Les microARN (ou miRs), petits ARN non codants, participent à la régulation du génome : cette découverte a été faite dans les années 1990 par le biologiste Victor Ambros et le généticien Gary Ruvkun. La description de ce principe fondamental leur a valu le prix Nobel 2024 de médecine ou physiologie. Leur travail, « dont nous subissons encore les répercussions trente ans après », selon Hervé Seitz, spécialiste des miRs à l’Institut de Génétique Humaine de Montpellier, ont déconstruit le paradigme selon lequel la régulation des gènes se fait uniquement par l’intermédiaire des protéines.
En 1993, Victor Ambros a démontré la régulation négative d’un gène (Lin-4) par rapport à un autre (Lin-14) dans l’organisme modèle. Caenorhabditis elegans et observe que Lin-4 produit un petit ARN, non traduit en protéine. Par ailleurs, Gary Ruvkun constate que le gène Lin-14 est contrôlé négativement par un petit segment d’ARN. Les deux chercheurs ont vite compris qu’ils avaient identifié le même oligonucléotide : le premier microARN jamais décrit. Aujourd’hui, nous en savons bien plus : notre génome est principalement régulé par les miR, qui forment des complexes ribonucléiques très stables, capables de reconnaître et de réguler les ARN messagers.
Ce prix s’inscrit dans la lignée du Nobel 2006 qui récompensait Andrew Fire et Craig Mello pour leurs travaux sur un autre type d’ARN non codant : les petits ARN interférents (siRNA). “L’ensemble de la communauté des chercheurs travaillant dans le domaine des ARN non codants a été surpris qu’Ambros et Ruvkun n’aient pas également reçu le prix à l’époque”, se souvient Jérôme Cavaillé, chercheur au Centre de biologie intégrative de Toulouse.
Aucune application médicale n’a encore abouti, mais la découverte d’Ambros et Ruvkun ouvre des perspectives dans le développement de thérapies contre les maladies cardiovasculaires, métaboliques ou le cancer. Les miR sont également considérés comme des marqueurs diagnostiques et pronostiques.
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