En Afrique, déclin historique en vue pour l’armée française

En Afrique, déclin historique en vue pour l’armée française
En Afrique, déclin historique en vue pour l’armée française
Dans la base militaire française de Port-Bouët, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, en décembre 2019. LUDOVIC MARIN / AFP

Paris envisage de réduire sa présence militaire en Afrique de l’Ouest et centrale à quelques centaines d’hommes, dans le cadre de partenariats “rénové” et des annonces plus discrètes du président Emmanuel Macron après d’amères déceptions au Sahel, a appris l’AFP de trois sources concordantes.

Selon le plan envisagé par l’exécutif, actuellement discuté avec les partenaires africains, la France envisage de réduire drastiquement ses soi-disant forces. “prépositionné” sur des terrains militaires.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés La France entame une réduction drastique de ses effectifs militaires dans ses bases en Afrique de l’Ouest

Ajouter à vos sélections

En principe, elle ne gardera qu’une centaine de militaires au Gabon (contre 350 aujourd’hui), une centaine au Sénégal (contre 350), une centaine en Côte d’Ivoire (600 aujourd’hui) et environ 300 au Tchad (1 000 actuellement). ), selon deux sources proches de l’exécutif et une source militaire.

Sous réserve d’un changement de cap, alors que la France va bientôt connaître des élections législatives anticipées à l’issue incertaine pour le camp présidentiel, le dispositif devrait ainsi compter à l’avenir environ 600 militaires, mais sera amené à s’étoffer ponctuellement en fonction des besoins exprimés par le partenaires, expliquent ces trois sources proches du dossier. Contacté par l’AFP, l’état-major s’est refusé à tout commentaire.

Un commandement dédié à l’Afrique

Il s’agit d’un déclin historique. Il y a encore deux ans, outre quelque 1 600 forces prépositionnées en Afrique de l’Ouest et au Gabon, l’ancienne puissance coloniale disposait de plus de 5 000 soldats au Sahel dans le cadre de l’opération antijihadiste « Barkhane ». Mais il a été progressivement repoussé par les juntes arrivées au pouvoir à Bamako (2022), Ouagadougou et Niamey (2023), au profit notamment du nouveau partenaire russe.

Le Tchad est le dernier pays du Sahel à accueillir des militaires français. Mais entre la Centrafrique, le Soudan, la Libye et le Niger, elle est désormais entourée de pays accueillant, à divers titres, des forces paramilitaires russes issues de la réorganisation du groupe Wagner d’Evgueni Prigojine, décédé dans un mystérieux accident d’avion en août 2023. .

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Jean-Marie Bockel, envoyé spécial d’Emmanuel Macron pour l’Afrique : il faut « faire évoluer les systèmes militaires dans l’intérêt de tous »

Ajouter à vos sélections

En février, Emmanuel Macron a chargé l’ancien ministre Jean-Marie Bockel d’évoquer avec les partenaires africains les nouvelles modalités de la présence militaire française sur leur sol. Ses conclusions sont attendues en juillet. Mais les grandes lignes du projet sont déjà prêtes.

La France souhaite aujourd’hui « une présence moins visible, mais en maintenant un accès logistique, humain et matériel à ces pays, tout en renforçant notre action qui répond aux aspirations de ces pays », a soutenu M. Bockel au Sénat à la mi-mai. L’armée envisage de mettre en place cet été à Paris un commandement dédié à l’Afrique, a appris l’AFP de deux sources proches du dossier. Le général qui devrait prendre la relève a déjà été désigné.

Mutualisation des bases militaires

En Côte d’Ivoire, l’un des alliés les plus solides de la France en Afrique de l’Ouest, le déclin des effectifs militaires a déjà commencé, passant de 900 à 600 ces derniers mois. Au Sénégal, le déclin a également commencé, alors que le nouveau président panafricaniste de gauche, Bassirou Diomaye Faye, élu fin mars, insiste sur la souveraineté du pays.

Son premier ministre, Ousmane Sonko, a réaffirmé mi-mai « la volonté du Sénégal d’avoir son propre contrôle, volonté incompatible avec la présence durable de bases militaires étrangères au Sénégal ». Très critique à l’égard de Paris, qu’il accuse d’avoir soutenu la répression contre son camp sous l’ancien président Macky Sall, il a toutefois précisé qu’il ne reporterait pas « remettre en question les accords de défense » bilatéral.

Lire aussi (2023) | Article réservé à nos abonnés Les armées suspendues de l’arbitrage de l’Elysée pour l’avenir de leurs bases en Afrique

Ajouter à vos sélections

Influence française en Afrique « et leur visibilité est devenue difficile à gérer » alors que la France cristallise facilement les critiques des opinions locales, a constaté fin janvier lors d’une audition parlementaire le chef d’état-major français, le général Thierry Burkhard, estimant qu’il faudrait « modifier sans doute notre plan d’aménagement ».

Suivez-nous sur WhatsApp

Rester informé

Recevez l’essentiel de l’actualité africaine sur WhatsApp avec la chaîne « Monde Afrique »

Rejoindre

Ainsi, l’armée française n’exclut pas « mutualiser » ses bases “avec les Américains ou autres” Partenaires européens, a-t-il déclaré. Mais l’état-major pourrait aussi finir par les remettre.

Les missions de combat sont terminées

Ce futur système renforcé devrait permettre de« entretenir des relations avec les autorités militaires locales », « garantir un accès stratégique par voie maritime et aérienne », mais aussi « recueillir des renseignements » Et « poursuivre les actions opérationnelles de partenariat »selon le général Burkhard.

Les missions de combat sont terminées : les soldats français fourniront essentiellement des formations et des capacités aux pays partenaires, à leur demande. Paris entend également adopter une posture plus décomplexée en matière de ventes d’armes, après avoir longtemps hésité à livrer du matériel offensif.

La base française de Djibouti, qui accueille 1 500 soldats français, n’est pas concernée par cette réduction de taille. La France veut conserver un point d’appui stratégique dans ce petit pays situé face au Yémen, à la sortie de la mer Rouge, dans le détroit de Bab-el-Mandeb où transite une grande partie du commerce mondial entre l’Asie et l’Occident.

Le Monde avec l’AFP

Réutiliser ce contenu
 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

NEXT Antilles menacées par l’ouragan Beryl, classé « extrêmement dangereux » : Actualités