Depuis mercredi 11 décembre, huit médicaments anti-rhume contenant la molécule pseudoéphédrine (voir encadré) ne sont plus disponibles sans ordonnance en France. Cette décision, prise à la suite d’une étude de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), vise à limiter les risques d’effets secondaires graves, notamment les accidents vasculaires cérébraux et les crises cardiaques. Bien que ces événements indésirables soient rares, restreindre l’accès à ces médicaments est jugé nécessaire pour sensibiliser le public à ces dangers.
A Maurice, le Dr Aswamed Dinassing, directeur général par intérim des services de santé, estime que cette mesure mérite un examen attentif. Cet avis est partagé par Siddique Khodabocus, représentant de l’Association des petits et moyens importateurs de produits pharmaceutiques, et par le pharmacien Arshad Saroar. “En concertation avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), nous déciderons de la marche à suivre : soit interdire la vente de produits contenant de la pseudoéphédrine à Maurice, soit les rendre disponibles uniquement sur ordonnance, comme en France”, a expliqué le Dr Dinassing.
Siddique Khodabocus souligne l’absence de réglementation claire séparant les médicaments en vente libre de ceux nécessitant une ordonnance. Il appelle à une révision de la législation afin de mieux définir ces catégories et d’assurer une meilleure protection des consommateurs. Il rappelle que certains médicaments, comme les psychotropes, sont déjà strictement réglementés par la loi sur les drogues dangereuses. Toutefois, d’autres médicaments ne figurent pas sur cette liste et peuvent être vendus sans ordonnance sous le contrôle d’un pharmacien, conformément à la loi antipoison.
Siddique Khodabocus note que, même lorsqu’ils sont prescrits, ces médicaments peuvent provoquer de graves effets secondaires chez les patients prédisposés. Il souligne le rôle crucial du pharmacien dans ce contexte. « Le pharmacien ne se limite pas à vendre des médicaments, il conseille aussi les patients. C’est pourquoi nous avons demandé l’instauration d’un « service fee », car ce conseil ne peut pas être gratuit », explique-t-il.
Le pharmacien Arshad Saroar observe que l’automédication est une pratique courante à Maurice et appelle à une concertation entre le ministère de la Santé, via la pharmacovigilance, et les parties prenantes pour décider de l’avenir des médicaments contenant de la pseudoéphédrine. Il suggère que leur accès soit conditionné soit par une prescription médicale, soit par l’avis d’un pharmacien. Selon lui, des alternatives existent, et les patients ne devraient pas avoir de difficulté à trouver un traitement adapté à leur condition.
Pour Arshad Saroar, la décision de l’ANSM est avant tout une mesure de sécurité pour les patients.
« Les médicaments contenant de la pseudoéphédrine doivent être utilisés avec prudence, uniquement sur avis médical ou sur avis d’un pharmacien, compte tenu des risques rares mais graves d’effets indésirables. Il est impératif de respecter scrupuleusement ces précautions », précise-t-il.
Les médicaments concernés
- Active Rhume®
- Actifed Froid jour et nuit®
- Dolirhume® Paracétamol et pseudoéphédrine
- Dolirhumepro® Paracétamol, pseudoéphédrine et doxylamine
- Humex Rhume®
- Nurofen Rhume®
- Rhinadvil Cold® Ibuprofène/Pseudoéphédrine
- Rhinadvilcaps Cold® Ibuprofène/Pseudoéphédrine