«Je ne comprends pas la raison de cette haine profonde des officiers algériens contre le Maroc»

«Je ne comprends pas la raison de cette haine profonde des officiers algériens contre le Maroc»
«Je ne comprends pas la raison de cette haine profonde des officiers algériens contre le Maroc»

Président de l’Assemblée mondiale amazighe, acteur associatif reconnu tant en Europe qu’en Afrique, Rachid Raha réagit à l’ouverture d’une représentation à Alger d’une formation chimérique baptisée Parti national du Rif.

Vous avez envoyé une lettre aux dirigeants du Parlement européen et au Premier ministre belge les mettant en garde contre les actions de l’Algérie. Une correspondance que vous avez intitulée « Comment l’Algérie tente de déstabiliser la Belgique et l’Union européenne ». Sur quoi basez-vous votre décision pour justifier une telle saisine ?
La lettre dont je viens de recevoir un accusé de réception du service des affaires étrangères compétent au niveau de la Commission européenne, que j’ai envoyée le 13 mars 2024. Elle s’appuie sur les dernières actions des généraux algériens qui ont poussé jusqu’au bout leur haine contre le Maroc. point de créer ce qu’ils appellent le Parti national du Rif au cœur de la capitale de votre UE, qui est Bruxelles, et qu’ils aient un bureau au cœur d’Alger et un budget conséquent. Ils ont même osé organiser une cérémonie officielle pour inaugurer le siège de cette formation fantôme à Alger. L’objectif de ma lettre est d’attirer l’attention des dirigeants européens et du gouvernement belge sur ce qui se passe à Bruxelles et qui risque d’avoir des répercussions néfastes sur les pays de l’UE.

A quel niveau ?
Depuis 1975, l’Algérie entretient et arme les indépendantistes du Polisario, qui n’est autre qu’un groupe terroriste, à la solde du DRS algérien, comme le décrivent depuis quelques temps aussi bien les chancelleries occidentales que les centres de recherche universitaires… Comme je le détaillais dans mon lettre, les généraux algériens ont non seulement réussi à entraver l’union des États d’Afrique du Nord par un soutien politico-militaire inconditionnel à ce mouvement séparatiste du Polisario, mais aussi à fermer les frontières terrestres et aériennes avec le Maroc, à créer des mouvements jihadistes au Sahel, à alimenter le terrorisme d’État (qui n’a pas épargné les citoyens européens comme l’ignoble assassinat des sept moines français de Tibhirine), et a fini par aller encore plus loin en créant ce parti séparatiste rifain à Bruxelles le 17 septembre 2023 ! Ces généraux algériens, entraînés dans cette nouvelle et sale mésaventure séparatiste, estiment qu’en procédant ainsi, ils parviendront à mettre à mal la stabilité du Royaume du Maroc.

Mais les pays de l’UE doivent se rendre à l’évidence : en alimentant et finançant des groupes terroristes et séparatistes en Afrique du Nord, Alger met l’Union européenne dans une situation difficile, l’UE peut elle-même en subir les dégâts. Rappelons que la France a connu dans les années 1990 des attentats terroristes meurtriers qui étaient l’œuvre de groupes terroristes algériens, le GIA par exemple.

La stabilité du Maghreb a-t-elle donc un impact sur la sécurité de l’Union européenne ?
En effet, et je ne vous dis rien en disant que l’avenir de l’Union européenne et celui de l’Afrique du Nord sont étroitement liés. Lors des vagues d’immigration clandestine en provenance du Maroc et de l’Algérie, l’Union européenne a été amenée, pour ne pas dire obligée, à négocier avec les deux pays pour trouver des solutions. Avec le Maroc, cela a plutôt bien fonctionné pour le moment. Si demain la tension monte d’un cran entre le Maroc et l’Algérie, croyez-moi, des dizaines de milliers de Marocains et d’Algériens se précipiteront vers les pays de l’UE. Pire, l’Algérie, qui finance des groupes terroristes au Sahel et à Tindouf, ne se rend pas compte que ces groupes peuvent mener des attentats où bon leur semble, en Europe et ailleurs.

Quand on voit les attentats que connaît l’Europe, il y a malheureusement toujours des Maghrébins impliqués. Cela vous dit que l’impact est direct, l’Union européenne aurait une population d’origine algérienne d’environ dix millions de personnes à laquelle s’ajouteraient six millions d’origine marocaine. Le Premier ministre belge a également affirmé lors de sa récente visite officielle au Maroc, les 14 et 15 avril 2024, que la Belgique aurait une population de 5% d’origine marocaine !

Vous dites dans vos déclarations que l’attitude des Algériens vous surprend. Pour quoi?
Cela peut paraître naïf de ma part, mais je peux vous assurer que je ne comprends pas la raison de cette haine profonde des officiers algériens (et non du peuple algérien) contre le Maroc. Surtout moi qui suis né à Nador, je peux vous dire que ma famille avait accueilli des Algériens qui avaient fui leur pays encore sous le joug du colonialisme français. Les familles de l’Est marocain ont laissé les portes de leurs maisons grandes ouvertes aux Algériens qui luttaient pour leur indépendance. Abbas Mesaâdi, chef de l’Armée de libération nationale, a été assassiné en raison de son refus persistant de déposer les armes jusqu’à ce que la France quitte l’Algérie.

C’est l’un des points de discorde entre lui et Mehdi Ben Barka. Mohammed V a catégoriquement refusé de négocier avec la France le tracé des frontières maroco-algériennes, affirmant que cela serait discuté entre nos frères maghrébins une fois l’indépendance de l’Algérie obtenue. Malgré tout ce qu’a fait la junte au pouvoir à Alger, le Maroc n’a jamais agi de la même manière. Il aurait pu reconnaître l’indépendance de la Kabylie, mais il ne l’a pas fait et n’a pas doté le MAK d’un bureau et d’un budget, comme le fait l’Algérie avec le Polisario. Le Royaume du Maroc est plus respectueux de ses engagements internationaux. Par ailleurs, pour rester dans le cas des relations Maghreb-UE, je dois rappeler que l’article premier de l’accord d’association Algérie-UE, signé en 2002 et entré en vigueur en 2005, mentionne « l’encouragement de l’intégration maghrébine en favorisant les échanges et coopération au sein du Maghreb dans son ensemble et entre celui-ci et la Communauté européenne et ses États membres.

Si j’ai écrit aux députés européens, c’est pour leur rappeler cet article et leur dire que ce pays agit en contradiction avec ses engagements contractuels avec l’Europe. Dans le même temps, j’ai attiré leur attention sur le fait que l’Algérie, qui a créé en Belgique un petit groupe séparatiste marocain du Rif, avec des succursales en Espagne, en Allemagne et aux Pays-Bas, porte atteinte à la sécurité de ces États et viole la souveraineté du Maroc en cherchant à amputer une partie de son territoire. Ce qui est contraire au paragraphe 7 de l’article 2 de la Charte des Nations Unies qui consacre la « souveraineté pleine et entière des États… »

L’Algérie a également, selon une autre lettre que vous avez adressée au Parlement européen, le 12 février 2024, créé des groupes terroristes armés au Mali notamment…
Les généraux algériens veulent embraser la région, ni plus ni moins. Ils ont armé et repoussé de l’Azawad au Mali un mouvement terroriste dirigé par Iyad Ag Ghali, à qui, à l’instar du Polisario, Alger fournit des armes et un soutien logistique pour contrecarrer le mouvement national pour l’indépendance de l’Azawad (MNLA). Les services secrets militaires algériens sont à l’origine de la création du groupe terroriste Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), comme en témoignent plusieurs études universitaires et rapports des services secrets occidentaux. De ce fait, ils sont directement responsables de tous les meurtres commis, et qui continuent de l’être, au sein des pays du Sahel.

Ces généraux qui commandent les services secrets militaires algériens, connus sous le nom de DRS (avant de devenir DGDSE), ont financé, conseillé et fourni des informations satellitaires à ces mercenaires jihadistes au Sahel, comme Abdelmalek Droukdel, remplacé à sa mort par Iyad Ag Ghali d’Ansar Dine. et à qui ils ont fourni (et fournissent toujours) un refuge sur le sol algérien, sinon ils ont également fourni des candidats à AQMI et à Daesh.

Pensez-vous que l’Algérie peut franchir le pas et fournir des armes au Parti national du Rif ?
Criminels qui ont assassiné des centaines de milliers de leurs compatriotes au cours des années de la décennie noire (années 1990), on peut tout attendre d’eux. Maintenant qu’ils ont proposé des locaux à Alger aux membres du PNR, ils peuvent les autoriser et tout fournir. Le problème, ce sont ces mercenaires, il n’y a pas d’autre terme, qui acceptent de faire le jeu des généraux algériens. Et permettez-moi de vous dire que l’Algérie, pour organiser son coup d’Etat, boiteux d’ailleurs, invoque la mémoire du leader rifain et maghrébin Abdelkrim El Khattabi. La propagande algérienne présente ce dernier comme un séparatiste, qui a réussi à créer un État dans les années 1920, lors de sa guerre anticoloniale contre la France et l’Espagne.

Or, ce que ces officiers algériens illégitimes ignorent totalement, c’est que la révolution socio-politique d’Abdelkrim est à l’origine de la création des mouvements politiques nationalistes marocains et algériens à partir de 1927. Feu El Khattabi a combattu l’Espagne et la France pour libérer le Maroc et son objectif était la réunification des États du Maghreb. Ce fut son cheval de bataille lors de son exil au Caire de 1946 jusqu’à sa mort le 6 février 1963. Durant toutes ces années, il n’a jamais réclamé la séparation du Rif de sa patrie le Maroc. De plus, il avait même conseillé à son frère et à ses fils et filles de rentrer au Maroc, un de ses fils ayant rejoint les Forces Armées Royales. A aucun moment il n’a voulu séparer le Rif du reste du Maroc.

Il avait conseillé les dirigeants du FLN sur la manière de mener efficacement leurs opérations militaires contre l’armée française. Son plus grand rêve était que nos États d’Afrique du Nord se libèrent du colonialisme européen et œuvrent à la création de la Grande Union du Maghreb que notre ONG, à travers son « Manifeste Tamazgha », met tout en œuvre pour concrétiser. , à l’instar de l’Union européenne.

 
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