L’obésité est une maladie chronique qui nécessite une prise en charge multidisciplinaire. Les centres spécialisés regroupent un ensemble de métiers de la santé pour aider les patients, accessibles après des études de médecine ou non. Focus sur ces professionnels aux compétences avancées.
L’obésité est une épidémie croissante dans le monde et la France n’est pas épargnée. Environ 17 % des Français ont un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30. Au-dessus de 35, l’obésité est considérée comme sévère.
A l’origine de cette maladie chronique, causes multifactorielles notamment des prédispositions génétiques, une alimentation trop industrielle et un mode de vie sédentaire, mais aussi un manque de sommeil et des repas irréguliers.
Dans tous les cas, “L’obésité n’est pas une maladie motivationnelle”insiste Pauline Vincent, nutritionniste dans l’unité médico-chirurgicale obésité sévère du CHU de Lille. En clair, « ce n’est pas simplement parce que les patients ne font pas d’exercice et ne mangent pas bien qu’ils sont obèses ».
Complexe, cette maladie nécessite l’association de plusieurs professionnels spécialisés pour des soins efficaces. Ainsi, les patients reçus dans des centres spécialisés bénéficient, entre autres, d’une consultation avec une infirmière faire le point sur leur mode de vie et un entretien avec un psychologue pour évaluer leur image corporelle.
D’autres métiers de santé pour la prise en charge de l’obésité existent également, tour d’horizon.
L’enseignant d’activités physiques adaptées
Dans les centres spécialisés, l’enseignant d’activités physiques adaptées (APA) évalue notamment l’endurance à la marche, la souplesse et la motivation à reprendre une activité physique.
Au centre de Lille, Elodie Guilbert occupe ce poste d’enseignante en APA. Diplômé en 2014 de la Faculté des Sciences du Sport et de l’Éducation Physique de Ronchin (Nord) après une année de tronc commun et une année de spécialisation, elle « a toujours aimé le sport » et a voulu « l’associer à la médecine ».
A 18 ans, « j’ai moi-même été patiente pour une opération chirurgicale et c’est là que j’ai rencontré des professeurs de l’APA qui m’ont fait découvrir le métier », confie-t-elle. Aujourd’hui, son rôle est aussi de permettre à ses patients de redécouvrez le plaisir de bouger avec des disciplines comme la marche nordique ou le pilates.
Le médecin nutritionniste
Le patient rencontre également un médecin nutritionniste comme Pauline Vincent. Si elle a obtenu sa validation des acquis en 2020, elle avait choisi sa voie bien avant. Originaire des Hauts-de-France, elle avait une conscience aiguë de l’ampleur de cette épidémie dans sa région. Puis « c’est mon stage au service médico-chirurgical de l’obésité sévère qui a été la révélation ».
« Mon travail ne consiste pas à évoquer le côté restrictif de l’alimentation. Bien au contraire, nous les éclairons sur le contenu de leur assiette, sans la changerinsiste-t-elle. Ils savent déjà ce qui est recommandé et ont essayé tous les régimes. Cependant, aucun régime restrictif ne fonctionne car il y a toujours un effet rebond et une reprise de poids.
« Nous travaillons sur les sensations alimentaires pour réapprenez à écouter votre faimet sur le comportement pour manger en pleine conscience ». Un travail qui « permet aux patients de s’améliorer au niveau fonctionnel », se réjouit-elle.
Le chirurgien bariatrique
Parmi les praticiens des centres spécialisés, les patients rencontrent également le chirurgien bariatrique. Dans certaines situations, une intervention est recommandée. Cela peut impliquer une opération visant à limiter la capacité d’ingérer de la nourriture en insérant un anneau gastrique ou en retirant une partie de l’estomac.
Claire Blanchard est chef du service de chirurgie bariatrique à l’Institut des Maladies du Système Digestif du CHU de Nantes. Diplômée en 2013, elle a choisi la chirurgie pour son côté « plus manuel ». C’est aussi un « travail exigeant ce qui prend plus de - que d’autres spécialités médicales car on ne peut être bon qu’en opérant souvent.
Ce métier permet à la fois d’être le chef d’orchestre du bloc opératoire et de bénéficier d’un partage d’expérience avec d’autres professionnels car « on ne peut être bon qu’en travaillant en équipe ».
En effet, les patients concernés par ces interventions doivent être suivis pendant au moins six mois avant d’être opérés. Et après l’opération, comme pour les patients qui n’en ont pas bénéficié, le soutien reste « à vie » car face à cette maladie chronique, le risque de rechute demeure toujours », conclut-elle.