Durant la campagne, on a beaucoup parlé du fameux Projet 2025, émanant d’un think tank ultra-conservateur – auquel le président élu affirme ne pas adhérer.
Sa feuille de route serait plutôt celle élaborée au sein d’un autre groupe de réflexionl’America First Policy Institute. Celui-ci a été mis en place avant même la fin du premier mandat de Donald Trump, en 2020, sous l’égide de Brooke Rollins, sa conseillère en politique intérieure, et de Larry Kudlow, son directeur du Conseil économique national.
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Immigration
Bonne volonté voire obsession de Donald Trump, l’immigration s’avère être un sujet politiquement prometteur. Les sondages à la sortie des urnes d’Associated Press montrent que cette question figurait dans le top 3 des électeurs des États swing. Il appartiendra au Département de la Sécurité intérieure de mettre en œuvre les « expulsions massives » promises.
« Dès le premier jour, nous lancerons la plus grande opération d’expulsion de l’histoire américaine » a déclaré Donald Trump pendant la campagne, visant « onze millions de personnes » qui vivent illégalement aux États-Unis. Stephen Miller, ancien conseiller lors de son premier mandat et partisan de la ligne dure sur l’immigration, a évoqué l’utilisation des espaces « rassemblement à grande échelle » près de la frontière.
Justice
Cette élection de 2024 est historique, entre autres, car le président élu fait l’objet d’accusations, dont une pour « complot contre l’État », relative aux événements du 6 janvier 2021. La Cour suprême, dominée par six juges pro-républicains, dont trois nommés par Donald Trump, lui ont déjà taillé une immunité sur mesure.
Le choix du prochain procureur général des États-Unis (ou ministre de la Justice) sera donc crucial. Il aura le pouvoir – et la mission – d’aider Donald Trump à mettre fin aux poursuites pénales à son encontre et, peut-être, de poursuivre ses ennemis en justice, comme il l’a annoncé à plusieurs reprises. Donald Trump entend cette fois mettre au pas le ministère de la Justice, avec le soutien des élus républicains.
Parmi les noms qui circulent figure celui de Jeff Clark, coaccusé de Donald Trump pour avoir tenté d’annuler les résultats des élections de 2020 en Géorgie. Sa loyauté est certainement acquise et il a démontré sa volonté de contourner la loi au service du Président.
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Fonction publique
Depuis son premier mandat, Donald Trump souhaite dégraisser l’État fédéral, tout en simplifiant les procédures et les réglementations. Il a son champion désigné : «Nous avons une nouvelle star, une star est née : Elon ! a-t-il déclaré depuis son siège à West Palm Beach, en Floride, pour remercier Elon Musk, un soutien financier majeur dans sa course à la Maison Blanche.
Le 5 septembre, Donald Trump a annoncé vouloir créer une commission gouvernementale chargée d’auditer l’ensemble du gouvernement fédéral, sur les conseils de l’homme le plus riche du monde. Cela devrait faire “recommandations pour des réformes draconiennes ». Au risque d’un conflit d’intérêts pour Musk, dont les entreprises se sont vu promettre l’an dernier 3 milliards de dollars dans près de 100 contrats différents avec 17 agences fédérales.
Finances et commerce
Au cours de son premier mandat, Donald Trump a mis en œuvre son slogan America First en se retirant des principaux accords internationaux et en lançant une guerre commerciale avec la Chine.
Cette fois, il promet un vrai guerre éclair des droits de douane commerciaux de 10 à 20 % sur toutes les importations et jusqu’à 60 % pour celles en provenance de Chine. Il l’a répété encore et encore : le mot (anglais) tarifs (droits de douane) est « le plus beau du dictionnaire ». Ils cibleront à la fois les produits chinois et européens.
Derrière l’art de la formule de Trump, il y a la pensée de Robert Lighthizer, 77 ans, ancien représentant commercial lors du premier mandat de Trump. Il pourrait retrouver le même poste, voire celui de secrétaire au Trésor (ministre des Finances), dit-on. Le titre de son livre Aucun commerce n’est gratuit (« No trade is free », Harper&Collins, 2023, non traduit) fait office de manifeste.
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Alliances
Lors de son premier mandat, Donald Trump s’est retiré de l’accord sur le nucléaire iranien, en hâtant ainsi la fin. Sans en informer les alliés des États-Unis, il a conclu à Doha en février 2020 un accord avec les talibans, au terme duquel les États-Unis s’engagent à un retrait dans un délai de quatorze mois. Une tâche qui a incombé à l’administration Biden, en totale improvisation. Les talibans ont immédiatement repris le pouvoir à Kaboul.
Pour les souverainistes et les antilibéraux, notamment en Europe, l’élection de Donald Trump semble une aubaine. Sa vision binaire et transactionnelle des affaires mondiales inquiète en Ukraine et à Taiwan face aux désirs de la Russie et de la Chine. Les membres de l’OTAN seront une fois de plus ramenés à leur contribution financière.
Donald Trump menace au moins de ne pas intervenir en cas d’agression d’un membre de l’Alliance atlantique, voire de se retirer. Mais les États-Unis peuvent-ils laisser la Chine ou la Russie prendre le dessus ? La réponse dépendra en partie du profil des secrétaires d’État et de la Défense. On parle du retour de Mike Pompeo au poste de secrétaire d’État, de Bill Hagerthy, sénateur républicain qui a refusé l’aide à l’Ukraine, ou encore du vétéran Mike Waltz, farouche opposant à la Chine.
Climat
Lors de son premier mandat, Donald Trump a retiré unilatéralement les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat. Joe Biden les a remis là. Un nouveau retrait est assuré, sans doute rapidement. Le président élu qui qualifie le changement climatique de « canular » a promis de récupérer auprès de l’administration Biden les fonds alloués à la politique climatique. Le gouverneur du Dakota du Nord, Doug Burgum, surnommé « le tsar de l’énergie », devrait prendre la tête du département de l’énergie. Dans son État, Burgum a promu les énergies innovantes sans pour autant éliminer l’exploitation du pétrole et du gaz naturel.