Une étude américaine vient de confirmer ce que certains soupçonnaient déjà : les chauffeurs de taxi et d’ambulance sont moins touchés que la population générale par la maladie d’Alzheimer. Et cela pourrait simplement s’expliquer par leur activité professionnelle, qui nécessite l’usage permanent de leur sens de l’orientation. Si nous ne sommes pas tous chauffeurs de taxi, la révélation propose une voie de prévention : travailler au quotidien, entre autres, sur sa capacité à s’orienter et à se déplacer dans l’espace.
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Une étude surprenante
Cette étude, réalisée aux États-Unis et publiée dans le Journal médical britannique en décembre dernier, concernait 8 972 221 personnes décédées entre le 1er janvier 2020 et le 31 décembre 2022. Les données ont été obtenues à partir d’un registre de tous les décès aux États-Unis, qui indique également la profession des personnes concernées. Sur ces près de 9 millions de personnes, 3,88 % sont décédées de la maladie d’Alzheimer. Mais si on les examine par profession, les données montrent que seulement 1,03 % des chauffeurs de taxi et 0,74 % des chauffeurs d’ambulance sont morts de la maladie, soit trois fois moins que la population générale. Détail intéressant : cette corrélation n’a pas été observée dans d’autres métiers du transport, comme les chauffeurs de bus, qui suivent toujours les mêmes itinéraires. Conclusion, la pratique quotidienne de la localisation spatiale et de la navigation en temps réel pourrait avoir un effet protecteur contre la maladie d’Alzheimer. Mais comment expliquer cette protection ?
Un hippocampe plus grand
Tout a commencé dans les années 1990. Les chercheurs ont découvert une augmentation du volume de l’hippocampe de petits mammifères et d’oiseaux qui utilisaient largement leur mémoire spatiale pour trouver leur réserve de nourriture. Or, l’hippocampe est une petite zone du cerveau mesurant quelques millimètres, indispensable pour convertir les mémoires à court terme en mémoires à long terme et pour conserver la mémoire spatiale.
Les hippocampes des chauffeurs de taxi étaient nettement plus gros que les autres
Or, elle serait l’une des premières structures cérébrales à s’atrophier lors de l’apparition de la maladie d’Alzheimer, entraînant des problèmes de mémoire et une désorientation dans l’espace. Ces observations chez les animaux ont incité des scientifiques britanniques à se pencher sur le cerveau des chauffeurs de taxi dans les années 2000. Ils ont ensuite étudié, par IRM, le cerveau de seize d’entre eux, à Londres, et comparé à celui de 50 hommes en bonne santé. Résultats : Les hippocampes des chauffeurs de taxi étaient nettement plus grands que les autres.
Exercez votre cerveau
Cette dernière étude de décembre 2024 confirme et précise donc ces précédentes recherches. « L’hippocampe joue un rôle majeur dans la mémoire et l’orientation spatiale. Chez les chauffeurs de taxi, elle apparaît élargie, avec plus de matière grise, note le professeur Philippe Amouyel, directeur de la Fondation Alzheimer. Mais on ne naît pas chauffeur de taxi ! Il est probable que l’entraînement à la localisation spatiale augmente la taille de l’hippocampe, au sein duquel existe une modeste activité de neurogenèse, c’est-à-dire la multiplication des cellules nerveuses, contrairement à d’autres zones cérébrales, hormis le cervelet. Le message de cette étude est que vous devez exercer votre cerveau, votre mémoire et votre orientation spatiale. »