Transports publics à Montpellier | Le pari gratuit – .

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L’initiative écologique et sociale est loin de faire l’unanimité


Publié à 1h55

Mis à jour à 6h00

Romain Chauvet

Collaboration spéciale

Il est un peu plus de 17 heures et le soleil commence à se coucher sur la ville de Montpellier, dans le sud de la France. Comme chaque jour, Catherine enfourche son vélo pour rentrer chez elle après une journée de travail. On pourrait penser que les 20 degrés anormalement élevés qu’affichait le thermomètre fin décembre l’inciteraient à faire du vélo, mais ce n’est pas le cas. « Cela me permet de me déplacer plus facilement tout en faisant mon sport quotidien », plaisante-t-elle.

Pourtant, depuis le 21 décembre, elle peut, comme les quelque 500 000 habitants de l’agglomération montpelliéraine, utiliser les transports en commun, bus et tramways, sans avoir à débourser le moindre euro. « C’est une bonne chose, je pense que ça va assainir un peu la ville », note Catherine.

Vendue comme « écologique et sociale » par le maire de gauche de la ville, cette mesure est une promesse de campagne. Michaël Delafosse espère réduire le nombre de voitures en circulation en donnant un coup de pouce aux ménages de sa commune, qui connaît un taux de pauvreté de 26%, contre environ 15% au niveau national. « Les mesures contre le changement climatique sont souvent mal vécues et perçues par les plus modestes, qui ont l’impression que ce sont toujours les mêmes qui souffrent. C’est pourquoi nous voulions quelque chose qui combine les deux», explique Julie Frêche, vice-présidente adjointe aux transports de la métropole.

Gratuit, à quel prix ?

Ce service gratuit avait déjà démarré partiellement ces dernières années, notamment le week-end, ou encore pour les jeunes et les seniors. Malgré tout, les avis sont partagés.

Si c’est gratuit, mais que c’est de la merde, c’est contre-productif.

Alenka Doulain, élue municipale de l’opposition

« Si l’on demande aux citoyens pourquoi ils ne prennent pas les transports en commun, le prix n’est pas le facteur numéro un, mais plutôt la mauvaise qualité du service », explique Mme.moi Doulain, qui regrette également que la mesure n’inclut pas les travailleurs qui résident hors de la métropole.

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INFOGRAPHIES LA PRESSE

La ville a promis d’ajouter plusieurs dizaines de rames de tramway et de bus dans les mois à venir, mais cela est loin de rassurer le Comité des usagers des transports publics de la ville. «On déshabille Paul pour habiller Jacques», déplore Samuel Grisvard, membre du comité. « Il y a déjà une dégradation du service depuis plusieurs années avec des bus saturés, des retards accumulés et des gens laissés sur le quai aux heures de pointe. Nous craignons que le libre accès n’aggrave la situation. Il aurait dû y avoir une meilleure anticipation. »

Un autre point de discorde est celui du financement. La métropole estime le coût de cette mesure à environ 30 millions d’euros par an (près de 44 millions CAN) et assure qu’il n’y aura pas d’augmentation des impôts.

La Ville entend miser notamment sur son attractivité économique, en espérant que la prime mobilité (impôt payé en France par les entreprises de 11 salariés ou plus) finance une bonne partie de la mesure. «Quand on se prive de 30 millions d’euros par an sans vraiment savoir d’où on les prend, le risque est très grand», s’inquiète Alenka Doulain.

Une mesure vraiment efficace ?

« Ce genre de mesures, qui ne dérangent pas les automobilistes, sont plébiscitées par le public, mais sont peu efficaces, car elles ne s’attaquent pas au problème à la Source, celui de la réduction du trafic automobile et de sa pollution », soutient Frédéric Héran, chargé des transports. économiste.

On constate systématiquement que ce sont toujours, en premier lieu, les cyclistes qui sont attirés, puis les piétons et loin derrière les automobilistes, qui sont en fait très peu séduits par cette mesure.

Frédéric Héran, économiste des transports

Frédéric Héran a comparé les données publiques sur les modes de déplacement avant et après la gratuité des transports dans six villes européennes qui l’appliquaient déjà. « Un parent qui déposait auparavant son enfant à l’école en voiture peut désormais l’inciter à prendre le bus gratuitement tout en continuant à se déplacer en voiture. » Le chercheur pense que d’autres mesures sont plus efficaces, comme un aménagement cyclable qui réduit l’espace pour les voitures, une réduction de la vitesse autorisée ou encore la fermeture des rues à la circulation.

Une chose est sûre, Montpellier étant la plus grande ville d’Europe à avoir mis en place la gratuité des transports en commun, les conséquences de cette mesure seront scrutées de près. Pourrait-on voir la même chose au Québec? La Ville de Montréal a indiqué par courriel qu’elle était « favorable à toutes les mesures visant à améliorer l’utilisation des transports en commun, y compris les incitatifs financiers », tout en soulignant que les entreprises de transport de la province « sont encore trop vulnérables au manque de financement du Québec ». gouvernement.

 
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