LE « FOUDDEUN », UNE BEAUTÉ ANCESTRALE RESSUSCITE

LE « FOUDDEUN », UNE BEAUTÉ ANCESTRALE RESSUSCITE
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Le henné, « fouddeun » en wolof, était très apprécié durant le mois de Ramadan. Cette pratique ancestrale, autrefois utilisée lors des cérémonies de mariage ou de baptême, fait son grand retour auprès des grandes dames. Bés Bi a fait une immersion chez Aïssatou Bathily, à Yoff. Cette dernière est experte en henné naturel. Sa maison est toujours pleine.

Le soleil est au zénith. Le climat est défavorable. L’équipe d’E-Media Group se dirige vers Yoff, le quartier où vit Aïssatou Bathily, praticienne au henné. Mais, à cette heure de la journée, arriver chez elle devient un véritable calvaire à cause des énormes embouteillages. Automobilistes et motards rivalisent pour la route, piétinant les règles élémentaires du code de la route. Un acte d’incivisme qui met certains hors d’eux-mêmes. Certains, rongés par la faim, élèvent la voix. Après une heure de route. Et voici la maison de la reine du henné qui rend les mains et les pieds des femmes plus gracieux en ce mois béni du Ramadan. Sa maison est imposante. C’est un bâtiment carrelé en noir et blanc. Aïcha, de taille moyenne, au teint clair, vêtue d’une djellaba couleur saumon, la tête bien voilée, accueille ses invités avec un large sourire. Elle dévoile ses belles dents blanches. L’horloge murale indique 12 heures. Après les salamalecs d’usage, elle s’installe dans son somptueux salon, décoré avec douceur et classe. La superbe photo de Serigne Babacar Sy accrochée au mur renseigne sur son appartenance à la confrérie. La dame est très demandée. En témoignent les nombreuses femmes qui attendent patiemment leur tour pour se faire tatouer au henné naturel.

Dans un coin du salon, on voit un seau rempli de poudre de henné verdâtre, dont la couleur cuivrée peut virer au rouge après usage. Une casserole d’eau et un plat en aluminium sont parfaitement posés sur le doux tapis gris. Ce décor est complété par des bandes de col blanc découpées en fines bandes utilisées pour le design. « Qui est le dernier sur la liste ? » » demande une jeune fille, vêtue d’une robe Wax multicolore. Pendant ce temps, Aïcha s’affaire à préparer l’application du henné. Elle récite des versets du Coran dans de l’eau simple mélangée à l’eau dite bénite de Zam-Zam, qu’elle verse ensuite sur la poudre de henné jusqu’à obtenir une pâte homogène. Après avoir obtenu le résultat souhaité, elle commence à travailler avec le premier client de la liste, Fama. Cette étape terminée, elle réalise des dessins avec le col finement coupé. Il en existe une variété, certaines femmes préfèrent les tatouages ​​de fleurons et d’autres optent pour des figures symétriques avant de mettre la pâte sur les dessins. Au bout de 3 heures, elle enlève le henné et obtient une couleur rouge bordeaux. Elle l’enduit d’huile de beurre de karité pour le faire briller. « Nous sommes au mois de Ramadan, le henné c’est pratique. Nous pouvons faire nos ablutions et prier sans souci. En tant que jeunes, nous devons perpétuer cette pratique ancestrale qui fait plaisir », explique Penda, une cliente de Keur Massar. La jeune écolière Oumou Ndoye est d’accord.

Aïssatou et le henné, une histoire d’amour

Agée d’une vingtaine d’années, Aïssatou adore le henné depuis toute petite. Par passion. Et elle est allée jusqu’au Mali pour l’apprendre. Elle exerce ce métier depuis 4 ans ce qui lui rapporte beaucoup de revenus. «J’ai toujours aimé le henné. C’est lors de ma formation au Mali que j’ai découvert bon nombre des vertus et bienfaits de ce produit naturel. Appliquer du henné sur votre corps peut conjurer le mauvais sort, soigner les maladies des pieds et les maux de tête. L’huile de henné est utilisée localement pour traiter les douleurs arthritiques et rhumatismales, le jus de henné et l’huile sur la peau pour réduire les signes du vieillissement et les rides. Le henné aide aussi à réduire certains troubles du sommeil, c’est une plante pour une bonne santé cardiaque”, explique-t-elle. Selon lui, la liste des bienfaits de ce produit est loin d’être exhaustive. Selon elle, c’est un arbre du paradis. « D’après l’histoire, nos ancêtres ne portaient pas de vêtements, ils cherchaient l’écorce des arbres pour se couvrir mais pratiquement tous les arbres refusaient, seul le henné acceptait », ajoute Aïssata avec des gestes. avec ses mains visiblement bien tatouées. Elle le fait bien. « Je gagne bien ma vie grâce à ce travail. J’en profite », admet-elle. Le henné ou « fouddeun » sur les mains des jeunes femmes, produit naturel, est un véritable allié beauté. Obtenu sous forme d’extrait végétal (feuilles, poudre) d’arbustes de la famille des Lythracées. Le henné est un produit naturel auquel on attribue de nombreuses vertus et qui est très apprécié au Sénégal. Une fois cueillies, ses feuilles sont séchées puis finement broyées. Cela donne une texture qui permet de le transformer en pâte, une fois le produit mélangé à l’eau. La pâte ainsi obtenue est utilisée pour créer un tatouage éphémère appelé « Fouddeun » en créant des dessins sous forme de motifs floraux ou abstraits. Son côté esthétique en fait un atout de séduction féminine, notamment pour les jeunes mariées. On le retrouve également dans plusieurs cultures (turque, mauritanienne, marocaine, sénégalaise) lors d’occasions particulières comme les mariages et les baptêmes. Originaire principalement du sous-continent indien et d’Afrique du Nord, le henné se décline sous différentes variantes. (…)

 
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