ZONE FRANC, SOUVERAINETÉ CONFISÉE – .

ZONE FRANC, SOUVERAINETÉ CONFISÉE – .
ZONE FRANC, SOUVERAINETÉ CONFISÉE – .

Martial Ze Belinga, économiste camerounais et chercheur indépendant en sciences humaines et sociales, s’est exprimé sans détour devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française sur l’épineuse question du franc CFA. Son intervention jette une lumière crue sur les connotations coloniales qui entourent encore cette monnaie imposée aux populations africaines.

Le constat est frappant : contrairement aux pays du Maghreb qui ont opté pour leur propre monnaie dès leur indépendance, devenant ainsi des partenaires économiques importants pour la France, les utilisateurs du franc CFA n’ont jamais eu leur mot à dire dans le choix de leur outil monétaire. A la grande indignation de Ze Belinga, même le changement de nom prévu en Eco a été décidé au Parlement français, sous l’œil vigilant de l’Union européenne, sans consultation des parlements africains concernés.

Les racines coloniales de cette monnaie sont terriblement vivantes selon l’économiste. Ses principes fondateurs – centralisation des réserves, ancrage fixe au taux de change, libre circulation des capitaux – sont hérités de la logique impériale française visant à donner un visage uniforme à son empire colonial de l’époque. Une « génétique » qui se perpétue aujourd’hui sous une forme que Ze Belinga qualifie d’« hypercoloniale ».

La dépendance monétaire est en effet devenue plus complexe avec l’arrivée de l’euro. L’Union européenne s’est arrogé un droit de surveillance sur les accords monétaires africains, limitant encore davantage leur marge de manœuvre déjà ténue. Une situation grotesque où les pays concernés doivent obtenir l’aval de plusieurs autorités européennes avant d’envisager un quelconque changement notable.

Au final, Ze Belinga remet violemment en cause la notion même de souveraineté monétaire des pays africains de la zone franc. Ces derniers se voient encore largement dictés les règles du jeu par leurs anciennes puissances coloniales, sans jamais avoir réellement eu leur mot à dire. Un lourd héritage colonial qui, loin de s’estomper, semble se renforcer avec le temps selon l’économiste.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Leader mondial du cacao, moteur de l’économie africaine – .
NEXT six passagers du Boeing toujours hospitalisés – .