Il y a quelques semaines, l’éventualité d’un don de cent millions de dollars (121 millions d’euros) de l’homme le plus riche de la planète à Reform UK avait fait sursauter les conservateurs, qui craignaient ce rapprochement.
Le vice-président des Tories, Dominic Johnson, a accusé Elon Musk d’avoir « acheté » le parti de Nigel Farage, dont la poussée lors des dernières législatives a contribué à la débâcle des conservateurs, et qui affiche ses ambitions pour les prochaines législatives en 2017. 2029.
Le risque pour les Tories d’être dépassés par l’extrême droite est bien réel, suivant une tendance observée en Europe, estime Russell Foster, professeur de sciences politiques au King’s College.
“Des gens comme Elon Musk, Donald Trump, Nigel Farage (…) détestent vraiment la droite traditionnelle” qu’ils accusent notamment d’être devenue trop libérale sur les questions sociétales. Les partis conservateurs en difficulté en Europe « n’ont pas été détruits par la gauche ou le centre, ils ont été détruits parce que des mouvements de droite encore plus nombreux se sont développés », ajoute-t-il.
Inquiétude aux Etats-Unis : Elon Musk annonce une liste de postes qu’il souhaite supprimer, “c’est sa façon d’intimider les gens pour qu’ils démissionnent”
État « tyrannique »
Pour l’instant, c’est principalement le gouvernement travailliste de Keir Starmer qu’Elon Musk s’en prend sur son réseau social X. Et ce depuis les émeutes anti-migrants et islamophobes qui ont éclaté l’été dernier au Royaume-Uni. Le fondateur de l’Espace
Un discours très populaire parmi les influenceurs d’extrême droite britanniques, réadmis sur X depuis son rachat par Musk en 2022.
Il a également déconseillé de se rendre au Royaume-Uni, accusant le gouvernement, contraint de libérer certains détenus faute de place carcérale, de “libérer des pédophiles pour faire de la place à des personnes condamnées pour leurs messages sur les réseaux sociaux”.
Et il a soutenu une pétition sur X pour de nouvelles élections générales, accusant les travaillistes de diriger « un État policier tyrannique ».
Elon Musk « semble croire qu’il est en mission contre l’establishment », souligne Russell Foster, et cela « dans un contexte où les Britanniques n’ont plus confiance en leur gouvernement, leurs institutions ».
Pour certains observateurs, elle serait aussi motivée par la volonté du gouvernement britannique de durcir la législation sur les réseaux sociaux. Cet été, au lendemain des émeutes anti-immigration, Keir Starmer a dénoncé des violences « clairement alimentées en ligne ».
Keir Starmer n’a ensuite pas invité Musk à un sommet sur les investissements étrangers en septembre. Un affront durement vécu par le milliardaire, selon des proches cités dans les médias.
Mais la situation s’est compliquée depuis l’élection à la Maison Blanche de Donald Trump, dont Elon Musk est devenu indissociable.
D’autant que les travaillistes, historiquement plus proches des démocrates, ont fait des efforts ces derniers mois pour nouer des contacts avec les républicains. Starmer a notamment rencontré Trump en septembre à New York.
Un porte-parole de Downing Street a assuré que Keir Starmer « avait hâte de travailler avec le président Trump et toute son équipe, y compris Elon Musk ».
“Starmer est bien conscient qu’il ne peut pas s’aliéner le futur président américain” et que pour “maintenir cette ‘relation spéciale’, peu importe qui occupe la Maison Blanche, nous devons être agréables avec Washington”, souligne Russell Foster.
L’ancien ministre travailliste Peter Mandelson, pressenti pour devenir ambassadeur aux Etats-Unis, a jugé “imprudent” d’ignorer Elon Musk, appelant le parti travailliste à “ravaler sa fierté” et à mettre un terme à cette “querelle”. Quitte à demander, selon lui, à Nigel Farage de renouer les liens avec le turbulent milliardaire.