face aux massacres, les Eglises au secours de la paix

face aux massacres, les Eglises au secours de la paix
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En Afrique centrale, les massacres se poursuivent sans que les États puissent y mettre un terme. Retour de l’esclavage, guerres tribales, désordre démographique… les Églises tentent de rétablir la paix civile mais l’impuissance des autorités, constate le géopoliticien Jean-Baptiste Noé, témoigne d’une dissolution des structures sociales.

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La liste des massacres qui ravagent actuellement l’Afrique centrale, de l’Atlantique au Soudan, est longue et macabre. 23 janvier : Nigéria, violences dans l’État du Plateau (centre du pays), 55 morts. Attaques contre des écoles, des maisons, des lieux de culte. Quelques jours plus tard, une attaque contre le village de Kwahaslalek menée par des éleveurs musulmans peuls causait la mort d’une trentaine de personnes. 25 février : Burkina Faso, attaque contre une église catholique dans le nord du pays, 15 morts. Qualifiée de « terroriste », cette attaque n’est malheureusement pas isolée. Depuis 2015, le nombre de morts dans ce pays suite à des attaques de ce type est estimé à 20 000.

Retour de l’esclavage

Au Soudan, la guerre civile qui a éclaté en avril 2023 a déjà fait près de 20 000 morts et sept millions de déplacés. Beaucoup ont trouvé refuge au Tchad voisin, qui n’a ni nourriture ni capacité sociale pour accueillir autant de réfugiés. L’état d’urgence alimentaire y a été déclaré, appelant à ce que l’aide internationale vienne en aide à un pays de plus en plus affaibli par les luttes internes. Au Soudan du Sud, majoritairement chrétien et qui a obtenu son indépendance du Nord-Soudan musulman, les massacres de civils se poursuivent également, notamment contre la tribu Dinka, dont beaucoup de femmes et d’enfants sont kidnappés pour être vendus comme esclaves. .

La professeure italienne Beatrice Nicolini, dans un article remarquable publié dans la revue La vie et la pensée a résumé la permanence de l’esclavage en Afrique, qui épargne peu de pays. Le Sénégal, l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Ethiopie, la Mauritanie et le Congo font partie des Etats les plus concernés. Le schéma est très souvent le même : des populations noires, animistes ou chrétiennes, sont kidnappées et capturées par des populations blanches musulmanes ou noires mais appartenant à des ethnies traditionnellement esclavagistes. Il s’agit principalement de femmes, vendues pour des pratiques sexuelles et d’enfants, utilisés dans les mines ou au combat. Ces métiers actuels redécouvrent les chemins, les réseaux et les méthodes du commerce qui avaient lieu jusqu’à l’arrivée des Européens. Déjà lors de ses voyages dans la Corne de l’Afrique dans les années 1930, Joseph Kessel constatait la permanence du commerce pratiqué par les Arabes qui transportaient les populations à travers la mer Rouge. Une permanence que les Pères Blancs et les colons européens ont réussi à contenir et à restreindre, mais jamais à éradiquer.

La dissolution des États

La plupart des massacres auxquels nous assistons aujourd’hui, que ce soit au Nigeria, au Burkina Faso ou en République Centrafricaine, trouvent leur origine dans ce trafic. Il ne s’agit pas tant d’attaques religieuses ou terroristes, contrairement à ce que prétendent les autorités locales, mais d’attaques à caractère ethnique, opposant souvent des tribus nomades à des tribus sédentaires, qui ont un vernis religieux particulier et qui mettent en avant cette coloration religieuse pour justifier leurs attaques en mobilisant populations locales.

La dissolution des États conjuguée à la tribalisation des sociétés est l’un des facteurs d’augmentation de la violence.

Il est en effet plus gratifiant de dire que l’on se bat pour le califat ou pour l’Islam plutôt que pour de vils motifs de pillage et de trafic. La dissolution des États conjuguée à la tribalisation des sociétés est l’un des facteurs d’augmentation de la violence. Le deuxième facteur est la croissance démographique. Cela signifie que des espaces auparavant vides sont désormais occupés et que des groupes humains rivaux, mais qui étaient relativement peu en contact, sont désormais en conflit quotidien sur l’occupation et l’utilisation de l’espace. Les pays du Sahel comptaient ainsi 12 millions d’habitants en 1960 contre près de 70 millions aujourd’hui. Le Niger, par exemple, est passé de 3 millions à 25 millions d’habitants.

L’action des Églises locales

Face à la dynamique de violence et d’attaques, les Églises locales se retrouvent impuissantes à éradiquer le désordre politique et social, alors qu’elles font beaucoup pour aider les populations civiles. Les diocèses sont largement mobilisés dans la lutte contre les violences et il existe de nombreuses associations locales et internationales, catholiques ou protestantes, œuvrant pour la paix. Le pape François a beaucoup investi en Afrique. En se rendant en Centrafrique alors que la guerre civile se poursuivait (2015), en accueillant les dirigeants du Soudan du Sud au Vatican et en s’y rendant en 2022. Des attentions multiples qui n’ont pas permis de réduire les violences ni d’éteindre les incendies. Mais qui a au moins porté ces attentats sur le devant de la scène mondiale et qui a contribué à éviter qu’ils ne tombent dans l’oubli, ce qui les condamnerait à se poursuivre sans fin.

 
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