plusieurs morts, Parlement envahi… pourquoi le pays sombre dans la crise

plusieurs morts, Parlement envahi… pourquoi le pays sombre dans la crise
plusieurs morts, Parlement envahi… pourquoi le pays sombre dans la crise

Le mouvement baptisé « Occupy Parliament » prend de l’ampleur au Kenya depuis une semaine.

Il s’oppose au projet de budget 2024-25, qui prévoit l’introduction de nouveaux impôts.

L’appel à la grève mardi a tourné au chaos à Nairobi, avec des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.

Au moins cinq personnes ont été tuées.

La mobilisation de la « génération Z » kenyane dégénère. Une semaine après une première manifestation pacifique de quelques centaines de personnes, l’appel à la grève générale ce mardi à Nairobi a donné lieu à de violents incidents. Balles réelles, Parlement envahi, incendies… Au moins cinq personnes ont été tuées et 31 autres blessées dans la capitale. Pourquoi le Kenya sombre-t-il dans la violence ? Explications.

La crise a débuté le 13 juin, lorsque le mouvement « Occupy Parliament » a été lancé sur les réseaux sociaux. Son objectif : organiser la contestation, quelques heures après la présentation au Parlement du projet de budget 2024-2025. Celle-ci a en effet généré une vague de colère, car elle prévoit notamment l’instauration de nouvelles taxes, dont une TVA de 16% sur le pain et une taxe annuelle de 2,5% sur les véhicules particuliers.

Pour le gouvernement, les impôts sont nécessaires pour redonner des marges de manœuvre au pays lourdement endetté. Mais pour beaucoup de jeunes Kenyans, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase : sur les réseaux sociaux, la « génération Z », née après 1997, a rapidement pris les rênes de la contestation. Dans la rue, les jeunes manifestants ont toujours leur smartphone à la main pour se protéger et filmer les policiers, régulièrement accusés de violations des droits humains. Le slogan anti-fiscal s’est rapidement transformé en une remise en question de la politique du président William Ruto, aux cris de «Ruto doit partir» («Ruto doit partir“).

Après avoir initialement qualifié «d’ignorant“ce mouvement dirigé par”des enfants sympas», le gouvernement a fait volte-face. Il a annoncé le 18 juin qu’il annulerait la plupart des taxes prévues, notamment la TVA de 16 % sur le pain, sans parvenir à stopper la contestation. Mais les manifestants ont poursuivi leur mouvement, exigeant le retrait complet du texte. Ils dénoncent un tour de passe-passe du gouvernement qui envisage de compenser le retrait de certaines mesures fiscales par d’autres, notamment une hausse de 50 % des taxes sur les carburants.

« Nous allons discuter avec nos jeunes »

Dimanche, le président Ruto, élu en août 2022, s’est dit ouvert au dialogue. “Je suis très fier de nos jeunes (…) Ils se sont affirmés de manière pacifique et je veux leur dire que nous allons discuter avec eux”, a-t-il assuré. En vain : l’un des leaders du mouvement, la journaliste et militante Hanifa Adan, lui a demandé de « répondre publiquement » aux demandes d’annulation de nouvelles taxes.

Face au silence des autorités, les manifestants ont appelé à une grève générale, mardi 25 juin. Celle-ci a rapidement dégénéré en chaos lorsque les manifestants ont forcé les barricades de la police et sont entrés dans le Parlement. Des journalistes de l’AFP présents sur place ont vu trois personnes inconscientes gisant dans des mares de sang à la périphérie de ce quartier, épicentre du pouvoir, où un immeuble a brièvement incendié. A quelques centaines de mètres, la police utilisait un canon à eau pour éteindre un incendie dans les bureaux du gouverneur de Nairobi, selon des images diffusées par Citizen TV.

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Acculé, le président Ruto pourrait aussi voir le mouvement s’étendre. D’autres manifestations ont en effet eu lieu dans plusieurs autres villes du pays, notamment dans les fiefs de l’opposition de Mombasa (est) et Kisumu (ouest), ainsi qu’à Eldoret (ouest), une grande ville de la vallée du Rift, a indiqué le président William Ruto. région d’origine, Nyeri (sud-ouest) et Nakuru (centre).


TG

 
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