Le blog du Professeur Gabriel Steg – Cardiologue
Bonjour, pour commencer l’année, j’aimerais vous parler d’un sujet dont on parle relativement peu dans le domaine cardiovasculaire, qui est l’influence de la pollution atmosphérique sur le risque cardiovasculaire et ce en lien avec deux articles récents que je l’ai trouvé très frappant.
L’impact inconnu des incendies de forêt sur la mortalité cardiovasculaire
La première est une analyse d’équipe appelée Charge mondiale de morbiditéqui publie chaque année dans le Lancette l’état actuel de la santé mondiale, pays par pays, région par région, en fonction de différents facteurs de risque, de différentes maladies.
En décembre, cette équipe a publié dans le Lancette un article qui tente de quantifier l’influence des incendies de forêt et de la pollution atmosphérique qu’ils produisent sur le risque de mortalité toutes causes confondues, de mortalité cardiovasculaire et de mortalité respiratoire. La leçon de cet article est que, quand on regarde la décennie 2010-2019, on peut considérer que chaque année environ 1,5 million de décès toutes causes confondues sont imputables à la pollution atmosphérique produite par les incendies de forêts, ce qui est considérable.
Cette mortalité est nettement plus élevée dans les pays en développement ou émergents que dans les pays industrialisés. Elle était 9 fois plus élevée au début de la décennie et à nouveau 4 fois plus élevée à la fin de la décennie car elle diminue légèrement dans les pays d’Afrique subsaharienne alors qu’elle augmente régulièrement dans les pays d’Amérique latine ou dans les pays de l’Afrique subsaharienne. Bassin méditerranéen.
Quand on regarde à quoi est attribuée cette surmortalité, environ un tiers des décès d’origine cardiovasculaire (plus de 200 000 décès) sont d’origine respiratoire et le reste se répartit entre différentes causes, y compris celles qui ne sont pas clairement élucidées. L’impact cardiovasculaire est donc le plus important de tous les impacts en termes de système et de cause de décès. Cela concerne directement les cardiologues qui n’ont pas toujours la perception que les incendies de forêt, à eux seuls, représentent une cause suffisamment importante de pollution atmosphérique, tant par l’augmentation des taux de particules fines, PM2,5, que par l’augmentation des taux d’ozone dans l’atmosphère.
La fermeture d’une centrale à charbon, un tournant pour la santé locale
Le 2e l’article vient d’un journal sur la santé environnementale que je n’ai jamais lu, le Journal de santé environnementalemais qui a été cité et commenté dans la revue Circulationl’examen deAssociation américaine du cœur . Cet article s’intéresse à l’impact de la fermeture d’une centrale à charbon dans la région de Pittsburgh, sur les consultations aux urgences et notamment sur les motifs de consultations cardiovasculaires.
Les usines de charbon transforment le charbon en coke, une forme de charbon particulièrement solide qui est utilisée pour la métallurgie et donc très polluante.
Ce procédé est extrêmement polluant en termes de production de particules fines et de dioxyde de sulfure, assez similaire à ce qui est produit par les centrales électriques au charbon encore nombreuses dans le monde, notamment en Inde et en Chine. Ce qui est assez spectaculaire, ce sont les graphiques de cet article qui montrent l’évolution des consultations aux urgences et des passages aux urgences de l’hôpital proche de cette usine avant et après sa fermeture, pour des consultations pour raisons cardiovasculaires. , consultations de traumatologie et cardiovasculaire dans d’autres services d’urgence situés loin de cette usine mais dans la même région.
Ce que l’on constate, c’est que dans tous les sites témoins, les consultations pour raisons cardiovasculaires sont en constante augmentation, que, sur le site de l’usine concernée et à l’hôpital proche de cette usine concernée, les consultations pour traumatologie se multiplient. régulièrement mais qu’en revanche, dès les mois qui ont suivi la fermeture de cette usine de production de coke, les consultations pour raisons cardiovasculaires se sont effondrées et ont diminué de 42 % en un an, avec une baisse qui se poursuit au-delà de la première année.
La contribution probable et plausible de la pollution atmosphérique produite par cette centrale à charbon est absolument majeure dans les sources de consultations cardiovasculaires et probablement de maladies cardiovasculaires dans cette région.
Je pense que nous tous, professionnels de santé, avons tendance à sous-estimer l’impact de la pollution de l’air sur la santé cardiovasculaire de nos patients et c’est un sujet auquel nous ferions bien de nous intéresser car cet exemple montre qu’il est éminemment modifiable.
Repenser les pratiques médicales face à la pollution
En termes de santé publique, il s’agit d’un impact absolument majeur qui doit nous interpeller à être plus attentifs à l’exposition à la pollution atmosphérique de nos patients, à tenter de la quantifier, de la mesurer, de la comparer. , de fixer des normes et d’intervenir sur ces niveaux d’exposition à la pollution atmosphérique car cela peut améliorer très sensiblement la santé cardiovasculaire des populations qui y sont exposées.
Voilà, je laisse ceci à votre réflexion. Ce n’est pas un sujet extrêmement réjouissant pour commencer l’année, mais c’est un sujet dont l’impact me semble très sous-estimé, et auquel nous ferions bien de nous intéresser collectivement.
Bonne année 2025, bonne santé cardiovasculaire, à bientôt.
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