le député sortant des Français de l’étranger en campagne à plein régime

Le député Karim Ben Cheikh à l’Assemblée nationale, à Paris, le 4 avril 2024. EMMANUEL DUNAND / AFP

Pendant deux ans, Karim Ben Cheikh a tenu des réunions de “cirque” comme les avions. Mais depuis la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin et la convocation des élections législatives, le rythme des déplacements du représentant des Français de l’étranger au 9e la circonscription s’est soudainement accélérée.

Avec 16 000 km parcourus en douze jours de campagne, le député sortant Génération. Les s, investis par le Nouveau Front populaire (NFP), ne peuvent pas profiter de leur empreinte carbone pour battre le Rassemblement national (RN) dans le seul bastion de gauche à l’étranger, grand comme seize fois la France, regroupant seize pays du Nord et de l’Ouest. Afrique et plus de 155 000 inscrits en 2024.

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Karim Ben Cheikh est désormais habitué à faire campagne à plein régime. C’est la troisième fois en trois ans qu’il reprend son bâton de pèlerin, l’élection de 2022 ayant été invalidée par le Conseil constitutionnel pour une « dysfonctionnement » dans le vote électronique. L’ancien diplomate n’a pas de quoi s’inquiéter : en 2023, il a remporté le deuxième tour avec 25 points d’avance sur Caroline Traverse (Renaissance). Mais “La perspective de l’arrivée du RN au pouvoir me fait un nœud au ventre”il confie.

Il n’est pas le seul. Parmi la quarantaine de Français résidant au Sénégal venus l’écouter à Dakar mardi 25 juin, il y avait une majorité de binationaux. Franco-Sénégalais, Franco-Libanais, Français descendants de tirailleurs sénégalais ayant combattu pour la France, choqués par la proposition du président du Rassemblement national, Jordan Bardella, d’exclure les binationaux de certains postes publics dits « stratégiques ».

“Le danger existe”

A 80 ans, Laurence Carpentier, métisse descendante d’un colon français – « trésorier-payeur général de la Martinique arrivé à Dakar en 1848 » – est venue mercredi avec deux de ses amies qui avaient des difficultés à se déplacer avec des cannes. « Cette haine résonne ici, elle dit, et nous fait craindre à nous, binationaux, un basculement vers l’inconnu. »

« Jordan Bardella va aussi retirer la droite de terre. Qu’est-ce que ce sera après ? Le droit à la filiation pour l’acquisition de la nationalité ? La France est ma patrie et mon histoire. Je ne veux pas qu’il soit entaché par Jordan Bardella, dont les mesures ne font en réalité qu’accentuer le sentiment anti-français.» estime Birahima Camara, président d’une association française au Sénégal, petit-fils d’un carabinier et père d’une fille avocate au barreau de Paris.

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“Je n’ai pas peur du mot barrage, car le danger existe, acquiesce Hassan Bahsoun, pilier des Français à Dakar. Pour la première fois depuis la Libération, nous courons le risque d’un gouvernement d’extrême droite. On aurait donc deux types de français. Avant Bardella, un seul homme politique avait osé le faire : Pétain, sous Vichy, excluant les Juifs de certaines professions. »

Si les voix d’une majorité des Français à Dakar semblent être allées à Karim Ben Cheikh depuis les deux dernières législatives de 2022 et 2023, celles de Saly pourraient aussi lui renouveler leur confiance. Dans la petite ville balnéaire située à quelque 80 km de la capitale sénégalaise, de nombreux Français – essentiellement des retraités attirés par la vie chère – ont voté pour Marine Le Pen ou Eric Zemmour à l’élection présidentielle de 2022. Mais lors des dernières élections législatives, ils ont placé M. Ben Cheikh en tête.

Les Français « oubliés » par la France

Après avoir organisé une dizaine de meetings durant ces deux années de mandat, l’élu a réuni mardi une quarantaine de personnes, abstentionnistes et électeurs de droite, au golf de Saly. “J’ai toujours voté à droite» clame Gilles Lhoste. Mais je dois admettre que notre député a réagi.

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L’ancien consul général de France à Beyrouth, au Liban, a su mettre à profit sa connaissance de l’appareil diplomatique et s’est battu à l’Assemblée nationale pour soulever la question de la dépendance, des petites retraites, des bourses scolaires et du Fonds. des Français de l’étranger (CFE) dont les cotisations ne cessent d’augmenter et son désinvestissement dans les réseaux consulaires a réduit de moitié leur budget et leurs effectifs à temps plein en l’espace de trente ans. « Les Français de l’étranger sont souvent caricaturés en exilés fiscaux, emporte M. Ben Cheikh. Mais je vois surtout des exilés sociaux. »

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Le français “oublié” de France, c’est ainsi que se perçoivent Mathias, Alain, Serge et Jacques, quatre amis attablés comme tous les midis aux Délices de Coumba, une crêperie bien connue des Salysiens. « Avec une pension de 293 euros, explique Alain Huyche, Je n’ai même pas droit au minimum vieillesse car j’habite au Sénégal. Une fois ici, je ne suis plus considéré par la France »déplore quiconque pourrait se laisser tenter par le RN, “pas par racisme, mais pour un vrai changement”. “Attends, tu ne connais même pas le nom du candidat RN en 9e »sèche son voisin de gauche.

« Je m’accroche à la double nationalité, crie Jacques. Et dimanche, je voterai pour la première fois. » Attendue d’être importante en France, la mobilisation pourrait aussi s’amplifier au 9e circonscription des Français résidant à l’étranger, compte tenu du nombre important de proxys collectés à ce jour. En 2022 et 2023, les taux de participation culminent à 18 % et 10 %.

Abbé Ciel (Dakar, correspondance)

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