais la fin de ces mesures se poursuit avec des politiques romanophobes envers les Roms – violences policières, violences sociales, destruction de camps – avec des atteintes, non seulement aux droits des adultes, mais aussi aux droits des enfants, notamment en matière de scolarisation.

Qu’est-ce qui vous pousse à y revenir aujourd’hui ?

Nous avons un autre exemple avec celui des violences policières. L’État français a été condamné à deux reprises pour des contrôles au visage. Une première fois en 2016 par la Cour de cassation. Les juges soulignent que les contrôles faciaux sont effectués quotidiennement, qu’ils ne relèvent pas de la responsabilité des policiers mais qu’ils sont bien défendus par l’institution policière et le gouvernement.

En 2021, suite à des contrôles faciaux, des lycéens ont porté l’affaire devant la justice. La cour d’appel a confirmé la condamnation pour négligence grave. Il s’agit bien d’un racisme d’État avec des hommes et des femmes racisés qui sont contrôlés sur la base de critères ethno-raciaux. Mais ces deux convictions n’ont absolument rien changé.

Si rien n’a changé, comment les deux mandats d’Emmanuel Macron s’inscrivent-ils dans cette histoire ?

Il y a une continuité et une évolution. Continuité avec l’évolution en matière d’attaques contre les droits et libertés démocratiques en France qui a commencé sous Sarkozy, s’est poursuivie sous Hollande, puis sous Emmanuel Macron. Aggravation, notamment avec la loi contre le séparatisme qui repose sur la conviction que la France serait confrontée à des menaces existentielles du point de vue de l’unité nationale. On sait aujourd’hui que c’est avant tout une loi qui a fonctionné contre les associations musulmanes, puis contre les « Soulèvements de la Terre » qui étaient menacés de dissolution. C’est un texte écrit avec une incrimination très large, volontairement rédigé de manière très vague, pour frapper une série d’associations qui ne plaisent pas au gouvernement. C’est d’ailleurs sous les deux mandats d’Emmanuel Macron que le plus grand nombre d’associations ont été dissoutes.

Sans compter les atteintes à la liberté de manifester avec l’évolution de la doctrine policière. Par exemple, la police française peut utiliser des fusils d’assaut. Et que contrairement à ce qu’affirme le ministre Gérald Darmanin, les sinistres célèbres LBD et grenades de désencerclement sont considérées dans le Code de la sécurité intérieure comme des armes de guerre.

 
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