Pour lui, les Américains sont confrontés à un monde qui appartient au passé. “En réalité, le slogan « Rendre sa grandeur à l’Amérique » vise à restaurer son prestige. Le présent est source d’insatisfaction pour l’électeur et l’avenir fait peur. Il n’y a donc qu’une seule solution : regarder vers le passé et penser que le passé était glorieux.»
Licenciements en série, peine de mort, existence de « deux sexes »… Trump passe à l’action directe, voici ses premières décisions
Ce cofondateur, économiste chez Orcadia Asset Management et ancien conseiller de personnalités politiques, a également décortiqué l’une des mesures fortes contre les Européens avec une augmentation des frais de douane. “Pour moi, il ne s’agit pas d’une erreur de stratégie politique puisque ce thème a été déterminant dans la campagne. En revanche, nous sommes dans le domaine de la malhonnêteté intellectuelle. L’erreur est avant tout économique. La première victime sera le consommateur américain pour qui il coûtera plus cher de mettre des jouets sous le sapin de Noël fin 2025.
L’économiste ne croit pas à cette mesure sur le long terme. “Je pense qu’il s’en rendra vite compte et changera d’avis. Donald Trump est un opportuniste. Il utilisera l’arme tarifaire de manière discriminatoire. En réalité, il va dire aux entreprises : « soyez gentils avec moi ou je vous imposerai des tarifs douaniers ». Il ne s’agira donc pas de tarifs généralisés, mais personnalisés.
Trump, une leçon politique pour l’Europe ?
Comment l’Europe doit-elle se positionner vis-à-vis des États-Unis ?
Actuellement, les pays se positionnent différemment par rapport aux élections. Certains en ont peur, d’autres veulent absolument collaborer. Pour Etienne De Callataÿ, le dialogue sera essentiel avec nos alliés américains. Même si l’Europe devra faire valoir ses intérêts. “Surtout sur les géants de la technologie. »il s’agrippe. “Il serait inconcevable que nous abandonnions nos exigences en matière de confidentialité, de concurrence ou de pratiques éducatives. Il ne faut surtout pas céder face aux grands industriels qui seraient soutenus par Trump.»
-Il va en revanche falloir céder du terrain sur d’autres sujets. “Comme les budgets de la défense par exemple. Nous devons accepter qu’aujourd’hui nous devons augmenter le budget. Nous avons profité trop longtemps du parapluie américain sans le payer. Mieux vaut dépenser un peu plus, tant pour votre sécurité que pour votre autonomie.
“J’espère qu’il nous impressionnera” : les trumpistes se remettent à rêver
Un modèle qui se généralise à travers le monde ? “Un exemple belge peut rassurer”
Etienne De Callataÿ n’est pas le seul. Mais il s’inquiète particulièrement de la montée des extrêmes. “Ce qui se passe dans le monde n’est pas propre à M. Trump. De l’Argentine aux autres pays européens, on voit que cette façon d’aborder les choses a une certaine résonance sur le plan électoral.»
Ce qui veut dire qu’il va falloir s’habituer à voir ce type de personnalité au pouvoir. “Je pense qu’aujourd’hui, malheureusement, la modération n’est pas toujours récompensée.»
Éternel optimiste, l’économiste estime néanmoins qu’il y a des points lumineux dans le gris. Et particulièrement en Belgique. “Les élections de juin dernier ont été plutôt mauvaises pour des partis qui auraient été extrémistes ou très radicaux. Et on a vu un parti relativement centriste, « Les Engagés », auteur d’un discours tempéré, faire bien mieux que prévu. Il ne faut donc pas désespérer de l’électorat. Mais force est de constater qu’une bonne partie de cet électorat recherche un message de changement profond.»
