Il y a tout juste un mois, la « goutte de froid » qui a provoqué des inondations violentes et meurtrières à Valence et ses environs a surpris de nombreux travailleurs au travail ou sur le chemin du travail.
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Jusqu’à 4 jours sans perte de revenus ni risque de sanction
Adoptée jeudi 28 novembre en Conseil des ministres, la mesure est entrée en vigueur ce vendredi. Elle précise que les salariés ont le droit de ne pas venir à leur poste de travail, ou d’en sortir si leur déplacement ou la nature de leur activité les expose à des risques météorologiques annoncés par une autorité publique. Cela inclut les autorités régionales, chargées de gérer les catastrophes naturelles, mais aussi l’Agence nationale météorologique (AEMT). Ce congé peut être prolongé jusqu’à quatre jours. Sans aucune perte de revenus, ni possibilité de sanction de la part de l’employeur. Le texte prévoit également que le salarié a le droit d’être informé par son entreprise de l’existence d’une alerte, de la procédure à suivre dans l’entreprise et de ses droits dans les plus brefs délais.
Un mois après les inondations dramatiques qui ont fait au moins 222 morts et 4 disparus dans le pays, la grande majorité à Valence, sur la côte sud-est, l’Espagne cherche à combler les lacunes flagrantes apparues dans sa préparation à de tels événements. . Des carences largement responsables de ce lourd bilan humain.
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Malgré les alertes rouges émises par l’AEMET dans la matinée, de nombreux travailleurs avaient en effet repris leur travail normalement. Gérées par les autorités régionales, les alertes directes adressées à la population via des messages sur ses téléphones portables n’arrivent que bien trop tard, vers 20 heures, alors que les inondations ont déjà commencé à se déchaîner. De nombreuses victimes ont été prises au dépourvu alors qu’elles se rendaient au travail ou rentraient chez elles. Certaines photos et vidéos montrent également des personnes coincées dans des centres commerciaux ou des supermarchés. Le syndicat « Commissions ouvrières » a dénoncé les pressions de certaines entreprises sur leurs salariés pour qu’ils restent ou viennent, malgré les avertissements de l’AEMET.
“A partir du moment où une autorité [publique]quoi qu’il en soit, indique qu’il y a un risque à voyager, le travailleur doit s’abstenir de voyager. La rédaction [du texte offre une définition] large, pour être sûr [que le travailleur] jouir de ce droit», a insisté la ministre du Travail, Yolanda Díaz, lors d’une interview à la télévision publique suite à l’adoption du « congé climatique payé ». La possibilité de ne pas prendre son poste ou de s’en absenter en cas de catastrophe existait déjà mais elle était imprécise et rarement utilisée pour ce type de situation.
Les entreprises devront élaborer des plans
Ces quatre jours d’absence payés en cas de risques liés aux intempéries font partie d’un ensemble de mesures, approuvées le 28 novembre, destinées à adapter le droit du travail à ces nouvelles réalités. En plus de ce congé, si des conditions climatiques défavorables persistent plus de quatre jours, les entreprises auront la possibilité de demander le recours au chômage partiel pour « cas de force majeure ».
Ils devront également élaborer des protocoles d’action pour prévenir les risques que peuvent représenter les événements climatiques pour leur personnel en fonction de leurs activités. Ils disposent de 12 mois pour produire ces normes et les négocier avec le personnel. Faire pression sur un salarié pour qu’il reprenne son emploi malgré un événement le mettant en danger pourrait être puni d’amendes de près de 50 000 euros à près d’un million d’euros. Le risque climatique sera désormais automatiquement identifié comme l’un de ces cas. “L’urgence climatique existe. Aujourd’hui, malheureusement, nous en souffrons à Valence et dans de nombreux autres endroits du pays. Nous adaptons donc la législation du travail à cette urgence climatique pour la première fois en Espagne», a insisté la ministre du Travail.