Cinq questions à Luc Bossé, fondateur des Éditions Pow Pow

Cinq questions à Luc Bossé, fondateur des Éditions Pow Pow
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Q Bonjour Luc ! Évidemment, vous avez un flair pour dénicher des bédéistes dont les œuvres trouvent un écho auprès des lecteurs québécois d’aujourd’hui. Comment décririez-vous la ligne éditoriale de Pow Pow ?

R. C’est comme un bâillon courant cette question, car il n’y en a vraiment pas.

Déjà, avec les deux premiers livres parus, Yves, le roi de la croisière Et Apnée, il y avait de l’humour et du drame, qui sont vraiment aux extrémités opposées du spectre. Au fil des années, il s’est rempli entre les deux et même davantage. Il y a des cas qui font un peu penser aux ovnis Ping pong qui est plus un essai et des trucs comme [ce que fait] Julie Delporte qui n’a pas de cartons et qui est plutôt du dessin et du ressenti.

Mes premières décisions concernant la ligne éditoriale étaient beaucoup plus graphiques. Dès le début, j’ai souhaité que nos livres soient dans le même format, un format moins standard dans le monde de la bande dessinée et plus proche du monde littéraire.

Q Passages secrets : trompe l’oeil d’Axelle Lenoir est l’un des deux ouvrages publiés par Pow Pow en lice pour le Grand Prix Québec BD qui sera présenté vendredi à 19 h au Musée de la civilisation. Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce projet ?

R. Tout d’abord, c’est très drôle. [Ensuite], je suis attiré, certes, par les livres, mais aussi par les auteurs. Si je m’entends bien avec quelqu’un et que j’aime son travail, je le suivrai partout où il voudra aller. Je le savais déjà depuis plusieurs années [Axelle]que j’ai regardé son travail, que j’ai vu son évolution et je pense qu’elle réalise actuellement ses meilleures œuvres.

[Passages secrets: trompe-l’œil] est le premier livre d’une trilogie. Je trouve que c’est un projet extrêmement ambitieux. Au début, ce sont des petites histoires courtes et drôles et ça va devenir un peu plus complexe, un peu plus dramatique, un peu plus fantastique.

J’ai déjà lu le deuxième – il n’a pas encore fini de dessiner, mais j’ai lu tout le scénario – et il y a eu deux moments où j’ai vraiment pleuré. On la suit dans sa jeunesse comme une fille qui grandit avec ses frères et ses parents extraterrestres. Ensuite, il y a le monde parallèle de son jumeau cosmique, mais celui-ci n’est pas beaucoup abordé dans le premier tome, il se développera davantage dans le second.

>>>Passages secrets : Trompe-l’oeilpremier tome de la trilogie d’Axelle Lenoir. (Éditions Pow Pow)>>>

Q Et la bande dessinée de Thom, Drame botanique?

R. C’est le troisième livre de Thom et c’est son meilleur. Ce que je trouve fantastique chez Thom, c’est qu’on lit ce livre et, quand on le pose, on a vraiment l’impression d’avoir lu le texte. Ce qu’il dit est tellement clair.

Pour moi, le dessin est une forme d’écriture. Les hiéroglyphes chez les Égyptiens sont des dessins et ils écrivent.

Il y a une calligraphie ci-jointe [au dessin] et je trouve vraiment la calligraphie de Thomamusant. Il y a un balançoire dans son dessin, c’est super dynamique et expressif. Il y a une narration et une histoire, mais, comme il n’y a pas de texte, cela laisse aussi place à une histoire que l’on construit dans sa tête.

Et j’ai aussi pleuré en lisant cette BD…

>>>Drame botaniquepar Thom (Éditions Pow Pow)>>>

Q Travaillez-vous uniquement avec des dessinateurs québécois?

R. En fait, faire de la bande dessinée québécoise n’a jamais été un choix. C’est le monde qui nous entoure et, au fil du temps, nous commençons à recevoir des manuscrits du monde entier.

Nous en avons publié un en portugais l’année dernière et nous allons en publier un en néo-zélandais cet automne. Il y a aussi déjà eu la collaboration avec Lewis Trondheim et son épouse Brigitte Findakly pour le coquelicots irakiens.

De plus, nous essayons de traduire des livres et de développer le marché américain. J’imagine que cela ouvrira d’autres portes. Nous avons un distributeur américain depuis l’été dernier.

Le prochain qui sortira, en mai, est Une méduse/La méduse. Juste avant, c’était Confessions d’une femme normale.

Q Avez-vous l’impression que la bande dessinée a gagné en popularité ces dernières années ?

R. J’ai vu un changement de mentalité. J’entends moins souvent, lorsque les jeunes s’intéressent à nos livres, des parents dire « non, non, on va t’acheter un vrai livre ». C’est difficile à entendre. D’abord, votre enfant a envie de lire : laissez-le lire !

Il semble qu’avant, il y avait une sorte de honte à lire des bandes dessinées, mais il semble que les gens tournent le dos et se rendent compte qu’il y a des sujets adultes là-dedans. En France, il y avait une culture beaucoup plus décomplexée par rapport à ça. Nous sommes en train de rattraper notre retard, je pense. Et cela se voit dans le nombre d’auteurs locaux qui se développent.

*Les questions et réponses peuvent avoir été modifiées pour plus de clarté et de concision*

Le Festival BD de Québec se poursuit jusqu’au 14 avril. Découvrez toute la programmation ici.

 
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