Les forces rebelles du groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui ciblent le régime de Bachar al-Assad, affirment avoir pris la ville clé du nord-ouest de la Syrie ce samedi 30 novembre au matin. Les troupes moscovites réagissent pour la première fois depuis 2016.
Trois jours d’une fulgurante offensive pour reprendre la deuxième ville et cœur économique de la Syrie aux mains du régime de Bachar al-Assad. Les forces rebelles du groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) seraient sur le point de renverser Alep ce samedi 30 novembre, dans le nord-ouest du pays.. «Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et les factions rebelles alliées a pris le contrôle de la majeure partie de la ville, des bâtiments gouvernementaux et des prisons »» a déclaré l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
La même ONG, basée au Royaume-Uni et qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie, a ajouté que “le gouverneur d’Alep et les commandants de la police et des services de sécurité retiré du centre-ville». Dans l’après-midi, l’OSDH a ensuite fait état de la prise de l’aéroport d’Alep par les rebelles, ainsi que d’autres localités des provinces voisines d’Idleb et de Hama.
Dans la matinée, l’armée syrienne a confirmé que des combattants anti-régime étaient entrés « grosses pièces » de la ville d’Alep. De la « organisations terroristes armées » lancé « une vaste attaque depuis plusieurs axes sur les fronts d’Alep et d’Idlib » (nord-ouest), selon un communiqué dans lequel l’armée fait état d’intenses combats sur “plus de 100 kilomètres”. « Des dizaines de membres de nos forces armées ont été tués et d’autres blessés » » continuait le texte.
Alors que les doutes à son encontre se multiplient, le président syrien Bachar al-Assad s’est exprimé dans la soirée dans un communiqué. « La Syrie continue de défendre sa stabilité et son intégrité territoriale contre tous les terroristes et leurs partisans et est capable, avec l’aide de ses alliés et amis, de les vaincre et de les éliminer, quelle que soit l’intensité de leurs attaques. »a-t-il déclaré lors d’un appel téléphonique avec son homologue émirati, selon le texte publié par la présidence.
Ce samedi, les forces russes, sponsor du régime d’Al-Assad, ont mené des raids sur Alep pour la première fois depuis 2016, selon la même ONG. Selon elle, les avions de combat « probablement russe » a pris pour cible des véhicules civils dans un secteur de la ville pris par les rebelles, provoquant « Au moins 16 morts et 20 blessés».
L’Iran, autre allié du régime Assad, a fait état dans l’après-midi d’une attaque menée par« éléments terroristes » sur son consulat à Alep. Un général iranien, “l’un des principaux conseillers iraniens à Alep”a également été tué jeudi, selon l’agence de presse iranienne Tasnim.
Le bilan provisoire de l’offensive lancée mercredi, depuis le dernier bastion rebelle et jihadiste majeur d’Idlib, qui jouxte la province d’Alep, s’élève à 311 morts – 183 combattants du HTS et leurs alliés, 100 soldats et membres des forces progouvernementales. et 28 civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.
Cette offensive qui met fin à des années de calme relatif dans le nord-ouest de la Syrie. Durant la guerre civile qui a éclaté en 2011 et qui a fait plus d’un demi-million de morts et des millions de déplacés, HTS, dominé par l’ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda, a pris le contrôle de vastes étendues de la province d’Idlib et des territoires voisins dans les régions. d’Alep, Hama et Lattaquié.
Le régime syrien a repris le contrôle d’une grande partie du pays en 2015 avec le soutien de ses alliés russe et iranien. Un cessez-le-feu parrainé par Moscou et Ankara après une offensive du régime en mars 2020 a contribué à établir un calme précaire dans le nord-ouest du pays.
Des entretiens téléphoniques ont également eu lieu ce samedi entre les chefs de la diplomatie russe et iranienne au sujet de la situation en Syrie. Au cours de cette conversation entre Sergueï Lavrov et Abbas Araghchi, «Les deux parties ont exprimé leur extrême inquiétude face à la dangereuse escalade de la situation en Syrie»» a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. De son côté, son homologue iranien a insisté sur « le besoin de vigilance et de coordination » entre les deux pays afin de “neutraliser ce dangereux complot et contrer les actions des groupes terroristes en Syrie et dans la région”, selon un communiqué de presse officiel.
La France, de son côté, a appelé en fin de journée ce samedi « toutes les parties doivent respecter le droit international humanitaire et protéger les populations civiles » à Alep, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Mise à jour : à 21h13, avec ajout de la déclaration de Bachar al-Assad.