Une double charge, en tenaille. Lundi 8 janvier, Emmanuel Macron, qui a présenté ses vœux au Conseil constitutionnel, a été sermonné à deux reprises. La première est venue du président du Conseil lui-même, Laurent Fabius, qui depuis la salle des fêtes de l’Elysée lui a reproché entre les lignes de traiter l’État de droit avec une certaine légèreté. L’ancien premier ministre de François Mitterrand ne digère pas la désinvolture de plusieurs membres de l’exécutif qui, juste avant Noël, ont explicitement reconnu que plusieurs dispositions du projet de loi sur l’immigration n’étaient pas constitutionnelles, espérant que le Conseil censure les articles dictés par Les Républicains (LR). , dont ils ont assumé la moindre responsabilité politique.
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» Le Conseil constitutionnel [n’est] ni une chambre d’écho des tendances, ni une chambre d’appel des choix du Parlement, mais le juge de la constitutionnalité des lois », a rappelé son président, qui a regretté que « cette définition simple n’était probablement pas ou pas encore intégrée par tout le monde ». M. Fabius, qui a critiqué le ” confusion “ entre certains entre le droit et la politique, a appelé à « respecter l’État de droit, qui est défini par un ensemble de principes cardinaux tels que la séparation des pouvoirs, le principe de légalité et l’indépendance des juges ».
L’accusation, qui émane d’un adversaire politique astreint au devoir de réserve, est sévère. Un autre, encore plus dur, est arrivé le même jour, exactement à la même heure, mais cette fois d’un ami. De l’autre côté de la Seine, l’avocat, écrivain et académicien François Sureau était invité à ouvrir la séance de rentrée de l’Académie des sciences morales et politiques, sur le thème de la justice.
Sous le regard amusé de l’ancien secrétaire général du gouvernement, Marc Guillaume, et de l’ancien chef d’état-major des armées, le général Lecointre, il a également vivement critiqué “la manière dont, après avoir privilégié un compromis sur la loi relative à l’immigration, comme si la Constitution n’y était pour rien, l’exécutif a renvoyé le texte qu’il avait souhaité au Conseil constitutionnel”.
Une attitude « insensée » de certains politiques
L’auteur de Le chemin des morts (Gallimard, 2013), que le chef de l’État apprécie et avec qui il aime discuter de littérature ou de questions militaires, a ironisé sur le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui, le 19 décembre, avant le vote final de « l’immigration », » projet de loi à l’Assemblée nationale, avait lâché : « Le travail du Conseil constitutionnel fera son travail, mais la politique, ce n’est pas être un avocat devant des avocats. »
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