L’équipe soignante du Centre d’information et de soins de l’immunodéficience humaine et des hépatites virales (CISIH) de l’AP-HM a détaillé le cas très rare de rémission du VIH chez un patient suivi dans le service. Premier en France et huitième cas dans le monde.
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Le cas de ce patient, âgé d’une soixantaine d’années, ouvre de nouvelles perspectives de recherche pour lutter contre le sida. Suivie à l’hôpital Sainte-Marguerite de Marseille, elle a été déclarée en rémission après une allogreffe de moelle osseuse réalisée il y a cinq ans. Ce serait le premier cas de guérison du VIH en France. Le huitième cas au monde.
Diagnostiqué séropositif en 1999, le sexagénaire avait « a développé une leucémie myéloïde aiguë en 2020 »a expliqué l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille, dans un communiqué. L’AP-HM précise toutefois que ce cas n’est pas « généralisable à tous les patients touchés par le VIH en raison de la lourdeur des traitements associés à l’allogreffe ».
Le docteur Sylvie Bregigeon qui dirige le Centre d’information et de soins sur l’immunodéficience humaine et les hépatites virales (CISIH), où est suivi ce patient, et le docteur Olivia Eaegel-Faucher détaillent ces résultats devant la presse ce lundi 20 janvier.
À ce jour, seuls sept cas de guérison fonctionnelle du VIH après allogreffe de moelle osseusetrois en Allemagne, deux aux États-Unis et un en Grande-Bretagne. La dernière en date, à Genève, en Suisse, en 2023. Tous ces patients avaient une indication de greffe pour traiter une leucémie aiguë, des traitements rarement utilisés chez les patients séropositifs, explique Sylvie Bregigeon.
Le pLe professeur Philippe Colson, praticien hospitalier à l’IHU Méditerranée Infection, a souligné que ce traitement de transplantation utilisé pour l’hémopathie maligne n’était possible qu’avec un donneur qqui avait une mutation génétique rare. CLe donneur présentait une mutation génétique rare (Delta 32) sur le gène CCR5, empêchant le VIH de s’y attacher et de détruire les cellules. Traitement de greffe de moelle osseuse n’est pas applicable à grande échelle à tous les patients atteints du VIH. Le pourcentage est estimé à 1% des cas.
« Il n’existe pas une seule méthode adaptée aux patients séropositifs »a insisté le professeur Colson, ce qui est très rare, c’est de trouver un donneur compatible qui présente la mutation nécessaire. Il y a une chance sur un million de trouver un donneur compatible porteur de la bonne mutation, a déclaré le Dr Faezeh Legrand, p.raticien hospitalier en hématologie – IPC. D’où seulement huit cas de rémission à ce jour dans le monde.
-“Et ça ne marche pas à tous les coups, même avec un donneur muté”, prévient le Dr Bregigeon.
Le professeur Colson a rappelé que la greffe de moelle osseuse est un traitement très lourd, qui présente de nombreuses complications pour le patient, notamment infectieuses.
Ce traitement d’allogreffe n’a pas été proposé à la patiente IPC pour son VIH, mais pour sa leucémie aiguë. “Le premier objectif était de la guérir de la leucémie dont elle allait mourir”, » ajouta le docteur Olivia Eaegel-Faucher. Aujourd’hui, “la patiente va bien, elle est très contente”indiqua le Dr Brégigeon.
Ce cas de guérison exceptionnelle avec des critères très précis est important pour les recherches futures sur les patients atteints du VIH, mais aussi parce qu’il montre « que nous pouvons traiter ces patients avec des traitements optimaux comme une allogreffe en cas d’hémopathie maligne ».
Le patient, originaire de la région Paca, souhaite garder l’anonymat et n’a pas assisté à cette présentation à la presse. LE Le Dr Faezeh Legrand, qui l’a soignée pour sa greffe, a lu un message qu’elle souhaitait transmettre aux patients, aux chercheurs et à toute l’équipe médicale.
“Après 26 ans de maladie, je n’aurais jamais pensé pouvoir un jour entendre une telle nouvelle, c’est un tel soulagement et un tel message d’espoir pour toutes les personnes qui sont dans la même situation”elle écrit.
“J’ai une pensée toute particulière pour la personne qui a fait ce don de moelle osseuse, qui a permis non seulement de guérir totalement la leucémie, mais plus encore de réaliser ce que je pensais impossible, vaincre le VIH”.
“Je voudrais dire à tous les malades que le chemin est long et semé d’embûches, mais que si nous sommes bien entourés et pris en charge, nous pouvons encore y croire, voir poindre la guérison”, conclut-elle.