Je n’aime pas les classements publiés par les médias en fin d’année. Ai-je vraiment besoin de rappeler que Patrick Roy est devenu entraîneur des Islanders de New York en janvier ou qu’un bris d’aqueduc majeur s’est produit près du pont Jacques-Cartier en août ?
En fait, il y a plusieurs événements que je préférerais oublier, comme les manœuvres malhonnêtes de notre équipe féminine de football aux JO de Paris.
J’ai commencé à m’intéresser aux Jeux Olympiques avant la chute du rideau de fer.
La République démocratique allemande (RDA), satellite de l’ancienne Union soviétique, a souvent dominé les épreuves aquatiques des Jeux d’été. L’apparence et la carrure des nageurs est-allemands laissaient perplexe. Nous pourrions conclure qu’ils ne mangeaient pas seulement des escalopes.
Leurs performances aux Jeux de Montréal en 1976 (dix médailles d’or et huit records du monde) ont presque éclipsé celles de Nadia Comaneci. Même si peu d’informations existaient à l’époque sur les effets des stéroïdes, la communauté olympique soupçonnait plusieurs biochimistes de travailler au service du sport en RDA.
Historiquement, certains athlètes ont cherché des raccourcis vers le podium – parfois le fruit d’une opération menée par un pays (comme la RDA), mais très souvent une initiative personnelle motivée non pas par l’auto-amélioration, mais plutôt par celle de l’adversaire. L’augmentation des cas de dopage a conduit à la création de l’Agence mondiale antidopage, dont le siège social est à Montréal. Pierre de Coubertin ne travaillait pas dans un laboratoire lorsqu’il déclarait que « l’important c’est de participer ».
Et pendant très longtemps, c’est ce que les Canadiens ont fait la plupart du temps pendant les Jeux olympiques : ils ont participé. Le pays a remporté quelques médailles ici et là ; remporter une médaille d’or a provoqué des manifestations spontanées au Canada (faut-il rappeler que nous n’en avions pas gagné aux Jeux de Montréal ?). Au cours des 30 à 35 dernières années, probablement grâce aux importants programmes de financement mis en place par les gouvernements, le Canada a obtenu de meilleurs résultats. Pas seulement à la piscine ou sur la piste d’athlétisme, mais aussi dans les sports d’équipe comme le basket-ball et le football, où d’autres ont excellé bien avant nous.
Historiquement – mis à part le cas malheureux de Ben Johnson – le Canada peut se vanter d’adhérer aux principes olympiques de Fair-play. Nos adversaires, j’en suis convaincu, nous perçoivent comme des athlètes honnêtes (probablement comme le sont notamment les Français, les Britanniques et les Australiens). L’équipe canadienne féminine de soccer a sérieusement gâché la situation l’été dernier à Paris.
S’appuyant sur une version techno des stéroïdes (un drone, etc.), ils ont espionné les entraînements des adversaires à la veille du tournoi olympique, notamment la Nouvelle-Zélande, équipe nettement inférieure au Canada. Un peu comme si notre équipe masculine de hockey avait installé des caméras dans l’amphithéâtre où la France s’entraînait avant un match contre elle. Les espions ont mis la main sur la télécommande. Pendant plusieurs semaines, ce sujet a alimenté les médias sociaux et dominé même les entrevues accordées aux athlètes olympiques canadiens. Et une nation avait vraiment honte.
Même si quelques entraîneurs et assistants ont perdu leur emploi, il est difficile de croire que seule une poignée de managers connaissaient l’existence de l’opération. D’autant qu’une enquête a révélé que ces manœuvres étaient utilisées depuis plusieurs années aussi bien par les équipes masculines que féminines. Je ne sais pas si ce qui me déçoit le plus, c’est la tricherie elle-même ou le manque de reportage de la part des membres de ces équipes.
Ce qui est aussi surprenant, c’est cette envie de tricher dans un sport où l’on excelle. Ce n’est pas comme si nous retournions 40 ans en arrière avec peu d’acteurs de calibre international et encore moins de ressources financières. L’équipe féminine avait gagné la médaille d’or aux derniers Jeux d’été de Tokyo (en 2021).
Comme les nageurs est-allemands – cette fois, j’en conviens, sans l’imprimatur de l’État – nous allions utiliser tous les moyens à notre disposition pour gagner.
Je trouve habituellement que les parlementaires sont en difficulté lorsqu’ils ont un scandale à leur actif. Mais cette fois, ils avaient toutes les raisons de s’indigner et d’exiger des comptes. Ce n’est pas seulement l’image du Canada qui a souffert, mais aussi la confiance des Canadiens dans les leaders des disciplines sportives qu’ils financent.
Nous sommes souvent à la merci des sentiments patriotiques lors des Jeux Olympiques. Les performances de nos athlètes et les incroyables sacrifices qu’ils consentent nous tiennent à la gorge. Mais il fallait envoyer un message fort à l’ensemble du mouvement olympique canadien : nous préférons terminer huitièmes plutôt que de finir. d’abord en trichant.
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