Législative en France | Manifestations contre l’extrême droite, tensions dans la coalition de gauche

(Paris) “Nous aimons la France, pas R’Haine” : plusieurs centaines de milliers d’opposants à l’extrême droite ont défilé samedi à travers la France, à l’appel des syndicats, des associations et du Nouveau Front populaire, l’union des partis de gauche ébranlés. par des accusations de « purge » au sein de LFI.


Publié à 11h02

Mis à jour à 17h25

Pierrick YVON et Victoria LAVELLE avec les bureaux de l’AFP en régions

Agence France-Presse

En campagne après le « stupéfiant » de la dissolution, Gabriel Attal a, de son côté, dévoilé les premières mesures du programme de la majorité, en cas de victoire. Avec un leitmotiv : renforcer le pouvoir d’achat des Français des classes moyennes.

Dans tout le pays, 640 000 personnes ont manifesté, dont 250 000 à Paris, selon le syndicat CGT. Les autorités ont quant à elles dénombré 250 000 personnes en France, dont 75 000 personnes dans la capitale, 11 700 à Marseille, 6 800 à Bordeaux et 4 000 à Lille.

PHOTO SAMEER AL-DOUMY, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des manifestants se rassemblent lors d’un rassemblement contre l’extrême droite à Paris, le 15 juin 2024.

Des chiffres bien en deçà de la mobilisation du 1euh Mai 2002, lorsque plus d’un million de personnes sont descendues dans la rue pour dire « non » au Front national après la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle.

“Tous les enfants d’immigrés”

Samedi, de Bayonne à Nice, de Vannes à Reims, les anti-RN se sont mobilisés contre la perspective d’une victoire du RN aux législatives avec l’hypothèse d’une entrée de son patron, Jordan Bardella, à Matignon.

Les mêmes slogans résonnaient dans les cortèges : « Bardella perdez-vous, la République n’est pas à vous », « la jeunesse fait chier le Front national », « pas de quartier aux fascistes, pas de fascistes dans nos quartiers ».

“Nous sommes tous des enfants d’immigrés”, a déclaré Jean Cugier, professeur d’éducation physique de 43 ans à Marseille, venu manifester contre “le repli sur soi que propose l’extrême droite”. “Je suis là pour défendre les droits des femmes, l’égalité entre les peuples, l’écologie aussi”, a souligné Marie Chandel, 58 ans, employée à l’Éducation nationale à Paris.

PHOTO DANIEL COLE, PRESSE ASSOCIÉE

Des manifestants dans les rues de Marseille

A Marseille, des jeunes, des familles venant avec leurs enfants et des personnes âgées ont manifesté dans une ambiance festive, certains brandissant le drapeau français.

Les manifestations se sont déroulées dans une large mesure dans le calme, hormis quelques brefs épisodes de tension.

Vingt personnes ont été interpellées, dont neuf à Paris, selon des sources policières. Cinq membres des forces de l’ordre ont été légèrement blessés. Quelques dégâts ont eu lieu dans la capitale, notamment dans deux agences bancaires.

21 000 policiers et gendarmes avaient été déployés sur tout le territoire.

“Rétablir la flamme”

PHOTO ZAKARIA ABDELKAFI, AGENCE FRANCE-PRESSE

Entre 300 000 et 350 000 manifestants sont attendus en France pour un « raz-de-marée populaire » contre une nouvelle victoire du Rassemblement national, les 30 juin et 7 juillet.

Cinq syndicats CFDT, CGT, UNSA, FSU et Solidaires avaient appelé à la mobilisation.

Les dirigeants de gauche ont défilé en tête à Paris. Sans un mot sur les profondes divergences qui ébranlent le Nouveau Front populaire, après la décision de La France Insoumise de ne pas réinvestir plusieurs figures opposées à Jean-Luc Mélenchon.

” Nous sommes prêts […] nous vous rendrons la flamme. Et pas celui du Front national, celui-là qu’on va éteindre», a lancé la patronne des Écologistes Marine Tondelier.

“Il y a des divergences entre nous, mais quand l’essentiel est en jeu, nous n’avons pas le droit de faire autre chose que de nous rassembler”, a ajouté le patron des socialistes, Olivier Faure. Mathilde Panot, proche de Jean-Luc Mélenchon, a assuré : « nous sommes en train d’écrire l’histoire ».

PHOTO SAMEER AL-DOUMY, AGENCE FRANCE-PRESSE

Les dirigeants de gauche ont défilé en tête du cortège à Paris.

A Amiens, l’insoumis François Ruffin a encore exhorté à “ne pas revenir au ressentiment”. « Jean-Luc Mélenchon est fabuleux quand il se retire », a-t-il taclé.

La grogne a éclaté au sein de LFI vendredi soir.

Un proche du leader insoumis, Adrien Quatennens, reconnu coupable de violences conjugales, a été réinvesti. En revanche, Danielle Simonnet, Raquel Garrido et Alexis Corbière – figures historiques du mouvement opposé à la ligne mélenchoniste – ont été brutalement licenciés, remplacés par des candidats inconnus du grand public.

« Une purge », a dénoncé le premier, le second accusant Jean-Luc Mélenchon de « régler ses comptes ».

“Les enquêtes pour la vie n’existent pas” au sein de notre mouvement, a fustigé la tribune de 20 Minutes, remettant également en cause leur “loyauté”.

En attendant, Olivier Faure a assuré vouloir « régler l’éviction scandaleuse » de ces députés, sans plus de précisions.

Autre sujet de discorde potentiel au sein du Nouveau Front populaire, l’ancien président socialiste François Hollande, favorable à l’union de la gauche contre l’extrême droite, a annoncé sa candidature aux élections législatives en Corrèze.

Sondages : le RN en tête

La majorité continue d’occuper les terres. Son leader, Gabriel Attal, a dévoilé dans la presse régionale une série de mesures pour renforcer le pouvoir d’achat.

Il a confirmé, en cas de victoire, une réduction des factures d’électricité de 15 % « dès l’hiver prochain », promis la mise en place d’une complémentaire santé « publique » à 1 euro par jour pour ceux qui ne sont pas couverts.

Le chef du gouvernement propose également d’augmenter le montant de la prime dite « Macron », versée par les entreprises à leurs salariés jusqu’à 10 000 euros, au lieu des 6 000 actuels, « sans charge ni impôt ».

PHOTO CAROLINE BLUMBERG, ARCHIVES VIA REUTERS

Le président français Emmanuel Macron et l’ancien président François Hollande

Le 20 heures sur France 2, il a fustigé les projets « irréalistes et irréalisables » du Rassemblement national et du Nouveau Front populaire qui mèneraient le pays à la « ruine économique ».

A droite, l’ex-président Nicolas Sarkozy a critiqué la décision d’Eric Ciotti de rejoindre le RN car elle comporte le risque, à ses yeux, que le patron contesté de LR devienne un « complémentaire » du parti d’extrême droite. Il a également souligné le manque d’expérience de Jordan Bardella, 28 ans, pour être premier ministre.

Alors que l’Euro de football débutait en Allemagne, l’attaquant de l’équipe de France Marcus Thuram a appelé à “se battre pour que le RN ne passe pas”, une position rare pour un sportif de haut niveau.

La Fédération française de football (FFF) a de son côté demandé « d’éviter toute forme de pression et d’utilisation politique de l’équipe de France » et a souhaité « que sa neutralité soit comprise et respectée par tous ».

 
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