Une victoire de Trump pourrait-elle faire reculer le droit à l’avortement ?

Une victoire de Trump pourrait-elle faire reculer le droit à l’avortement ?
Une victoire de Trump pourrait-elle faire reculer le droit à l’avortement ?

Une nouvelle présidence de Donald Trump risque d’encourager les attaques des milieux conservateurs contre le droit à l’avortement aux Etats-Unis, déjà spectaculairement mis à mal lors de son précédent mandat, selon les experts.

Le candidat républicain se targue d’avoir, par ses nominations de trois juges conservateurs à la Cour suprême des États-Unis lorsqu’il était président, fait aboutir la décision de juin 2022 annulant la garantie fédérale du droit à l’avortement.

Par ce renversement d’un demi-siècle de jurisprudence, la Cour suprême a donné toute latitude aux États pour légiférer dans ce domaine.

Au moins 20 d’entre elles ont depuis mis en place des restrictions partielles ou totales sur l’interruption volontaire de grossesse (avortement).

Donald Trump se montre actuellement plus prudent sur le sujet, reconnaissant l’impopularité de positions trop hostiles au droit à l’avortement, la majorité de l’opinion publique y étant favorable.

Son adversaire démocrate, la vice-présidente Kamala Harris, a fait de la défense de ce droit l’un de ses principaux thèmes de campagne.

La lutte entre partisans et opposants de ce droit se déroule désormais principalement au niveau des États.

Mais une nouvelle administration Trump pourrait être tentée d’utiliser les leviers de l’État fédéral pour le faire reculer encore davantage.

Vers une interdiction ?

Le scénario cauchemardesque pour les militants du droit à l’avortement serait celui d’un Congrès dominé par des Républicains qui pourraient promulguer de nouvelles restrictions, voire, dans les cas extrêmes, une interdiction, cette fois de portée nationale.

En cas de victoire de Donald Trump, même sans contrôle républicain sur le Congrès, le milliardaire pourrait aussi « faire beaucoup de dégâts en termes d’accès à l’avortement », prévient Lewis Grossman, professeur de droit à l’American University, à Washington.

L’une des cibles les plus évidentes, selon les spécialistes, est la mifépristone, une pilule abortive, utilisée dans près des deux tiers des avortements aux États-Unis.

En juin, la Cour suprême a rejeté le recours d’associations de médecins et praticiens hostiles à l’avortement contre une série de réductions par l’Agence américaine du médicament (FDA) des conditions d’accès à la mifépristone.

Une nouvelle administration Trump pourrait revenir sur certaines de ces réductions, en rétablissant via la FDA l’obligation de prescription exclusivement par un médecin ou en interdisant l’envoi de la pilule par la poste, explique Sonia Suter, professeur de droit à l’université George Washington.

Ressusciter une loi de 1873 ?

Une autre option serait de ressusciter une loi fédérale adoptée en 1873 et tombée en désuétude, la « Loi Comstock », qui interdit l’envoi par courrier de matériel « obscène », catégorie englobant aussi bien la pornographie que tout objet pouvant servir à la contraception ou à la contraception. avortement.

Le ministère de la Justice de l’administration démocrate sortante a officiellement affirmé en 2022 que cette loi ne pouvait pas s’appliquer à la mifépristone.

Mais, compte tenu de la formulation très large du texte, son rétablissement pourrait conduire à « une interdiction nationale de facto de l’avortement », prévient Sonia Suter.

Le pouvoir de nomination des juges fédéraux par le président des États-Unis pourrait aussi permettre à Donald Trump, qui l’a déjà largement utilisé au cours de son mandat, de remodeler le système judiciaire dans un sens ultraconservateur et ainsi d’influencer indirectement le droit. à l’avortement, souligne Lewis Grossman.

En cas de victoire des Républicains le 5 novembre, les militants du droit à l’avortement assurent qu’ils ne resteront pas les bras croisés en attendant l’entrée en fonction du nouveau président le 20 janvier.

“Si Trump gagne, il y aura beaucoup de choses à préparer dans les semaines qui précèdent son investiture”, estime Angie Jean-Marie du réseau d’information sur les pilules abortives Plan C, citant des stratégies telles que le stockage de pilules, le stockage depuis l’étranger et l’organisation du soutien. groupes.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV “Le Devoir” in North Carolina: mudslides profitable for Trumpism
NEXT L’Unesco se réunit le 18 novembre pour exiger une « protection renforcée » du patrimoine libanais