Le gérant d’une entreprise de taxi, âgé de 60 ans, a été mis en examen pour escroquerie et blanchiment en fin de semaine dernière à Versailles (Yvelines), avant d’être incarcéré au centre pénitentiaire de Bois-d’Arcy, selon les informations de parisien.
Basé à Élancourt, l’individu est soupçonné d’avoir surfacturé des transports de malades en Île-de-France, entre 2021 et 2024, percevant, selon les premiers éléments de l’enquête, plus de 1,7 million d’euros par la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM). 78) et diverses mutuelles d’assurance. Il aurait également rédigé de fausses déclarations, se faisant facturer des déplacements de patients qui n’auraient jamais été effectués.
Premier rapport de Tracfin
L’enquête a été ouverte fin novembre 2023 après que le parquet de Versailles a reçu une plainte du gendarme des transactions bancaires (Tracfin), chargé de la lutte contre le blanchiment ou la fraude fiscale et sociale, concernant cette société. transport. Sous contrat avec le ministère de la Santé, son activité principale consistait à transporter les patients vers les hôpitaux pour leurs consultations.
D’origine camerounaise, pays où il s’était rendu quelques mois, c’est à son retour en France le 7 janvier qu’il a été appréhendé par les forces de l’Ordre. Il avait alors reconnu avoir fraudé 19 fonds primaires, pour une perte totale de 2,4 millions d’euros, soit plus encore que ce que les enquêteurs avaient détecté.
La quasi-totalité des fonds de l’entreprise aurait été transférée sur les différents comptes personnels du sexagénaire, dont certains en Bulgarie, en Estonie ou à Malte, ainsi que sur un portefeuille de cryptomonnaies. Devant le juge d’instruction, l’individu a reconnu les faits, a exprimé ses regrets et s’est dit prêt à tout rembourser.
Pas une affaire isolée
Ce cas de fraude à la Sécurité Sociale par un transporteur médical est loin d’être isolé. En octobre dernier, un chauffeur de taxi de l’Allier a été condamné au remboursement de sa caisse primaire de près de 100 000 euros et à 18 mois de prison avec sursis, en plus de la confiscation d’un de ses véhicules de luxe. Le même mois, une chauffeur de taxi varois est accusée d’avoir reçu plus de 2,3 millions d’euros pour le transport sanitaire de diverses caisses primaires et mutualistes – dont un million pour un seul patient… Elle comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Draguignan en février.
-Le directeur de la Cnam, Thomas Fâtome, a estimé que les transporteurs de santé représentaient, en 2023, un montant total de 34 millions d’euros de préjudices détectés en matière de fraude à l’Assurance Maladie, réclamant davantage « contrôles ».
Tarifs réduits et transports partagés ?
Au-delà des fraudes avérées et minoritaires, la question de la régulation des dépenses de transports sanitaires est revenue sur le devant de la scène ces dernières semaines, grâce aux négociations entre la Cnam et les artisans taxis. Fin novembre, les chauffeurs de taxi se sont fortement mobilisés pour refuser le projet d’accord 2025-2029 avec l’Assurance maladie, arguant qu’il leur ferait perdre jusqu’à 40 % de leur chiffre d’affaires annuel ! Celui-ci devait initialement entrer en vigueur en 2025 et abaisser les tarifs convenus pour le transport sanitaire de personnes par taxi, afin de pouvoir réduire la facture de la Sécurité sociale.
Environ 40 000 taxis participent au transport sanitaire. “Nous ne sommes pas au bout des discussions”a toutefois tempéré Thomas Fatôme, PDG de la Cnam, le 2 décembre, sur Franceinfo. Avec la censure et le rejet du budget 2025 de la Sécurité sociale (qui espérait 300 millions d’euros d’économies sur ces transports sanitaires), la convention 2024 est pour l’instant “étendu”, en attendant de futurs arbitrages.
Par ailleurs, un décret d’exécution du budget 2024 de la Sécurité sociale prévoit qu’un patient ne peut plus refuser, sauf circonstances exceptionnelles, un transport sanitaire partagé, sous peine de devoir avancer les frais et d’être remboursé uniquement sur la base du transport collectif. A cet effet, la Cnam a lancé en fin d’année une campagne pour inciter les usagers à recourir au transport sanitaire partagé, après avoir déjà fait des propositions dans son rapport « coûts et produits » pour 2025.
Le transport sanitaire représente un budget de 6,3 milliards d’euros, en augmentation de près de 9 % entre 2022 et 2023, et en croissance moyenne de 4,4 % par an depuis 2016.