Kim Yaroshevskaya est décédée dimanche à l’âge de 101 ans. Tantôt Fanfreluche, tantôt Grand-mère, sa voix aura bercé des générations d’enfants.
Mis à jour hier à 19h06
Lire la chronique de Mario Girard : « Merci pour le rêve, chère Kim ! »
Né le 1est Octobre 1923 en Union Soviétique, elle arrive au Québec à l’âge de 10 ans, puis entre à l’École des Beaux-Arts de Montréal en 1940. Artiste dans l’âme dès son plus jeune âge, elle suit des cours de musique, de dessin et de danse, avant de découvrir un l’amour du théâtre.
« Kim, c’était un arbuste avec des branches. De fantaisie, d’amitié, de générosité, d’amour…», énumère le comédien Marcel Sabourin, qui fut un de ses grands amis.
« Elle avait un talent extraordinaire pour parler au monde. Quelle chance qu’elle soit venue ici pour s’épanouir dans son talent, dans sa personnalité ! », ajoute-t-il.
La naissance de Fanfreluche
Dans les années 1950, avec sa troupe de théâtre Le Grenier, elle crée le célèbre personnage de la poupée Fanfreluche. Elle l’incarnera par la suite à - dans les émissions de télévision Fafouin, La boîte surprise et Fanfrelucheraconter « une belle histoire à sa manière ».
« J’ai eu une chance incroyable d’avoir exactement l’âge requis pour écouter ses émissions de télévision. Elle est devenue presque ma meilleure amie, comme pour plusieurs personnes», raconte la comédienne Pascale Montpetit.
“Le plus grand héritage qu’elle nous a laissé est la capacité de changer le cours de l’histoire”, ajoute la réalisatrice Jennifer Alleyn, qui a été son amie pendant 35 ans. « Elle l’a fait avec ses histoires. C’est comme ça qu’elle nous a charmés : elle a décidé que le grand méchant loup ne mangerait pas le Petit Chaperon Rouge. Elle s’est permise de changer le cours de ses histoires, comme elle a changé le cours de sa propre histoire, puisqu’elle a été contrainte de quitter la Russie, de quitter une langue, une famille. »
Elle enseignait aux enfants cette force, ce triomphe de l’imagination sur la réalité. Elle m’a vraiment transmis cette foi en l’imaginaire. Et aussi cette possibilité d’être absolument libre de son propre destin.
Jennifer Alleyn, réalisatrice
Clémence DesRochers a connu Kim Yaroshevskaya à la fin des années 1960, au moment de La boîte surprise. L’interprète de Mademoiselle Sainte-Bénite n’a que des éloges pour son amie. «C’était une femme très douce. Et très fragile aussi. Elle était très intelligente. »
Les créateurs des émissions jeunesse de - forment alors un groupe soudé. « Nous avions chacun nos studios et nos journées de tournage, mais nous aimions beaucoup sortir ensemble », se souvient Clémence DesRochers. Nous sommes allés au Café des artistes et avons discuté. »
Lors d’une de ces rencontres, les deux femmes ont échangé chagrins et souvenirs. Cela a donné à Clémence l’idée d’écrire un texte (Le petit Russe), que l’on retrouve dans sa collection Le monde est drôlepublié en 1966.
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Quelques années plus tard, dès 1977, Kim Yarochevskaya réconforte une nouvelle génération de bambins dans la série culte Pass-Partoutoù pendant 10 ans elle joue le rôle de grand-mère, que Passe-Montagne, Passe-Carreau et Passe-Partout visitent régulièrement.
Elle a également joué dans de nombreux feuilletons, dont Peau de banane et Ent’Cadieux, et même au cinéma. Léa Pool a eu la chance de le réaliser en 1986 et 1988, pour les films Anne Trister et La tête la première. Le réalisateur a choisi Kim Yaroshevskaya parce qu’elle a inspiré une figure maternelle.
« Elle était très attentive, humble et chaleureuse dans sa façon de s’exprimer », se souvient M.moi Piscine. “Beaucoup de lumière et d’amour émanaient d’elle.”
Un conteur talentueux
En 1998, elle publie Chez Petite Kim, un livre d’histoires pour enfants inspirées de sa propre enfance. “J’adore les histoires et j’ai une manière très personnelle de les raconter”, a déclaré l’actrice à Magazine de l’Île-des-Sœursen janvier 2008.
Contes et fables seront omniprésents tout au long de sa carrière, même après avoir laissé derrière elle les personnages de Fanfreluche et de Grand-Mère. Kim Yaroshevskaya aimait monter sur scène et raconter de sa voix douce à un public captivé ces contes et légendes, sortis de sa tête ou d’ailleurs.
L’actrice a également entretenu sa passion pour les planches tout au long de sa vie. À l’hiver 2012, elle monte sur la scène du Théâtre du Rideau vert, où elle joue dans la pièce Veillée (ou Le Gardien)avec Éric Bernier. Au théâtre, elle a également interprété des pièces d’Eugène Ionesco, Alfred Jarry et Anton Tchekhov.
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«Malgré son âge, elle a toujours été du côté de la modernité», affirme son ami, le metteur en scène et dramaturge Stéphane Lépine, d’une voix pleine d’émotion. Il a collaboré avec elle pour monter son dernier spectacle, Mon voyage en Amériqueau Quat’Sous.
En 2017, elle publie sa biographie qui porte le même nom. Pascale Montpetit a eu l’occasion de travailler avec elle à la lecture de son histoire, de la lire sur scène à plusieurs reprises dans les années qui ont suivi.
« Elle avait une incroyable capacité d’émerveillement, elle ne s’apitoya jamais sur son sort malgré une vie pleine de défis », se souvient l’actrice.
Elle avançait toujours vers la vie. Elle a toujours dit qu’il fallait choisir ce qu’on aime.
Pascale Montpetit, actress
C’est sereinement, paisiblement, que Kim Yaroshevskaya a rendu son dernier souffle, selon Jennifer Alleyn, qui était à son chevet lors de ses derniers jours.
« Elle était prête pour son dernier voyage », assure M.moi Alleyn. Elle s’est envolée, entourée d’amour. Même si c’est une femme qui n’a pas été mère, elle a eu tous les enfants du Québec. »
Avec La Presse Canadienne, Mario Girard, La Presse, et Luc Boulanger, La presse
Ils ont dit
Kim Yaroshevskaya, qui a égayé la vie de plusieurs générations de jeunes et de vieux enfants, est décédée. […] Nos sincères condoléances à ses proches, à sa famille et à tous ceux touchés par ses personnages.
L’Union des artistes du Québec
Merci Fanfreluche de nous raconter de belles histoires à ta manière.
Le premier ministre du Québec, François Legault
[Elle] laisse derrière elle un héritage qui la dépasse et qui continuera de faire rêver le Québec et ceux qui le rejoignent, bien après son départ.
Le député péquiste Pascal Bérubé
Kim Yaroshevskaya a su toucher le cœur de millions de Québécois.
Le chef par intérim du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay
Elle était comme ma troisième grand-mère. Merci Mme Yaroshevskaya.
The co-spokesperson for Québec solidaire, Ruba Ghazal
C’est une grande Montréalaise qui nous quitte aujourd’hui, mais son héritage ne sera jamais oublié.
La mairesse de Montréal, Valérie Plante