La vérification des faits est-elle la réponse aux fausses nouvelles ? – rts.ch

La vérification des faits est-elle la réponse aux fausses nouvelles ? – rts.ch
La vérification des faits est-elle la réponse aux fausses nouvelles ? – rts.ch

La campagne électorale américaine qui vient de se dérouler n’est pas le seul exemple qui confirme que le « fact-checking » doit être mené sans relâche. Quels sont les avantages de ce procédé ? Et que signifie vivre dans un monde où les déclarations politiques sont constamment vérifiées ?

« À Springfield, ils mangent des chiens. Les migrants mangent les animaux de compagnie des gens qui vivent ici. Et c’est ce qui se passe dans notre pays. C’est dommage. Avec ce fameux mensonge, Donald Trump a déclenché une vague d’indignation lors d’un débat de campagne à l’approche des élections américaines.

Il est vite apparu que ces commentaires étaient fabriqués. ABC News a enquêté sur l’allégation et a contacté le gouvernement de la ville de Springfield, Ohio. Confirmation officielle : aucun incident de ce type n’a été signalé. L’accusation de Trump selon laquelle les migrants mangent des animaux de compagnie est une désinformation délibérée.

Les déclarations de Donald Trump accusant les migrants de manger des chiens et des chats font le buzz sur les réseaux / 19h30 / 2 min. / 12 septembre 2024

L’essor de la vérification des faits

Avec la montée des « fausses nouvelles », la « vérification des faits » est devenue partie intégrante du discours politique aux États-Unis. Des plateformes telles que Fait politique et FactCheck.org ont été créés pour dénoncer les fausses allégations et la désinformation. Cette tâche est essentielle lors des campagnes électorales, car des acteurs politiques tels que Donald Trump utilisent la désinformation pour promouvoir leur propre agenda et saper la confiance dans les médias.

Dans le passé, le terme « fausses nouvelles » était principalement utilisé dans des émissions satiriques telles que le « Rapport Colbert » pour traiter de manière humoristique les fausses informations. Cependant, lors de la campagne électorale présidentielle de 2016, le terme est devenu une arme politique. Donald Trump a stratégiquement utilisé le terme « fausses nouvelles » pour qualifier les reportages critiques de « faux » ou de « biaisés ». Ces attaques contre la crédibilité des médias ont conduit à une profonde perte de confiance et continuent de polariser la société.

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La création d’une nouvelle réalité

Un tournant dans le débat sur la vérité et le mensonge a été l’introduction de l’expression « faits alternatifs » par la conseillère de Donald Trump, Kellyanne Conway, en janvier 2017. Elle a qualifié de « faits alternatifs » les affirmations de la Maison Blanche concernant la participation numérique à l’investiture de Donald Trump. Ce terme symbolise une nouvelle stratégie de communication : la vérité est déformée ou ignorée afin de créer une réalité alternative qui sert ses propres objectifs politiques.

Le sociologue Nils C. Kumkar, auteur du livre « Alternative Facts », note une évolution inquiétante dans le paysage médiatique moderne : « Il ne s’agit pas seulement de répandre des contrevérités, explique-t-il, mais de créer une réalité alternative dans laquelle les vérités désagréables peuvent être ignorées. .» Cette évolution est symptomatique d’une société dans laquelle les individus bloquent de plus en plus les informations qui ne correspondent pas à leur propre vision du monde.

Affaire du mur entre les États-Unis et le Mexique : en tant que président, Donald Trump a affirmé à plusieurs reprises que le Mexique financerait la construction du mur frontalier entre les deux pays. Cette affirmation a été réfutée. [KEYSTONE – EVAN VUCCI]

Qui contrôle les vérificateurs de faits ?

Avec l’essor d’Internet et des médias sociaux, le rôle des vérificateurs de faits est devenu de plus en plus important. Lucas Graves, professeur de journalisme et de communication de masse à l’Université du Wisconsin, décrit ce changement. « Le premier vérificateur de faits professionnel était FactCheck.org, fondé en 2003. » Des plateformes comme Snopesinitialement lancé pour vérifier les rumeurs et les légendes urbaines, a commencé à se concentrer de plus en plus sur la vérification des faits sur les déclarations politiques.

Malgré leur importance, les fact-checkers ne sont pas exempts de critiques. Les sceptiques les accusent eux-mêmes d’être politiquement partiaux. Dans un environnement aussi polarisé que celui des États-Unis, il est difficile d’être perçu comme neutre. Le livre « Fact-Checking the Fact-Checkers » critique l’industrie de la vérification des faits, la considérant comme un outil de la gauche politique. Ce point de vue reflète la perte croissante de confiance dans les autorités prétendument neutres, en particulier dans les cercles politiques très polarisés.

Le fact-checking : solution ou partie du problème ?

Même si la vérification des faits est devenue essentielle à l’ère du numérique, elle ne résout pas le problème fondamental de la perte de confiance dans les médias. Comme le souligne Nils C. Kumkar, insister sur la nécessité de vérifier les faits a un effet paradoxal. « Plus nous insistons sur la nécessité de vérifier les faits, plus la méfiance à l’égard de tout augmente. Cette méfiance s’adresse également de plus en plus aux vérificateurs de faits eux-mêmes, car de nombreuses personnes estiment qu’on ne peut plus faire confiance à rien ni à personne.»

Le défi consiste à équilibrer la nécessité de vérifier les faits et de renforcer la confiance dans les médias. Les vérificateurs de faits doivent non seulement dénoncer la désinformation, mais aussi renforcer la confiance du public dans leur indépendance et leur objectivité.

Sven Ahnert (SRF)

 
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