Donald Trump promet de forer davantage, mais ce n’est pas si simple

Donald Trump promet de forer davantage, mais ce n’est pas si simple
Donald Trump promet de forer davantage, mais ce n’est pas si simple

« Nous allons forer aussi fort que possible. » Donald Trump a répété dans son discours d’investiture, lundi 20 janvier, ce qui était l’un de ses slogans de campagne. « Nous redeviendrons une nation riche, et c’est l’or liquide sous nos pieds qui nous y aidera »a expliqué le nouveau président américain. Ces propos, inquiétants sur le plan climatique, ne sont pas vraiment nouveaux. “En matière de politique énergétique, il existe un continuum de présidents américains, marqués par la volonté de maintenir des prix de l’essence bas”, rappelle Philippe Chalmin, professeur à l’université Paris-Dauphine. En 2022, Joe Biden accusait déjà les compagnies pétrolières de ne pas forer suffisamment, et donc de contribuer à la flambée des prix, préférant verser davantage de dividendes à leurs actionnaires. Il relance alors les explorations sur les terres fédérales, à l’opposé de ce qu’il avait promis.

Car la révolution des hydrocarbures non conventionnels (pétrole et gaz de schiste) bat son plein aux États-Unis, dans des proportions difficilement imaginables en Europe. «Depuis 2017, les États-Unis sont devenus le premier producteur mondial de pétrole et de gaz et même exportateurs nets depuis 2020. Et les réserves sont considérables.», explique Laurent Carroué, directeur de recherche à l’Institut français de géopolitique (IFG).

13,5 millions de barils par jour

Aujourd’hui par exemple, dans le bassin permien, à cheval entre le Nouveau-Mexique et le Texas, le principal problème est de disposer de suffisamment de canalisations pour évacuer le gaz, extrait en même temps que le pétrole. «La simplification des procédures annoncée concerne non seulement la délivrance de nouveaux permis, mais aussi la construction de nouvelles infrastructures de transport, tout aussi indispensable. souligne Anne-Sophie Corbeau, chercheuse au Center on Global Energy Policy de l’Université Columbia à New York.

L’une des premières décisions de Donald Trump a été d’abandonner le moratoire sur la construction de nouveaux terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL), décidé par Joe Biden en 2024. Une mesure qui devrait plutôt bien être vue en Europe, qui entend augmenter ses importations de gaz naturel liquéfié (GNL). Du gaz américain pour remplacer l’arrêt total des livraisons de gaz russe, prévu pour 2027, lorsque la demande est au plus haut. Cinq terminaux devraient ainsi voir le jour d’ici 2028-2029 en plus des sept actuellement en service. « Mais les cargaisons de GNL se dirigeront vers le plus offrant, l’Europe ou les États-Unis.», believes Anne-Sophie Corbeau.

C’est surtout en matière de pétrole que l’augmentation de l’offre, promise par Donald Trump, se heurte à de nombreux obstacles. Les Etats-Unis affichent déjà une production record, de l’ordre de 13,5 millions de barils par jour (b/j), + 60 % sur cinq ans. Il n’est pas sûr qu’ils soient en mesure de faire beaucoup plus dans l’immédiat, notamment en termes de raffinage du pétrole de schiste.

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De nombreuses incertitudes géopolitiques

Certes, le nouveau président entend lever les restrictions, notamment environnementales, pour exploiter de nouveaux territoires. Mais les décrets interdisant les forages sur une zone maritime de 2,5 millions de kilomètres carrés, notamment au large des côtes de l’Alaska, pris par son prédécesseur en janvier, pourraient compliquer sa tâche, entraînant une longue bataille au Congrès.

Une augmentation de la production pétrolière risque également d’accélérer la chute des prix. Il n’est pas sûr que les entreprises américaines soient partantes. Car malgré les réductions volontaires de l’OPEP et de ses alliés, la production mondiale de pétrole devrait augmenter plus rapidement que la demande, laissant ainsi place à une offre excédentaire.

Restent les nombreuses incertitudes géopolitiques, avec des conséquences incertaines sur les prix que Donald Trump veut maintenir bas. « Que se passera-t-il si le Canada réduit ses exportations de pétrole vers les États-Unis, soit 4 millions de barils par jour, en représailles à l’augmentation des tarifs douaniers ? ? », note Philippe Chalmin. Personne ne sait non plus si un éventuel accord de paix entre la Russie et l’Ukraine pourrait conduire à une levée des sanctions sur le gaz et le pétrole russes. Sans parler de l’avenir des relations avec l’Iran et le Venezuela.

 
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