François Bayrou a promis jeudi de présenter son gouvernement “avant Noël” et a appelé les partis, hors RN et LFI, à le rejoindre, tentant d’attirer la gauche en se disant prêt à “reprendre sans suspendre” la inflammable réforme des retraites, mais sans convaincre le Nouveau Front Populaire.
• Lisez également : Le nouveau Premier ministre français consulte et compose son gouvernement
• Lisez également : France: Emmanuel Macron appoints centrist François Bayrou as prime minister
“Une porte ouverte de bonne foi” : sans masquer son intention de rallier une partie de la gauche ni de la pousser à ne pas le censurer, le nouveau premier ministre a proposé sur France 2 de réfléchir à “une organisation différente” du régime des retraites d’ici septembre.
Il dit « croire » qu’il existe une alternative à l’âge légal de 64 ans, irritant majeur de la dernière réforme adoptée en 2023, mais « ne croit pas » que cette dernière puisse à terme être purement et simplement abrogée.
Alors qu’il tente d’obtenir une majorité malgré une Assemblée nationale quasi inconciliable, François Bayrou a affirmé « que la voie existe ». “Si nous ne réussissons pas ce test, alors c’est la dernière station avant la falaise”, a-t-il ajouté.
Nommé vendredi et acculé de toutes parts après un début semé d’embûches et de polémiques, le Premier ministre s’est exprimé quelques heures après une réunion au sommet à Matignon, où il a reçu les chefs de partis et de groupes parlementaires (hors RN, UDR et LFI) et les présidents. de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et du Sénat Gérard Larcher.
Aux responsables réunis autour de la table, il a promis une nomination gouvernementale « avant Noël », l’espérant même « pendant le week-end ». Et a demandé à ses interlocuteurs une réponse sur leur participation au gouvernement d’ici vendredi “à midi”, pour clarifier les positions de chacun et notamment des Républicains, qui n’ont toujours pas officialisé leur choix.
Non 49.3 sauf « blocage absolu »
Tentant de tendre la main à gauche, le locataire de Matignon a promis de ne pas utiliser l’arme du 49.3, “sauf blocage absolu sur le budget” pour 2025, actuellement suspendu. Un budget qu’il « espère » parvenir « d’ici la mi-février », un délai très ambitieux compte tenu des impératifs parlementaires.
Mais à l’issue de la réunion à Matignon, les oppositions ne semblaient pas convaincues, loin de là.
“Nous n’avons trouvé aucune raison de ne pas le censurer.” « Il faut vraiment que le Premier ministre et son entourage se réveillent », a déclaré le premier secrétaire du PS Olivier Faure.
« J’attends toujours que François Bayrou assume le rôle de Premier ministre. Mais je me demande s’il y parviendra”, a ajouté le chef des sénateurs écologistes, Guillaume Gontard, les communistes choisissant de leur côté une position “d’opposition résolue”…
Sans s’engager sur la participation des siens, le patron des députés LR Laurent Wauquiez a demandé aux autres représentants « un engagement de stabilité de six mois » pour le futur gouvernement Bayrou.
En réunion de groupe un peu plus tard, il a affirmé que les ministres LR sortants, comme Bruno Retailleau ou Annie Genevard, estimaient que les conditions étaient « plutôt mûres pour continuer ». Tout en demandant « un nouvel échange » avec le Premier ministre pour avoir des « éclaircissements », selon son entourage.
Autre engagement envers LR de la part du Premier ministre, il a déclaré publiquement qu’il souhaiterait que Bruno Retailleau reste en poste à l’Intérieur, car il a « montré ces dernières semaines et mois qu’il avait trouvé des décisions et des orientations qui répondaient en partie à ce qu’exigeait l’opinion publique ». .
Mais sa première semaine à Matignon, marquée par le barrage de critiques sur sa présence lundi au conseil municipal de Pau, reste bien difficile à oublier, alors qu’un cyclone vient de ravager Mayotte.
A ce sujet et alors qu’Emmanuel Macron était à Mayotte et ne souhaitait pas donner de calendrier de reconstruction, François Bayrou a lancé un objectif : reconstruire dans un délai “court”, “peut-être” dans “deux ans”.
Motion de censure ?
Le Premier ministre passera-t-il le risque de la censure, alors que 65 % des Français jugent ses débuts à Matignon « insatisfaisants », selon une enquête Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro ?
Le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon le promet déjà, « pour ne pas perdre notre - dans des débats sans issue », et appelle les autres partis de gauche à « rentrer chez eux ».
Le dépôt d’une motion de censure insoumise semble acquis à partir du 14 janvier, après la déclaration de politique générale de François Bayrou.
François Bayrou a affirmé lors de la réunion qu’il n’entendait pas « écarter » le RN ou LFI « de la vie nationale ». «Je trouverai des moyens de les impliquer dans le travail que nous avons à faire», a déclaré le Premier ministre, selon des propos rapportés par son équipe.