« Le président utilise la guerre en Ukraine à des fins politiques ! » » – .

« Le président utilise la guerre en Ukraine à des fins politiques ! » » – .
« Le président utilise la guerre en Ukraine à des fins politiques ! » » – .

jeIl y a peu, le général Christophe Gomart se réunissait dans un café du Trocadéro (Paris 16e) l’ancien ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, qu’il a servi pendant cinq ans, notamment lors de l’intervention militaire française au Mali. “C’est à mon tour de t’apprendre maintenant!” » a plaisanté le Breton après la récente reconversion du général quatre étoiles en politique, comme numéro trois de la liste républicaine pour les élections européennes.

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Homme de droite solidement revendiqué, tendance Retailleau-Bellamy, cet officier haut gradé a toujours eu la plus grande estime pour Le Drian, si ancien socialiste qu’il soit. « Un type qui mouille sa chemise », vante ce Saint-Cyrian, qui a servi plusieurs présidents – Nicolas Sarkozy, qu’il a revu récemment à sa demande, puis François Hollande – et travaillé dans les cabinets des ministres de la Défense Michèle Alliot-Marie et Hervé. Morin, avant Le Drian. Lorsque les meilleurs intérêts de la patrie sont en jeu, les frontières partisanes s’estompent, note-t-il.

Il en va tout autrement sur son nouveau terrain de jeu désormais : le ring politique. Surmonter les divisions à la Macron, très peu pour lui ! « Le « et en même temps » ne me convient pas. On tourne en rond, il n’y a pas de direction, on ne sait pas trop où on va. Oui, dans le mur ! »

Le président utilise cette guerre à des fins politiques !Christophe Gomart

S’il craint le « dénudage » qu’implique souvent une carrière politique, il est comme un poisson dans l’eau dans le monde médiatique. Après avoir quitté le tenue de combat en 2017, après trente-cinq ans sous pavillon, les Français ont eu l’occasion de le découvrir comme consultant régulier sur les plateaux de télévision. Cela l’a amené à être parfois jugé trop timide quant à son soutien à l’Ukraine. «C’est un pro-russe», plaisantent ses rares adversaires au sein des Républicains – la troisième place sur la liste Bellamy n’était pas sans susciter des convoitises…

Christophe Gomart répond aussitôt : « Moi, traître à mon pays ? Certainement pas ! » « La Russie est notre adversaire, nous le voyons particulièrement en Afrique en termes d’influence. Moralement, nous ne pouvons que soutenir les Ukrainiens qui ont besoin d’argent et d’armes de l’Europe. La question est : comment mettre fin à une guerre ? » demande celui qui a successivement commandé le 13e Régiment de dragons parachutistes, forces spéciales puis renseignement militaire, élevé au rang de commandant de la Légion d’honneur, posant ouvertement la question qui fâche.

La posture belliciste d’Emmanuel Macron sur l’Ukraine, après ses éclats sur l’éventuel engagement de troupes terrestres ou un hypothétique partage du parapluie nucléaire français au niveau européen, ne lui convient guère. Il le juge verbeux et dénonce une fuite en solitaire, au mépris de nos partenaires. « Je ne le comprends pas : il se noie dans ses paroles et il n’y a pas d’action ! Il milite en faveur d’une défense européenne, mais nous n’investissons pas d’argent. Ce sont des mots, des mots, des mots. C’est le coq sur son tas de fumier qui fait le coorico ! » claque-t-il.

Ne sommes-nous pas un peu « lâches » dans cette affaire, demande-t-il avec sa franchise. Ne nous contentons-nous pas d’un « soutien de façade » aux Ukrainiens, pour nous donner bonne conscience ? «Nous armons l’Ukraine, mais c’est un peu : ‘Voici des armes et nous partons.’ » Il donne l’assaut final, quelques heures avant l’intervention télévisée d’Emmanuel Macron, ce jeudi 6 juin au soir, à l’aube du vote européen : « Le président utilise cette guerre à des fins politiques ! »

Le réseau Versailles

Au Parlement européen, où il devrait être élu ce dimanche – sauf catastrophe qui verrait la liste Bellamy plonger sous les 5 % –, il entend s’investir sur les sujets de défense et de diplomatie, bien sûr, mais aussi sur l’environnement ou la famille. Il pensait à la politique depuis longtemps mais il n’était pas prêt à franchir le pas. Une première opportunité se présente après son départ de La Grande Muette. A l’approche des élections législatives de 2017, François-Xavier Bellamy, alors adjoint au maire de Versailles – où réside le général Gomart – lui propose de tenter sa chance, soutenu par Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR, un Vendéen comme lui dans l’âme.

Un autre Versaillais a contribué à lui inoculer le virus politique : l’écrivain Camille Pascal, ancien conseiller et plume de Nicolas Sarkozy à l’Élysée. Mais il était encore trop tôt. Il choisit de rejoindre le groupe Unibail-Rodamco, donnant cours et conférences à Sciences Po pendant sept ans. Hélas, il manque de sens à ce qu’il entreprend. Un mardi matin, Eric Ciotti l’appelle pour lui demander d’adhérer à la liste Bellamy. À 63 ans, Gomart est prêt pour l’aventure. « C’est l’engagement qui compte pour moi, la façon dont je peux continuer à servir mon pays. Cela me chatouillait de continuer à travailler, que ma vie ait un sens », confie-t-il. « C’est le fruit de la Providence, je l’ai vu comme un signe du ciel. » Il sourit : « Ne pensez pas que je suis fou ! »

À « l’union des droites », grand dessein du regretté historien et politologue Patrick Buisson, il préfère l’union des électeurs de toutes les droites. Il a déjà eu l’occasion de rencontrer, et ne s’en cache pas, Éric Zemmour, Sarah Knafo ou encore Marion Maréchal. Mais ce ne sont pas les dirigeants de la Reconquête ! qu’il convoite, ni ceux du Rassemblement national, parti des « derviches tourneurs », accuse-t-il. Ce sont leurs partisans. Alors que sa famille politique, dont il fait partie depuis 2017, peine à trouver sa place, coincée entre la macronie et l’extrême droite, il veut croire que LR soutient toujours « la droite qui peut gagner et changer le pays » . « Je ne me battrai plus les armes à la main », promet-il. Je me battrai avec des armes politiques. »

 
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