L’ESSENTIEL
- Une étude française met en évidence un lien entre l’accès limité aux soins primaires et la surmortalité par cancer, notamment pour les cancers du sein, du côlon, du poumon et du foie.
- Basée sur plus de 150 000 cas de 2013 à 2015, elle révèle que les zones médicalement sous-équipées, autrement dit les déserts médicaux, favorisent des diagnostics tardifs et une couverture thérapeutique insuffisante.
- Ainsi, par exemple, les femmes les plus défavorisées ont un risque de décès accru de 69 % dans l’année qui suit un diagnostic de cancer du sein, et de 126 % sur cinq ans.
Dans quelle mesure l’accès aux soins primaires influence-t-il la survie des patients atteints de cancer ? Une étude récente menée par des chercheurs français révèle un lien direct entre le manque d’accessibilité aux médecins généralistes et la surmortalité par cancer du sein, du poumon ou encore du côlon. Leur enquête, publiée dans la revue Cancermet en avant les conséquences concrètes des déserts médicaux sur la santé publique.
Dix types de cancers à l’étude
Contrairement aux travaux précédents, cette étude nationale, basée sur le registre français des cancers couvrant 20 % de la population métropolitaine, inclut les dix cancers les plus fréquents dans le pays : sein, colorectal, poumon, pancréas, prostate, mélanome, vessie, tête. et le cou, les reins, le foie. En analysant les données de plus de 150 000 patients diagnostiqués entre 2013 et 2015, les chercheurs ont utilisé des outils validés, tels que SCALE (Indice multiscalaire d’accessibilité spécial) et l’APL (Localized Potential Accessibility), pour évaluer l’accessibilité aux soins de première ligne, tout en prenant en compte les disparités socio-économiques des patients.
Les résultats confirment une surmortalité par cancer chez les patients ayant un faible accès aux soins primaires. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les femmes les plus défavorisées ont un risque accru de décès de 69 % dans l’année qui suit un diagnostic de cancer du sein, et de 126 % sur cinq ans. Chez les hommes, ce risque atteint 9 % à un an pour le cancer du poumon, et 52 % à cinq ans pour le cancer du foie.
Cependant, l’impact varie selon le cancer. Par exemple, aucun lien n’a été trouvé entre l’accessibilité aux soins primaires et la mortalité par cancer de la peau. Une observation que les scientifiques attribuent à la difficulté de détecter ces lésions dans le cadre d’une consultation par un médecin généraliste.
L’urgence de lutter contre les déserts médicaux
« Les conséquences de vivre dans des zones médicalement défavorisées sont probablement sous-estimées »notent les chercheurs dans un communiqué. Ces déserts médicaux favorisent des diagnostics plus tardifs et moins de traitements pour les effets secondaires des traitements. Même si les inégalités géographiques sont moins marquées que les inégalités sociales, elles jouent un rôle crucial dans le traitement des cancers bronchiques, colorectaux et hépatiques.
Pour réduire cette surmortalité, il apparaît plus que jamais indispensable de renforcer l’accès aux soins primaires dans les déserts médicaux, et ainsi garantir l’équité territoriale dans la prise en charge du cancer, selon les scientifiques.
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