Une série de mesures réglementaires visant à « limiter l’alimentation incontrôlée, en définissant les responsabilités de chaque secteur » a été annoncée par le ministre de la Santé en février de l’année dernière.
Lors d’une journée d’étude consacrée au lancement d’un guide de prise en charge de l’obésité, les intervenants ont appelé à « formuler un texte juridique fixant les responsabilités face à la résurgence du phénomène à l’origine de plusieurs maladies, comme le diabète, l’hypertension et le cancer ». . Près d’un an plus tard, au-delà d’un premier bilan, il convient de réaffirmer ces résolutions qui répondent aux urgences de santé publique.
Les recommandations de la réunion scientifique ont été substantielles et méritent d’être mises en pratique sans tarder afin de freiner la tendance pathogène de ces maladies chroniques dont la prévalence est particulièrement surveillée chez les jeunes. L’enjeu est d’impliquer dans cette démarche les secteurs concernés par cette problématique sanitaire lancinante, notamment le commerce, l’industrie et l’éducation, comme cela a été précisé lors du conclave médical, tout en préconisant la mise en place d’un « programme d’information avec la contribution de l’entreprise médiatique ». . Un défi aussi ambitieux que vital, et un champ d’action vaste et souvent inexploré.
Des indications sur l’évolution inquiétante de ces maladies, essentiellement liées à l’alimentation, sont régulièrement portées à la connaissance du public. Les programmes de prévention, en revanche, sont moins popularisés. Les praticiens interviennent sur différents canaux de communication pour alerter de l’impact de certaines habitudes de consommation persistantes ou qui se détériorent, qui vont à l’encontre de tous les efforts et plans de contrôle mis en place par les autorités et les organismes professionnels spécialisés. Le redéploiement d’une politique de santé publique adaptée est d’autant plus impératif que l’on assiste parfois à des phénomènes sociaux qui incitent les consommateurs à prendre le chemin inverse, à l’encontre des recommandations des médecins.
L’impact des dérives commerciales, échappant à toute logique sanitaire, est démultiplié par l’effet des réseaux sociaux dont l’audience auprès des jeunes ne fait plus de doute. Il faut se connecter à des espaces internet beaucoup plus confidentiels pour retrouver les fondamentaux de la préservation de la santé à l’échelle individuelle et collective. Les organisations mondiales mettent en garde depuis des années contre l’exacerbation des syndromes résultant de la malnutrition, tout en soulignant le risque majeur des polluants environnementaux, un autre fléau qui n’est pas prêt d’être contenu ni de provoquer une réponse concertée au niveau international.
Pour l’instant dominé par la question de la disponibilité des médicaments, le discours des responsables du secteur de la santé gagnerait à intégrer la dimension de prévention contre des maladies qui connaissent une progression silencieuse mais dommageable pour le corps social et donc pour le pays.
Un ancien dirigeant d’une grande entreprise pharmaceutique a évoqué, dans une contribution à la presse nationale, un partenariat avec un pays d’Asie du Sud-Est, connu pour ses performances économiques mais aussi environnementales. L’investisseur y voit une opportunité d’implanter une usine de production, sans tenir compte du marché local de la drogue, les habitants étant « globalement en bonne santé ». Le développement d’un pays est, en fin de compte, proportionnel au niveau de santé publique et à la qualité de vie.