Médecin-chercheur, très impliquée dans la vie associative et fondatrice du Camp des Milles, l’Aixoise Murielle Mollo signe avec « Aventurières insoumises » une saga romantique en France occupée. Ce troisième roman, qu’elle publie chez Amphortas et qu’elle présentera à la librairie Goulard le 24 avril à 17 heures, se distingue par le portrait de trois femmes d’exception plongées dans les bouleversements de la grande Histoire.
Ce livre, largement inspiré de faits réels, résonne particulièrement avec l’actualité nationale de la commémoration en 2024 des 80 ans de la Libération de la France, mais aussi, et Murielle Mollo le mentionne dans sa préface, avec l’actualité internationale des guerres en Ukraine et Moyen-Orient, tout comme les attentats du 7 octobre.
Un officier de liaison au milieu du maquis Limousin
Préfacé par l’humoriste Popeck, lui-même enfant caché pendant la guerre, et que le roman a beaucoup ému, « Aventurières insoumises » centre son récit sur l’épopée de résistants au cœur d’or. Louise, 18 ans, risque chaque jour sa vie comme agent de liaison dans le maquis du Limousin.
Talia, juive polonaise, tente de poursuivre ses activités professionnelles malgré le danger constant. Hannah, une petite fille imprudente au destin d’enfance caché, s’inquiète du sort de ses parents. On retiendra de belles pages sur la naissance de Gavri, le fils de David et Talia né en juillet 1931 au moment où les nuages commençaient à s’amasser sur l’Europe.
L’exode de mai 1940 où l’on voit les gares et les trains pris d’assaut par des populations cherchant à fuir le nazisme est décrit de manière quasi journalistique, Murielle Mollo ne recherchant pas l’effet de style mais la véracité. faits.
La vie poursuit son cours, tant bien que mal, dans le souci de cacher aux yeux des autres sa judéité qui mettrait en danger sa sécurité, d’obscurcir ses souffrances, de masquer ses peurs.en plaisantant de manière ludique sur les anecdotes qui occupent leur quotidien», et surtout trouver à manger, autant d’actions quotidiennes répétées avec la peur au ventre, et que le romancier présente dans de larges réflexions sur la barbarie.
L’arrestation le 25 mai 1944 de Lily, effectuée comme on pouvait s’en douter sans précaution de manière spectaculaire, alors qu’une compagnie entière du GMR (Groupe Mobile de Réserve) encerclait le village de Sauviat-sur-Vige, commune française située en Haute -Vienne, c’est bien sûr glaçant.
Un roman cinématographique
L’auteure d’une générosité absolue qui, si elle n’est pas une grande styliste, est une conteuse aguerrie, transforme aussi son récit en un road movie de peur et de courage. Avec entre autres la ville de Nice et la Savoie comme étapes et décors secondaires.
En parallèle ici avec “Un sac de billes”, l’histoire écrite par Joseph Joffo avec l’aide de Patrick Cauvin, et qui a donné naissance à un film très émouvant avec Patrick Bruel, où Bernard Campan, habitué aux rôles plutôt légers, incarne un collaborateur sauvé. du lynchage par un petit enfant juif. Ce lien se retrouve aussi dans la structure très cinématographique du roman citoyen que Murielle Mollo développe avec des préoccupations pédagogiques, si bien que l’on retient aussi cette pensée de Brecht notant « Combien est fécond le ventre d’où est sortie la bête immonde ! »
« Les aventuriers rebelles » de Murielle Mollo. Éditions Amphortas, 18 €. À la librairie Goulard, le 24 avril à 17h
