beaucoup de marketing, peu d’avantages – 20/12/2024 à 10h36

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Une femme se passe de crème solaire par une journée ensoleillée à Londres, le 11 août 2020 (Tolga Akmen / Tolga AKMEN)

“L’étape la plus importante de votre routine de soins de la peau est la crème solaire.” Sur les réseaux sociaux, de nombreux influenceurs réclament l’application quotidienne de crème solaire, une tendance avant tout marketing mais inutile et même risquée pour la santé.

Protection contre les UV, remède antirides, ou garantie de l’élasticité de la peau : les bienfaits promis sont alléchants alors que l’exposition au soleil est la principale cause des cancers de la peau.

Pourtant, l’utilité d’appliquer quotidiennement une crème solaire est loin d’être prouvée.

« Ce n’est absolument pas nécessaire », précise Céline Couteau, docteur en pharmacie et spécialiste en cosmétologie. « Il faut surtout surveiller l’indice UV. A 0 ou 1 – comme en ce moment – ​​il n’est pas utile de se protéger contre une menace qui n’existe pas », a-t-elle expliqué à l’AFP.

Et même s’il est prouvé que l’application de crème solaire réduit le vieillissement cutané, au même titre que pour la prévention des cancers de la peau, “cela n’est vrai que si on s’expose au soleil”, poursuit le chercheur.

Surtout, ceux qui relayent cette mode oublient souvent d’évoquer les potentiels effets néfastes sur la peau et la santé de la pénétration des filtres solaires.

– « Argumentaire de vente » –

Au-delà des risques d’intolérance, d’irritation ou d’allergie, “certains filtres utilisés sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens, voire cancérigènes”, souligne Céline Couteau, comme l’oxybenzone ou l’octocrylène dont les limites maximales de concentration ont été abaissées par la Commission européenne.

« Le problème, c’est qu’on manque de données », déplore Jean-David Zeitoun, docteur en médecine et docteur en épidémiologie clinique.

“On ne sait pas si l’application ou non d’une crème solaire, en plus de l’essentiel, est contrebalancée par les effets hormonaux et environnementaux liés aux produits chimiques contenus dans ces produits”, poursuit-il.

Durant l’été, aux heures les plus chaudes, pour les enfants, “il n’y a pas de questions à se poser, il faut utiliser de la crème solaire”, rappelle Céline Couteau, “mais au quotidien, absolument pas”.

Pourtant, cette tendance s’est répandue depuis plusieurs années, y compris dans tous les produits cosmétiques.

Crème hydratante, fond de teint, poudre, blush… presque tous promettent désormais une protection solaire et affichent un indice de protection solaire (SPF).

« C’est un véritable défi pour le secteur de la cosmétique industrielle. De plus en plus de marques se positionnent sur ce marché», commente auprès de l’AFP Erwan Poivet, conseiller scientifique de la Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA). .

Mais ces produits ne peuvent pas être considérés comme une véritable protection solaire.

« Il s’agit principalement d’un effet esthétique car les rayons UV provoquent le vieillissement cutané. Le but du SPF ici est uniquement de vous promettre de garder une peau jeune », souligne Erwan Poivet.

Problème : de nombreux professionnels craignent que ces produits n’engendrent une confusion chez les consommateurs.

“C’est un bel argument de vente mais le risque est que cela induise en erreur les gens qui s’imaginent que cela suffit pour se protéger”, constate Christophe Bedane, professeur de dermatologie au CHU de Dijon.

– Simplifier l’étiquetage –

En vue de réviser la recommandation de l’UE aux fabricants « sur les allégations de sécurité et d’efficacité » de ces produits qui date de 2006, l’Anses a également recommandé de supprimer toute mention de protection solaire. sur les emballages des produits cosmétiques intégrant un filtre UV.

« Ce produit est appliqué une fois par jour, en quantité moindre. Au contraire, un produit de protection solaire nécessite l’application d’une quantité suffisante et une réapplication dans la journée pour être pleinement efficace », explique l’agence sanitaire.

Opposé à la suppression de cette mention, Erwan Poivet concède qu’elle nécessite plus d’explications.

« Un scénario explicatif doit être défini sur le packaging afin de mieux accompagner le consommateur », soutient-il.

Pour les crèmes solaires, l’Anses recommande également de simplifier l’étiquetage en ne retenant que trois catégories de protection : « faible, moyenne ou forte ».

Pour Céline Couteau, il s’agit aussi de « rééduquer les gens » et d’arrêter de leur faire croire que la crème solaire « est un mur de béton ».

« La crème solaire permet de limiter les dégâts mais elle ne les réduit jamais à zéro. »

 
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