C’est désormais officiel : 2024 deviendra certainement la première année civile où la Terre dépassera le seuil de 1,5°C de réchauffement climatique par rapport à l’ère préindustrielle. C’est le service changement climatique de l’observatoire européen Copernicus qui en a fait l’annonce, lundi 9 décembre.
L’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C – auquel les États se sont engagés en signant l’accord de Paris – n’est cependant pas encore effectivement dépassé. Car le climat connaît des variations naturelles d’une année à l’autre. Pour être officiellement atteint, le seuil de 1,5°C devra être mesuré en moyenne sur plusieurs décennies. Copernic mesure par exemple le réchauffement actuel à 1,3°C, en prenant en compte la moyenne des cinq dernières années.
Même si les chances d’atteindre l’objectif des 1,5°C paraissent aujourd’hui quasi nulles, ce chiffre est loin d’être uniquement symbolique. - revient sur quelques-unes des raisons qui ont rendu ce seuil crucial.
Les climatologues soulignent généralement que « chaque dixième de degré compte ». En ce sens, il n’est jamais trop tard pour agir, car toute augmentation de la température ne fait qu’augmenter le risque de changement climatique et la survenue de catastrophes toujours plus intenses. Le seuil de 1,5°C reste cependant important car il a été largement étudié par la science : les recherches montrent à quel point s’aventurer au-delà pourrait être dramatique pour de nombreux êtres, humains et non-humains.
10 millions de personnes supplémentaires touchées par la montée des eaux
En 2018, le GIEC a publié un rapport spécial sur les conséquences d’un réchauffement climatique de 1,5°C. D’ici 2100, notent les auteurs, un réchauffement limité à 1,5°C, par rapport à un réchauffement de 2°C, réduirait par exemple la montée du niveau des océans de 10 cm, exposant ainsi 10 millions de personnes à moins aux risques liés à la montée des eaux. niveaux.
Pluies torrentielles, canicules, baisse des rendements céréaliers, perte de biodiversité… Tous les dégâts sont bien plus importants à 2°C qu’à 1,5°C. Un cas emblématique est celui des coraux, très vulnérables aux canicules marines et qui abritent 25 % d’espèces océaniques connues : les pertes pourraient varier de 70 à 90 % à 1,5°C de réchauffement, contre 99 % à 2°C.
Le seuil de 1,5°C est particulièrement important pour les petits États insulaires en développement (NE LE FAITES PAS). Une étude publiée en 2023 dans la revue Durabilité de la nature conclut que, même limité à 1,5°C, le réchauffement menacera NE LE FAITES PAS des dégâts importants, « conduisant probablement à des migrations forcées ». Et les choses empirent dès qu’on dépasse 1,5°C.
C’est également ce que soulignent des chercheurs de l’Institut allemand d’analyse du climat dans un rapport publié en avril : « Par exemple, le montant des dégâts annuels dus aux cyclones tropicaux à Antigua-et-Barbuda augmenterait de près de moitié si le réchauffement climatique atteignait 1,7°C en 2050 au lieu de 1,5°C, et plus des trois quarts avec un réchauffement climatique de 1,8°C en 2050. contre 1,5°C. »
« De mêmepoursuivent les scientifiques, le nombre de personnes exposées chaque année aux canicules au Sénégal augmenterait de près d’un tiers avec un réchauffement climatique de 1,7°C en 2050 contre 1,5°C, et de moitié si le réchauffement atteignait 1,8°C à la même date. »
Des points de bascule irréversibles dans la balance
L’autre argument majeur en faveur du maintien de l’objectif de 1,5°C est la crainte que le climat de la Terre soit sur le point de franchir plusieurs points de bascule. Soit des transformations drastiques des écosystèmes, déclenchées par un certain seuil de température, et irréversibles. La disparition des récifs coralliens évoquée plus haut, ou encore la fonte de la calotte glaciaire au Groenland, font partie de ces points de bascule à éviter.
Une étude internationale publiée dans Science en 2022, on estime que plusieurs de ces points de bascule seraient probablement franchis, même avec un réchauffement de 1,5°C. Et plus la température est élevée, plus le nombre de points de bascule et la probabilité qu’ils soient franchis augmentent.
Sur la péninsule occidentale de l’Antarctique, de nombreux glaciers fondent à un rythme alarmant : les glaciologues ne savent pas si, pour certains d’entre eux, les points de bascule n’ont pas déjà été franchis ou sont en passe. point d’être. L’objectif de limiter le réchauffement à 2°C y est en tout cas jugé bien trop élevé.
Pour les Etats insulaires et les populations côtières en particulier, la montée des eaux ne s’arrêtera en aucun cas en 2100, souligne le rapport du GIEC sur un réchauffement à 1,5°C. Si les calottes glaciaires dépassent ces points de basculement, elles pourraient continuer à fondre sur une échelle de « du siècle au millénaire » écrivent les scientifiques, provoquant une montée des eaux de plusieurs mètres (contre quelques dizaines de centimètres anticipés en 2100). Ces instabilités glaciaires pourraient être déclenchées entre 1,5°C et 2°C de réchauffement.
« Il n’y a pas de point de bascule unique pour notre système climatique, maisrésume à - la climatologue Kristina Dahl, vice-présidente duONG Centrale climatique, chaque dixième de degré de réchauffement au-dessus de 1,5°C nous rapproche du déclenchement de dommages irréversibles, comme l’extinction d’espèces ou la libération de méthane très réchauffant contenu dans le pergélisol de l’Arctique. »
légende